19H00
La nuit est déjà tombée. Sur la place Arnaud Bernard, quelques lumières sont encore allumées. Parmi ces points de lueurs, le Secours Catholique. À l’intérieur Alex et Pierre, des bénévoles, attendent une étudiante – qui finalement ne viendra pas – pour commencer la maraude. Ils sont une quarantaine toutes les semaines à alterner sur les quatre maraudes de nuit. L’objectif : apporter des biens de première nécessité et du réconfort aux personnes sans-abri. “On se sert des denrées pour entrer en contact avec eux mais ce qu’on recherche vraiment c’est de créer un lien pour les aider au mieux” déclare Alex avant de poursuivre : “Personnellement c’est ce qui m’a aidé à m’en sortir quand j’étais dans leur situation”. Depuis un an et demi, le trentenaire est bénévole au Secours Catholique et a rapidement grimper les échelons. Il est désormais responsable des maraudes.
19H32
C’est d’ailleurs l’heure d’aller parcourir les rues de Toulouse. En premier lieu, Alex contacte le 115 pour être mis en relation avec des personnes à la rue les ayant appelé. Il note toutes les informations nécessaires puis place au chargement du camion. Bouteilles d’eau, sandwichs, kits d’hygiène, couverture, etc : tout est mis dans le coffre et c’est le départ. Premier arrêt à Bagatelle, à la rencontre d’une mère et sa fille. Arrivée en France depuis plusieurs mois, Zora nous raconte la difficulté à joindre le 115 et à trouver un logement. “Je les ai contactés 540 fois aujourd’hui et il m’ont seulement répondu ce soir” confie-t-elle. Jumana, sa fille, continue “ On nous dit d’appeler le matin pour espérer avoir un hébergement mais y’a jamais de place”. Nous remontons dans le camion le cœur lourd après avoir appris que Jumana fêtait ses 12 ans aujourd’hui.
21H00
Un autre appel du 115 : “On a une famille avec quatre enfants au niveau de Saint-Cyprien. Ils demandent en priorité de la soupe et des couvertures”. Alex rentre l’adresse dans le GPS et nous partons à leur rencontre. À notre arrivée, nous sommes accueillis par une enfant de 13 ans, Sounia. Sourire aux lèvres, elle s’approche de nous pour récupérer sa soupe encore fumante et très importante à ses yeux. Cette bonne humeur partagée nous a réconforté. Une fois dans le camion, Alex nous confie que cet état d’esprit ne durera malheureusement pas. Et le bénévole parle en connaissance de cause car lui-même passé par la rue et accompagnant le Secours Catholique depuis 1 an et demi, il a lié des liens avec certains d’entre eux et comprend ce sentiment. “Je croise une quinzaine de personnes par soir et le plus important c’est de prendre le temps avec eux. De les comprendre, de les entendre”.
00H00
La maraude touche à sa fin. La fatigue se fait ressentir et il est l’heure de rentrer pour ranger les denrées restantes. Le chemin du retour se fait dans le silence, chacun digérant les émotions de la soirée.
Malgré le froid qui persiste, le Préfet de la Haute-Garonne n’a toujours pas déclenché le plan Grand Froid alors que certains départements du Nord l’ont déjà mis en place.