Mardi 9 janvier dans l’après-midi, plusieurs individus armés et cagoulés ont pénétré sur le plateau de la chaîne publique TC Television dans la ville de Guayaquil (sud-ouest de l’Equateur). En plein direct, les différents employés de la chaîne sont pris en otage et sommés de se mettre au sol alors que plusieurs coups de feu retentissent dans les locaux. Sur les images diffusées en direct et relayées par les réseaux sociaux, les assaillants multiplient les signes de gangs, signes de reconnaissances des bandes liées au narcotrafic. Malgré l’intervention des forces de l’ordre plusieurs minutes plus tard et l’absence de blessés ou de tués lors de l’attaque, cette prise d’otage résonne comme le véritable point d’orgue d’une crise sécuritaire dont le pays peine à se dépêtrer. Selon un premier rapport de police, au moins 10 morts ont été recensés suite aux violences dans la journée de mardi.
Des scènes de chaos
Depuis trois jours, les incidents se multiplient et les images diffusées sur les réseaux sociaux, bien que difficilement vérifiables, donnent une idée du climat de terreur actuel. De nombreuses mutineries ont eu lieu dans les prisons, entraînant l’évasion de plusieurs chefs de gangs ainsi que l’assassinat et l’enlèvement de plusieurs policiers et gardiens de prison. Sur les images, les attaques au cocktail molotov, les tirs au hasard sur les policiers et les scènes de panique se succèdent plongeant tout le pays dans un état de peur et d’alerte sans précédent. Submergé par la violence des cartels, le pays lutte depuis de longs mois face à un ennemi interne qui ne cesse de se renforcer. Dimanche, c’est l’évasion d’Adolfo “Fito” Macias qui a déclenché l’état de crise. L’homme de 44 ans, chef du gang des Choneros qui compterait jusqu’à 8 000 membres, est souvent décrit comme l’ennemi public numéro un en Equateur. Ce dernier est d’ailleurs soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat de Fernando Villavicencio, l’un des huit candidats à l’éléction présidentielle du pays, en août dernier.
L’Exécutif dépassé par la violence des cartels
Le président de l’Equateur, Daniel Noboa, avait déclaré ce lundi l’état d’urgence et ordonné la “neutralisation” des groupes criminels impliqués dans le narcotrafic. Ce dernier, qui avait été élu après une campagne basée sur la promesse de rétablir la sécurité vient d’essuyer un nouveau camouflet. Le pays semble désormais être complètement tombé aux mains des narcotrafiquants et est devenu en quelques années une plateforme logistique majeure de l’exportation de cocaïne en direction des Etats-Unis et de l’Europe. Entre 2018 et 2023, le nombre d’homicides y a augmenté de près de 800%, passant de 6 à 46 pour 100 000 habitants.