Vous avez surement déjà entendu quelqu’un parler occitan. Au détour d’une station de métro par exemple ou encore en lisant le nom d’une plaque de la ville. Dans la Ville rose, l’occitan et sa culture prennent une place non négligeable dans le décor toulousain. C’est une langue latine parlée dans plus de cinq régions françaises. En 2020, une enquête de grande envergure faite par l’office publique pour la langue occitane estime qu’environ 7% de la population de la Nouvelle Aquitaine et de la région Occitanie parle la langue. Soit environ 540 000 locuteurs.
C’est au cœur de la ville, dans le quartier d’Esquirol qu’on peut retrouver un site associatif appelé l’Ostal d’Occitania (la maison de l’Occitanie). Ce lieu englobe environ 80 à 90 associations. On peut dire que c’est un peu une vitrine de la langue et de sa culture. L’Ostal d’Occitania propose de nombreux évènements pour faire découvrir l’occitan au plus grand nombre de curieux, qu’ils soient déjà initiés ou pas. « Des expositions sont organisées chaque mois afin de donner un peu de visibilité à des artistes locaux ou à ceux qui ont une démarche en lien avec la culture occitane », détaille Laëtitia Maux, chargée d’accueil, de programmation culturelle et de communication au sein de la maison de l’Occitanie. Au-delà de ça, tous les jeudis sont organisés des évènements en occitan à la portée des français. On peut aussi se rendre à des concerts, des conférences, des dédicaces de livres, du théâtre ou même des vernissages. « Les évènements sont toujours gratuits et accessibles au public ne parlant pas occitan, on veut faire rayonner la culture pour un maximum de gens, ça implique de se faire comprendre par tout le monde », explique-t-elle.
Une ouverture sur l’écologie
L’écologie est également un aspect qui tient une place importante pour l’Ostal d’Occitania : le jour de la Saint Jean (24 juin), des évènements sont mis en place. Pour l’occasion, le jardin des plantes sera occupé par l’Ostal d’Occitania et le collectif Green Pink. Un moment pour la « Convivéncia », (bien vivre ensemble) qui « permet aux jeunes des quartiers toulousains de comprendre leur histoire, de connaître les différents acteurs des associations occitanes et surtout qu’ils sachent pourquoi nous parlons occitan et ce que ça apporte ». Un bon nombre de personnes ne se doute pas que l’occitan soit présent dans autant de lieux en France, en Espagne mais aussi dans les alpes italiennes.
Un moment de sensibilisation pour l’environnement et l’occitan, deux thèmes liés selon Laëtitia. « On veut faire en sorte que l’occitan ait un avenir plus radieux que ce qu’il ait aujourd’hui, tout comme l’environnement. L’occitan est ancré dans le sol et permet de se rendre compte de la fragilité de l’environnement et de sa nécessaire préservation ».
Les plus jeunes apprennent l’occitan
À Toulouse, les écoles bilingues entre le occitan/français sont bel et bien présentes. Les Calandretas de Garoneta, par exemple, se déplacent parfois sur le site de la maison de l’Occitanie afin de faire une visite historique du bâtiment et de ses cours, le tout en Occitan et adaptée à l’âge des enfants, bien sûr. Étant passionnée par les contes traditionnels, Laëtitia a parfois le temps d’en transmettre aux enfants, une activité ludique qui permet d’agrandir le vocabulaire occitan des jeunes présents sur place. Au delà de l’école primaire, secondaire et du lycée, la faculté de Toulouse Jean Jaurès porte en son sein un cursus complet allant jusqu’au master. Les objectifs sont de former des spécialistes de la langue et de la culture occitanes, avec des débouchés professionnels dans l’enseignement, la culture ou encore la traduction.
Un lieu d’exception
L’accueil possède un plafond pile dans le thème de l’occitan puisque en y regardant de plus près on peut apercevoir la forme de la croix occitane, comme sur la place du capitole. De plus, l’édifice est une ancienne bâtisse qui regroupe en son sein de nombreux lieux adaptés à la culture occitane. On peut commencer avec la librairie « La Tuta d’Oc », qui propose donc des livres en occitan mais aussi en français, sans compter les DVD, CD et autres produits dérivés. Selon le propriétaire de cette dernière « les clients seraient de plus en plus jeunes. Le public est de plus en plus curieux, on vend beaucoup de livres pour apprendre à parler occitan ».
Le restaurant ouvert sur les cours intérieures permet de découvrir un autre pan de la culture occitane, celle de la gastronomie. La radio de l’ostal, « Esprit Occitanie » propose aussi un programme de podcasts généralistes et culturels. La musique, la poésie, l’économie, l’innovation ou encore la politique entre autres, font partis des nombreux thèmes abordés afin de mettre en lumière cette riche culture. Sans oublier que les locaux sont eux aussi pour leur part remplis d’histoire puisqu’ils datent du XV ème siècle.
Visiter la ville en occitan
Pour les plus férus d’entre vous qui souhaitent visiter la ville de Toulouse en découvrant l’histoire toulousaine et son lien avec la culture occitane, c’est possible ! L’office du tourisme a mis en place depuis quelques années un moyen pour découvrir la place de l’occitan au sein de la Ville rose. Des guides sont formés sur l’histoire du patrimoine et l’évolution de ce dernier. Le master « EvÒc » permet de poursuivre un cursus spécialisé dans les études et la valorisation du patrimoine occitan. Les étudiants peuvent donc, également, animer ces visites. C’est le cas de Jùlia qui est en première année de master. « Depuis cette année j’ai la chance de pouvoir faire visiter la ville et faire découvrir ses origines occitanes. Il y a un large public, beaucoup de jeunes et de familles qui assistent à ces visites. Ils sont curieux donc c’est un échange assez fluide et enrichissant des deux cotés ». La langue occitane s’impose donc à Toulouse comme une richesse culturelle avec tous les aspects que cela peut engendrer.