À 20 ans, Marine, saisonnière, est de retour sur les bancs de l’école. Elle est serveuse pour la deuxième année consécutive au restaurant La Récréation. Ludovic et Maria accueillent chaque année une petite dizaine de saisonniers dans leur restaurant atypique – dans une ancienne école de l’entre-deux-guerres.
La jeunesse en première ligne
Originaire du Lot, Marine étudie l’optique à Bordeaux. Elle profite de l’été pour travailler, se faire un peu d’argent et surtout rentrer voir sa famille. “Je reviens à La Récréation parce que j’ai eu une bonne expérience ici l’an dernier, puis ça me permet de faire une coupure avec ma vie à Bordeaux.” témoigne la jeune saisonnière. “Et puis, il n’y a pas de logement à payer, je suis chez mes parents et ça me permet de retrouver les saisonniers de l’été dernier”.
Depuis 13 ans, à La Récréation aux Arques, dans Le Lot, des saisonniers entre 20 ans et 25 ans sont embauchés. “On essaye de trouver des gens du métier, sinon on recrute des étudiants de tout secteur”, affirme Ludovic, propriétaire du
restaurant. Ici, les premiers saisonniers arrivent au mois d’avril-mai et ils s’en vont à la mi-octobre. « C’est juste impossible de ne pas embaucher de saisonniers » s’exclame le responsable. Le travail saisonnier permet de compenser l’absence des salariés partis en congé mais aussi d’être prêt face à une activité estivale dense.
Un bon compromis
Cette année, sept saisonniers sont recrutés à La Récréation. Certains sont des habitués, “on fait tout pour que nos saisonniers reviennent les années d’après. Ça passe par du relationnel et une bonne rémunération » témoigne le chef d’établissement. En effet, Marine et ses camarades sont payés 2000 euros net par mois. Leurs salaires peuvent évoluer en fonction des heures supplémentaires effectuées. Marine est en CDD Saisonnier les mois de juillet-août. Aucun diplôme, ni qualification particulière n’est requise : « ce qui compte c’est d’être polyvalent, motivé et surtout pas fainéant ». La jeune femme travaille six jours sur sept (pas les mercredis). Ses horaires : 10h – 15h30, pour le service du déjeuner, une pause, 18h – 23h30, pour le service du diner.
Malgré des semaines chargées, Marine se sent gagnante « être saisonnier, c’est un bon plan qui permet de se faire un peu de sous et de l’expérience ». À l’école, pas d’uniforme, les saisonniers ont pour seule instruction de ne pas porter de jean. Des salles de classe, une cour de récréation transformée en jardin fleuri, où l’on déguste un bon repas sous les marronniers et les platanes. Les saisonniers peuvent eux aussi profiter de la cuisine raffinée du restaurant.
Chiffres clés : les saisonniers en Occitanie
En Occitanie, L’Insee compte près de 200 000 saisonniers. Cuisiniers, serveurs, commis de cuisine… Plus de la moitié des emplois sont à pourvoir dans les restaurants et les bars. Viennent ensuite les postes de travail dans l’hôtellerie, résidences de vacances et campings. Toujours selon l’Insee, 42% de ces salariés ont moins de 25 ans et seulement 16% ont plus de 50 ans.
L’emploi saisonnier représente 7,7% des postes du secteur privé hors contrats d’intérim. Au total, 23 millions d’heures saisonnières sur la région, 1,3% contre 0,8% en France. La région se classe au troisième rang derrière la Corse et la région Provence-Alpes-Cotes d’Azur. Malgré le recours à des emplois saisonniers sur tout le territoire occitan, leur poids varie d’une zone à l’autre : un quart des emplois sont saisonniers à Agde-Pezenas alors qu’il y en a quasiment pas à Castres-Mazamet.