Toulouse manque d’eau. Un fait qui se remarque rapidement au vu du niveau de la Garonne. Les Toulousains ont pu constater l’apparition des rochers et de petits îlots de terre au milieu du fleuve qui a le même niveau qu’un mois de juillet. Une situation qui n’est pas alarmante en plein été mais qui inquiète au beau milieu de l’hiver.
« On avait un débit de l’ordre de 50 m3 par seconde dans la Garonne début janvier. C’est le tiers de ce qu’il devrait être à cette période. C’est un débit que l’on observe normalement fin juin ou début juillet », détaille Bernard Leroy, chef de projet du syndicat mixte d’étude et d’aménagement de la Garonne (Smeag).
En charge de la surveillance de la Garonne qui fournit en eau potable des millions de personnes, des industries ainsi que des installations hydroélectriques et aux agriculteurs, le Smeag a également la tâche de réguler le niveau de l’eau du fleuve en période d’étiage [NDLR: réapprovisionnement en eau]. Une période qui a d’ailleurs était prolongée jusqu’au mois de novembre, soit un mois de plus qu’à l’accoutumé. « On a franchi les records historiques pour un mois de février », rajoute Bernard Leroy « mais normalement cela devrait remonter car il y a de la neige en altitude, avec la chaleur qu’il fait en ce moment en montagne, le niveau de l’eau va donc remonter. Cependant, il ne faut pas que la neige fonde trop rapidement non plus car le manteau neigeux n’est pas encore assez dense ».
Toulouse assoiffée
Le manque de pluie additionné aux températures trop douces pour la saison empêche les sols et nappes phréatiques de se recharger. Le bilan annuel pluviométrique en Occitanie est alarmant. Le site Météo Pyrénées, a comparé les tombées d’eau d’Occitanie à celle de pays connu pour être plus aride. Toulouse a enregistré moins de pluie (395mm) que Tunis (444mm).
Des chiffres marquants qui démontrent la sécheresse hivernale que subit la Ville rose.
Le déficit pluviométrique annuel de 2022 (pas de pluie de prévue d’ici samedi):
— Météo Pyrénées (@Meteo_Pyrenees) December 28, 2022
Pau -16% (-175mm)
Biarritz -21% (-310mm)
Tarbes -30% (-318mm)
Toulouse -38% (-242mm)
Perpignan -45% (-250mm)
Mérens les Vals -310mm pic.twitter.com/nNUEbpGsYa
Le déficit de pluie de 2022 à Toulouse est de 38% comparé à 2021. On enregistre également – 45% à Perpignan et – 30% à Tarbes. La Ville rose a battu un record en 2022, avec seulement 59 jours de pluie. Le dernier daté de 1989, où seulement 68 jours de pluie avait été enregistré par Météo-France.
Cette sécheresse hivernale a bien évidemment des conséquences. Des restrictions de prélèvement d’eau sont toujours en cours dans six départements d’Occitanie dont la Haute-Garonne.
Une sécheresse historique
L’année 2022 a été la troisième année la plus sèche de l’histoire en Haute-Garonne d’après Météo France. « Il y a eu 600 millimètres de précipitations alors que normalement on enregistre environ 830 millimètres. Ce qui correspond à un déficit de 20% cette année. En comparaison l’année dernière, à la même période, on était en excédent », analyse Simon Mittelberger, climatologue à Météo France.
Ce manque de pluie n’est pas le seul problème qui explique cette sécheresse hivernale dont fait fasse Toulouse et ses environs. Les températures douces de cet hiver sont, elles-aussi, en partie responsables. Elles ont atteint des records dans la région en 2022 et notamment cet hiver. D’après Météo France l’année 2022 en Haute-Garonne a été l’année la plus chaude enregistrée.
Mais il reste un point positif, selon Simon Mittelberger, « il est encore possible de renflouer les nappes phréatiques. S’il neige beaucoup dans les Pyrénées et qu’il pleut en pleine, les réserves d’eau pourront se remplir de nouveau. Il faudrait cependant des précipitations longues et fortes pour pouvoir atteindre un niveau normal pour la saison », nuance le spécialiste ».
Une note encourageante donc pour retrouver des niveaux d’eau acceptable d’ici à cet été.