Au sud de Toulouse, Villeneuve-Tolosane a pris de nouvelles résolutions en ce début d’année 2024.
Dans un communiqué, le maire Romain Vaillant déclare « Nous avions à cœur de mettre en place le congé menstruel, un sujet qui est encore trop souvent un tabou, alors même que 61% des agents de la fonction territoriale sont des femmes ».
Ce dispositif concerne toutes celles qui souffrent de menstruations incapacitantes, attestée par un gynécologue ou une sage-femme. Les agents concernés pourront être excusés jusqu’à deux jours par mois sans que cela soit décompté comme un congé maladie.
Selon une étude menée par OpinionWay en 2021, 35% des femmes salariées déclarent que leurs douleurs menstruelles impactent négativement leur travail.
« Je ne tiens même pas debout »
C’est notamment le cas de Imogène, alternante en communication qui a chaque mois “une douleur handicapante”. “Il y a des moments où je suis complètement pliée en deux par la douleur, je n’arrive même pas à tenir debout”, confie l’étudiante. La jeune femme s’estime toutefois chanceuse car son employeur lui accorde du télétravail dans ces moments difficiles.
D’autres n’ont pas cette chance. C’est le cas de Romane qui souffre de règles douloureuses avec des symptômes de nausées, de migraines ophtalmiques et de crampes. Cette situation l’a déjà obligée à plusieurs reprises à manquer des cours. L’étudiante est allée jusqu’à acheter des patchs chauffants pour tenter d’atténuer sa douleur. “Je travaille le samedi en accueil dans un bureau de poste, mais mes règles peuvent parfois être vraiment handicapantes. C’est difficile de garder le sourire face à un client quand on souffre comme ça”.
Les deux jeunes femmes sont unanimes, “la mise en place d’un congé menstruel aiderait énormément de personnes”.
Bilan pour Saint-Ouen
Si la mairie de Villeneuve-Tolosane vient de mettre cette mesure en place, dans la région Seine-Saint-Denis, à Saint-Ouen, le congé menstruel est en vigueur depuis le 27 mars 2023. Dix mois plus tard, il est temps de faire un bilan. Parmi les 840 agents de la municipalité, 212 ont des règles douloureuses et 30 se sont signalées à la médecine du travail.
Quatre scénarios s’offrent à elles. Elles peuvent, comme à Toulouse, poser jusqu’à 2 jours de congés par mois sans impact sur leurs salaires. La mairie propose également un aménagement du poste de travail ou de l’emploi du temps. Enfin, l’accès au télétravail est facilité.
En bref, la France reste en retard dans ce domaine. Nos voisins espagnols ont adopté une loi créant un congé menstruel en février dernier. Cette mesure est déjà en vigueur dans d’autres pays du monde, comme le Japon, l’Indonésie ou la Zambie.
En France, une proposition de loi a été déposée le 26 mai 2023 par les députés écologistes, à suivre…
