Combien de fois vous a-t-on répété que les jeunes ne s’intéressaient plus à l’actualité ? Que vous étiez tout le temps le nez dans votre téléphone à vous abrutir ? Pourtant, c’est bien dans ce smartphone que la nouvelle génération s’instruit. Selon un dernier sondage du Ministère de la Culture, 71% des 15-34 ans consultent quotidiennement l’actualité via les réseaux sociaux. Ce qui en fait le premier mode d’accès à l’information pour la jeune génération.
Un nouveau désaveu pour les médias traditionnels. En effet, le trio emblématique télévision / radio et presse papier ne semble plus avoir la cote. Un avis qui s’explique selon Jaygan, ancien étudiant désormais au chômage, par un discours inaudible : « Je ne regarde actuellement aucun média à cause de leur manque d’objectivité. Les journalistes ou présentateurs ne sont pas assez impartiaux, on ressent beaucoup trop leur avis et personnellement, j’ai l’impression qu’ils essayent de nous orienter. La seule manière que j’ai de m’informer, c’est par les chaînes de Hugo Décrypte sur YouTube ou Instagram ou encore des vidéos brèves sur les réseaux ». Un ressenti de plus en plus populaire pour cette catégorie d’âge, qui privilégie aussi la rapidité de l’information sur téléphone que le rituel du journal télévisé.
« Le problème de l’information en France, c’est qu’on ne s’est jamais trop soucié du lecteur »
Ce côté pratique qu’offre ce nouveau mode de consommation permet aussi une chose : la vérification des sources. Avec l’émergence des fake news, le lecteur a désormais tendance à vouloir vérifier ce qu’il voit. Une attitude facile à avoir sur téléphone, moins sur les médias traditionnels pense Kaïna, étudiante en psychologie : « Je trouve ce moyen plus fiable contrairement à la télé qui a une réputation de surtout diffuser l’information le plus rapidement possible, pour faire monter l’audimat sans forcément détailler. Sur les réseaux, c’est facile de comparer les informations et de vérifier les sources par soi-même. »
Un autre problème que soulève Pierre, qui vient d’entrer dans la vie active en tant que barman, c’est le côté « old school » de certains formats : « Les journaux et la radio, ce sont des médias dont on n’est pas habituée dans notre génération. Concernant les radios, je ne sais même pas comment les écouter sans avoir une voiture donc je n’écoute jamais. Les journaux papiers, eux, je trouve qu’il y a un côté élitiste entre la place que ça prend et le prix à payer. »
Daniel Fallet, conseiller à la transformation des médias, a vu au fil des années une relation médias consommateurs se détériorer. Par manque d’attention à ses lecteurs, la presse dite traditionnelle a perdu de nombreux habitués, et pas uniquement chez la jeune génération : « L’information en ce moment est moins consultée. Les vus sur les sites internet sont en baisse. C’est peut-être dû à un surplus d’informations. Y en a qui décroche et pas que les jeunes malheureusement. Le problème de l’information en France, c’est qu’on ne s’est jamais trop soucié du lecteur. Pourtant l’objectif premier d’un journaliste reste d’être vu. »
Des solutions trop tardives ?
Pour autant, Daniel ne semble pas fataliste pour les médias. Dans le sillage du Monde, qui a su prendre le virage numérique pour désormais près de 500 000 abonnés en ligne, les grands noms de la presse tricolore veulent trouver une alternative pour parler à cette nouvelle tranche d’âge : « Tous les médias respectifs essayent désormais de faire participer leurs lecteurs dans le choix de leurs sujets. WhatsApp commence à créer des communautés d’informations sur son application. Il faut que les médias arrivent à créer une habitude chez les jeunes, sinon ils courent à leur perte« . Ce nouveau défi, crucial pour les pionniers de l’information, est désormais vital. Sous peine de voir Gutenberg se faire supplanter par Elon Musk.