Le loup à la reconquête de son territoire

En France, le loup disparaît totalement du territoire en 1930. C’est à coups de poisons et de fusils que l’Homme a réussi à le faire disparaître de ses forêts et montagnes. Depuis 1992, il est revenu naturellement, par les Alpes et la plaine européenne. Cette réapparition s’accompagne de controverses, entre bergers, éleveurs et écologistes, sur un animal à la fois prédateur et espèce protégée. Pour certains il est symbole de la bestialité alors que pour d’autres, il représente la nature qui reprend ses droits.

Aujourd’hui le loup est présent dans tous les reliefs de France. Des Vosges aux Alpes en rejoignant le Massif central. De plus depuis quelques années « on observe des incursions de loups espagnols dans les Pyrénées » rappelle l’Office Français de la Biodiversité.

En Lozère, les premières attaques de loup avérées dans le département ont été recensées en 2012 sur la Margeride et le causse Méjean. Deux territoires inscrits à l’UNESCO pour l’agropastoralisme méditerranéen. Venu d’Italie, le loup gris se propage rapidement. Aujourd’hui aucune zone géographique du département n’est épargnée, ni aucun type de cheptel.

Pour autant, connaître le nombre exact de loups au sein du département est difficile, car leur nombre fluctue. « En Lozère, les loups sont majoritairement des individus erratiques capables de parcourir entre 80 et 100 kilomètres en une journée. En plus de ces individus isolés, le département compte une meute de 7 individus établie sur le mont Lozère. Sur le département, on peut estimer leur présence, en fonction des périodes, entre 10 et 15 loups quotidiens. Les limites administratives, le loup n’arrive pas à les intégrer. », estime Cédric Giral, le représentant de l’Office Français de la Biodiversité de Lozère (OFB).

Une espèce difficile à repérer

L’OFB a plusieurs rôles, elle est responsable du réseau loup qui se charge essentiellement du suivi du loup en France. Cela se traduit par la collecte de nombreuses traces et indices de présence, de natures multiples. Permettant d’estimer une population et ses variations. Les principaux indices sont : observations visuelles, pièges, photos, empreintes, carcasses de proies sauvages, hurlements, indices biologiques (cadavres de loups, sang, excréments, urine, poils). L’OFB aide aussi les services de l’État en se chargeant des constats de prédation sur bétail en cas d’attaques sur un cheptel. Constats qui servent aussi d’indices traduisant la présence du loup sur un territoire.

La population de loups en France n’a cessé d’augmenter. En seulement 12 ans, le nombre de Canis Lupus est passé, petit à petit, d’une population de 142 à 1096. Dans ce même temps, le nombre de prédations a plus que doublé.

« La nature a horreur du vide, le loup y a retrouvé sa place »

Le loup est revenu et s’est installé en France comme en Lozère pour plusieurs raisons. La première est que « le loup est un opportuniste, comme toutes les espèces animales. S’il est revenu sur ses terres c’est parce qu’il avait des massifs boisés où avaient lieu de nombreux lâchers de bêtes destinées à la chasse. Quand il est arrivé, il a donc trouvé l’ensemble des ressources alimentaires nécessaires à sa survie. La nature a horreur du vide, le loup y a retrouvé sa place et il s’y est réinstallé.» La seconde est due à son statut d’espèce protégée « qui a nettement contribué à un développement rapide de l’espèce. » confie Cédric Giral. Pour autant son retour et son statut d’espèces protégées ne fait pas l’unanimité.

Lucien Labreuil