Il est le club le plus titré de la région en sport collectif parasport, et pourtant, il a encore du mal à se faire connaître du grand public : c’est le Toulouse Iron Club. Fondé en 1977 sous le nom de Toulouse Invalide Club, depuis 2013, l’équipe se fait appeler le Toulouse Iron Club (TIC). Aujourd’hui, le TIC aligne deux équipes. L’équipe Excellence qui évolue au plus haut échelon national et qui participe presque chaque année à des compétitions européennes. Puis l’équipe 2, qui évolue en national 3, la quatrième division de basket fauteuil.
Une pratique qui peine à se développer à Toulouse
Tout d’abord, le basket fauteuil, qu’est-ce que c’est ? « C’est du basket, mais en fauteuil », plaisante Jean-Pierre Louradour, le président du Toulouse Iron Club. Et pourtant, ce n’est pas si faux, puisque les règles sont quasiment toutes les mêmes. La superficie du terrain est la même, la hauteur du panier également. La seule variante concerne la reprise de dribble.
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Mais alors, une fois que l’on connaît les règles, pourquoi le double vainqueur du championnat de France et détenteur de trois Coupes de France ne parvient pas à faire son trou ? Pour Jean-Pierre Louradour, la réponse est simple : « On manque de visibilité médiatique et nous ne sommes pas pris au sérieux par les instances. » Et quand le président évoque ce manque de considération, il aborde le fait qu’à chaque fois que l’on parle du TIC, c’est pour l’aspect social et non pour l’aspect sportif.
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Pourtant, la mairie tente de s’intégrer au mieux dans la pratique des parasports. Julie Pharamond, conseillère municipale déléguée en charge des clubs sportifs amateurs et de l’handisport à Toulouse, témoigne : « Le sport en général est reconnu en tant que facteur d’insertion sociale donc pour nous l’objectif est évidemment que les personnes qui pratiquent des sports adaptés gagnent en épanouissement personnel. »
Une équipe de haut niveau pour des athlètes amateurs
Gaëtan Routaboul est pivot dans l’équipe 1, et lorsqu’on lui demande s’il se considère comme un sportif de haut niveau, il répond du tac au tac : « non non, pas du tout « . Et pourtant, cela fait plus de dix ans qu’il pratique, et il voit son sport se transformer : « l’Handi basket a évolué, on est passé à une semi professionnalisation. » Malheureusement, à Toulouse, ce virage vers la professionnalisation est, pour l’instant, impossible. « Nous avons tous un travail à côté et nous ne sommes pas payés pour jouer comme dans certains autres clubs » ajoute Gaëtan. De plus, avec deux entraînements par semaine, une professionnalisation de l’équipe voudrait dire plus de temps consacré au basket et ce n’est pas possible pour tout le monde.
Pourtant, pour Gaëtan, le sport est une vraie échappatoire, lui qui jouait déjà au basket avant son accident, il avait la volonté de vite reprendre le sport même sans sa jambe droite : « au-delà de la passion pour le basket, ça permet d’évacuer le stress du travail et de la vie de tous les jours.” Son aventure au TIC lui a aussi permis de voyager, plus qu’il ne l’aurait imaginé : « Italie, Espagne, Turquie, Allemagne ou Angleterre, ce sont de bons souvenirs de coupe d’Europe que je n’aurai jamais imaginé lorsque j’ai commencé », avoue-t-il.
Un manque de moyens et de visibilité
Les 10 et 11 mars prochains, le Toulouse Iron Club, accueillera au Petit Palais des Sports de Toulouse, le tour préliminaire de l’Eurocup 2. L’occasion pour le club de gagner en visibilité, eux qui disputent en moyenne leurs rencontres devant 50 à 100 personnes. Et pourtant, l’entrée est totalement gratuite pour venir les encourager. Un sacrifice financier, pour essayer de se faire connaître, et des rentrées d’argent qui se font essentiellement grâce aux partenariats privés qui, depuis la crise Covid, se font rares pour le club parasportif de basket.
Et c’est le même constat pour les autres clubs parasportifs. Christian est membre du bureau de l’A.S.E.I Club Sport Adapté. Pour lui, le problème vient de l’accompagnement des personnes en situation de handicap : « La pratique et la sensibilisation de l’handisport sont surtout importantes dans le scolaire. Et il est vrai qu’ensuite, c’est plus compliqué de trouver une structure adaptée. C’est pourquoi il est important de mettre en avant les clubs et les structures qui fonctionnent bien à Toulouse. »
Un manque de visibilité, couplé à des problématiques différentes des sports valides, Jean-Pierre Louradour s’inquiète de la suite pour le club : « On est moins subventionné que les autres clubs, nos déplacements sont compliqués puisqu’il faut transporter nos fauteuils de matchs, et l’on risque de perdre aussi le Petit Palais des Sports pour retourner dans une salle qui n’est pas du tout adaptée. » Un casse-tête permanent que la municipalité tente tout de même de changer : « On essaie de faire de notre mieux, nous avons presque 550 équipements sportifs à Toulouse, on est dans le top 3 en France, donc il faut travailler pour que tout le monde s’y retrouve », conclue Julie Pharamond.