Pour faire simple, quand un patient doit se rendre à l’hôpital pour un rendez-vous mais qu’une ambulance n’est pas disponible, c’est un taxi qui est envoyé. Mais si le projet de loi est voté, c’est toute la tarification et le contact avec les chauffeurs qui va changer. Du côté des ambulanciers, la situation est différente.
« Ça fait 13 ans que je suis taxi et nous n’avons jamais vu ça » s’indigne Sabine Midoux, chauffeuse de taxi. Juste au pied de le CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie), une cinquantaine de chauffeurs attendent que leur représentant sorte de l’immeuble. Même si l’ambiance est bon enfant, une légère tension reste dans l’atmosphère. Deux policiers sont présents sur les lieux pour éviter tout débordement, des pétards et des fumigènes sont allumés pour exprimer leur mécontentement. Une multitude d’affiches sont collés sur les vitres des véhicules.
« Nous, aujourd’hui, nous sommes là parce qu’on nous propose de signer une convention sans même nous donner les informations », explique la chauffeuse. Le deuxième élément qui inquiète Sabine, c’est la perte de client. « Nous allons devoir passer par une plateforme de réservation. Moi, j’ai mes habitués. J’ai mes petites mamies qui ont l’habitude de me voir », s’inquiète la quarantenaire. En passant par la plateforme de réservation, les chauffeurs craignent de donner leur clientèle à n’importe qui. « Nous allons perdre cette relation privilégiée et ça me chagrine », confie-t-elle. Mais ce qui complique réellement la situation, c’est la potentielle obligation d’un transport sanitaire de deux personnes. « Comment allons-nous faire nous s’il faut aller chercher une personne d’un côté et l’autre à 30 minutes de route ? C’est de l’irrespect pour les patients à ce stade ! »
Du côté des ambulanciers
Pour les ambulanciers, la situation est différente. « Nous ce qui nous inquiète, c’est le financier ». En effet, le transport sanitaire en taxi est jusque-là remboursé par la Sécurité Sociale. Mais avec la proposition de loi, le remboursement ne se ferait que dans le cas où ils seraient deux patients par taxi. « Le problème, c’est que si le patient refuse d’être transporté avec quelqu’un d’autre, son remboursement sera moindre », explique Jérôme D’agro, directeur d’Azur Ambulance. Dans ce cas-là, le transporteur devra demander une « compensation » au client. « Nous allons nous retrouver avec un nombre de contentieux sans précèdent et cela va abîmer notre image », craint le quarantenaire.