« Le gravel est à la croisée des mondes du VTT et du vélo de route », confie Maël Rouanet pour expliquer la « hype » du moment autour de la nouvelle discipline à la mode chez les cyclistes. Née aux Etats-Unis, elle a vu son nombre de pratiquants exploser en France après le confinement lié à la pandémie mondiale de Covid-19. « La route, c’est devenu très dangereux. Tu ne peux pas passer une sortie sans te faire klaxonner ou frôler par une voiture. Le fait d’être en sécurité sur des petits chemins attire de plus en plus de clients. Tout le monde veut s’y mettre. Il n’y a pas de public type. C’est assez étonnant », surenchérit le vendeur du magasin Bouticycle Delprat à Soual dans le Tarn qui a participé en octobre dernier aux Championnats du monde et d’Europe de la nouvelle discipline à la mode chez les cyclistes.
« La sensation d’avoir à la fois un VTT et un vélo de route dans les mains »
Mais alors quelle est la différence entre un gravel et un vélo de route ou même un cyclo-cross ? « Un vélo gravel possède un guidon plus large pour une question de confort et de stabilité pour mieux tenir le guidon. Les pneus sont également plus larges et le cadre est plus élargi, là aussi dans un souci de confort », détaille Jérémie Malinge, technicien cycles et vendeur chez Mondovélo à Carcassonne. Avec un vélo gravel, les cyclistes peuvent emprunter des sentiers, des chemins de terre mais aussi des portions de route en une seule et même sortie. « Les gens ont la sensation d’avoir à la fois un VTT et un vélo de route dans les mains », explique l’Audois, nouvelle recrue du club cycliste de Béziers.
« La limite du gravel est qu’il faut que le terrain s’y prête »
Face à une demande de plus en plus importante de la clientèle, les magasins de vélo se sont forcément mis à la page et vendent de plus en plus de gravel. « Je dirais que 40% des vélos musculaires que nous vendons sont des vélos gravel », estime Maël Rouanet. « En ce moment, en période hivernale, on a tendance à vendre autant de gravel que de vélo de route », constate de son côté Jérémie Malinge. « La limite du gravel est qu’il faut que le terrain s’y prête. En faire uniquement sur la route ne sert à rien. Sur Carcassonne, il y a de quoi faire par exemple. Là où tu te régales le plus, c’est quand il y a des chemins roulants, sans cailloux. Il faut des chemins plus rapides qu’en VTT », ajoute-t-il.
Une ambiance conviviale
Si les courses de gravel se font encore rares en France, bien plus qu’en Espagne par exemple, elles se développent tout de même petit à petit. Pour la deuxième fois de suite, une manche de Coupe du monde est organisée à Millau dans l’Aveyron. « S’il y a des courses régulières, les coursiers vont s’y mettre et ça peut devenir plus attractif que le cyclo-cross », certifie Jérémie Malinge, coureur cycliste licencié au club de Béziers. « Il faut que le milieu de la Fédération Française de Cyclisme accepte le gravel et en fasse la promo », assure de son côté Lise Leromain, membre de l’équipe italienne 3T, première équipe de gravel mixte en Europe, mélangeant professionnels, semi-professionnels et amateurs comme elle. « J’ai écho que de plus en plus de clubs VTT et route s’ouvrent au gravel », se réjouit celle qui a terminé 11e du classement général féminin du Gravel Earth Series et qui assure avoir amélioré sa technique en descente sur la route grâce à sa nouvelle pratique fétiche dont elle vante l’esprit de convivialité : « Je n’avais jamais vu des gens aller boire une bière et manger une côte de bœuf à l’arrivée d’une course de vélo avant le gravel ».