Imaginez vous marcher dans la rue et être suivi par un inconnu, ou encore, vous faire accoster et toucher contre votre gré. Si vous regardez autour de vous, vous pourrez par chance tomber sur un commerce, où une étiquette ronde et jaune, vous permettra d’entrer dans cette boutique dite “lieu de refuge”. Sur cette étiquette la phrase “Ici, demandez Angela” y est inscrite. Une fois entrer, vous pourrez demander à parler pour “Angela”, qui est un nom de code, permettant aux commerçants de comprendre directement les vraies raisons de votre présence.
“Angela” s’adresse principalement aux femmes puisque, selon une étude du cabinet Ipsos, “81% des femmes en France ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics”. Pour autant, un homme qui ne se sent pas en sécurité peut bien sûr compter sur les établissements “Angela”, leur principale mission étant de porter assistance et de soutenir toute personne se réfugiant chez eux.
À Toulouse et Blagnac, les commerces dits “lieux de refuges” sont des lieux publics, comme des centres culturels, des salons de coiffure, des bars, ou encore des hôtels. Le personnel de ces différents commerces est formé, pour accueillir les personnes se sentant en danger. Les boutiques disposant du petit macaron rond et jaune l’ont obtenu lors d’une réunion dans leur mairie respective. C’est le cas de Valérie, responsable d’une boutique de vêtements à Blagnac : “J’ai ce petit macaron depuis septembre 2023. Je l’ai obtenu après la réunion d’informations qui a eu lieu le même mois” commence-t-elle. “J’ai accepté de recevoir ce macaron, même si pour moi, étiquette ou pas, il est évident que j’aiderai une personne en danger qui entre dans ma boutique” ajoute-t-elle. Pour d’autres commerces, c’est en faisant la demande sur le site de la mairie, qu’ils ont pu devenir partenaire du dispositif.
« Je ne pense pas que ce dispositif soit assez connu »
Malgré les différentes actions mises en place pour informer et mobiliser les différents commerces à devenir partenaire de ce dispositif, tous ne sont pas au courant. Marie, responsable de production dans une chocolaterie, détentrice de l’étiquette depuis 3 mois, témoigne : “Je n’ai pas l’impression que monsieur et madame tout le monde, ou même d’autres commerces soient au courant. Si je ne travaillais pas dans ce commerce-là, je n’aurais pas su”, commence-t-elle. “En tout cas, je n’ai pas entendu parler de ça ailleurs. Si j’avais été dans un cas où j’aurais eu à demander du secours, je n’aurais pas été au courant du dispositif. C’est une très bonne chose, mais ça doit être connu et pratiqué par plus de commerces” ajoute-t-elle.
C’est aussi le cas de la majorité des Toulousains et Blagnacais. Sylvie, Blagnacaise, regrette qu’”Angela” ne soit pas assez médiatisée, même si pour elle, le dispositif est très bien : “Je pense que l’on devrait en parler un peu plus sur les réseaux sociaux. De nos jours, les gens passent pratiquement tout leur temps dessus. Je pense qu’une publicité à la télé serait une bonne idée aussi. Ça peut également toucher beaucoup de personnes” confie-t-elle. Valérie, responsable d’une boutique blagnacaise confirme en insistant sur le fait que lorsque l’on demande à quelqu’un s’il connaît le dispositif “Angela”, la réponse est souvent négative. “Je pense que cela doit vraiment être médiatisé, afin que l’on sache que cela existe dans plusieurs villes de France. Si les gens ne le savent pas, ils ne pourront pas faire la démarche de se rendre dans un commerce pour se réfugier en cas de soucis”.
La mairie de Blagnac répond à cela en expliquant que le démarchage est en cours. Bientôt, davantage de commerces et d’habitants devraient être au courant de l’existence du nom de code “Angela”.
À noter que depuis la loi du 3 août 2018, le harcèlement de rue est réprimé par l’outrage sexiste et par une amende pouvant aller de 90 à 750 euros.
Retrouvez ici la liste des commerces partenaires (communiquée par la mairie), du dispositif « Angela », dans la commune de Blagnac.