Dans les pelotons, il a toujours été bien rare d’observer la montée en puissance d’un jeune jockey dont le nom ne dit rien aux personnes du milieu. Bien souvent, on croise les mêmes noms de génération en génération, les familles Bazire, Abrivard ou encore Allaire font partie des exemples les plus parlants. Une réalité qui donne un peu plus de valeur à la réussite de certains jockeys qui ne sont absolument pas issus du milieu et ont pour autant réussi à faire leur trou dans l’impitoyable milieu des courses.
Guillaume Martin, la valeur montante
Même si son père était driver amateur, Guillaume Martin n’a pas grand-chose à voir avec ce milieu à la base. Il est le premier de sa famille à être passé par une école de chevaux. Dès ses 13-14 ans, il commence à monter des chevaux chez l’un des plus grands jockeys maintenant installé comme entraîneur, Yves Dreux. Il remporte sa première victoire le 19 septembre 2010 sur le petit hippodrome mayennais de Saint-Ouen des Toits. Il obtient un an plus tard sa première victoire dans le Temple du Trot, sur l’hippodrome de Paris Vincennes, un cap important dans une carrière.
Il obtient sa plus belle victoire le 26 septembre 2021, en selle sur Girly Beco dans le Prix des Elites, labellisé Groupe 1, la plus haute distinction. Une victoire qui montre une progression régulière depuis plusieurs années et démontre que même issu d’un autre milieu que les courses, faire son trou est possible.
« Sur le coup, je n’étais pas sûr d’avoir gagné, il n’y avait pas grand-chose au poteau « rires ». Mais au final, c’est passé. J’ai mis un moment à réaliser, c’est assez dingue, les planètes étaient alignées. On se rend compte dans ces moments qu’il n’y qu’une seule chose qui est plus importante que tout, c’est le travail et la persévérance ».
En 2022, Guillaume Martin a terminé à la 21e place du classement combiné (résultats au trot attelé et monté combiné) avec 22 % de réussite dans les 3 premiers et pas moins de 73 victoires en 681 courses. « Mon but sera de continuer comme l’année dernière et de faire encore mieux. Ce serait super de pouvoir battre mon record personnel ».
Clement Frecelle, la valeur sûre
Si l’on devait résumer en un seul mot la vie de Clement Frecelle, ce serait la Passion avec un grand P. Pas du tout issu du monde hippique, il s’est pourtant passionné dès le plus jeune âge pour les courses, toutes disciplines confondues. Sa première victoire, il la signe sur le petit hippodrome de la Roche-sur-Yon le 5 août 2007 dans une discipline du trot monté qui lui réussira tout le long de sa carrière.
Si dans un premier temps, il a travaillé uniquement avec les trotteurs, Clement travaille également avec les galopeurs. Le matin, il est jockey d’entraînement chez Alain Couétil (entraîneurs de galopeurs) et se rend l’après-midi sur les hippodromes pour driver et monter des trotteurs.
« J’ai fait un lycée agricole puis j’ai travaillé chez différents entraîneurs, je suis resté 7 ans chez le même patron et cela m’a appris la discipline. C’était top, c’est ce qui m’a permis d’avoir aujourd’hui ce mode de fonctionnement. C’est une organisation, c’est sûr, mais je ne vais pas me plaindre. Mon emploi du temps est parfaitement calé en fonction de mes montes en course. On ne va pas se plaindre, c’est pour cela que l’on fait ce métier. Mr Couétil est très compréhensible et me laisse m’organiser ».
À côté de ses montes, le professionnel possède également un élevage de pur-sang, ce qui remplit les rares trous dans son emploi du temps. Aujourd’hui titulaire de 387 victoires en carrière, le jockey freelance compte bien continuer ainsi et a déjà signé 5 victoires en 2023.
Clement Frecelle est sur le devant de la scène depuis deux ans maintenant et l’avènement de son duo avec le cheval Diamant de Tréabat. Une association qui lui a permis de signer certaines de ses plus belles victoires dans le Temple du Trot. « Au début, ce n’était pas évident, il avait du tempérament, mais une fois la machine lancée, on a pris énormément de plaisir dans des courses d’un très bon niveau ».
Des nouveaux arrivants bien trop rares
Même si les exemples ne manquent pas, les jockeys, drivers, où même entraîneurs qui ne sont pas issus du sérail sont bien trop peu nombreux dans ce milieu très fermé. Pour l’exemple, il suffit de prendre le classement des meilleurs jockeys, presque la totalité ont un nom de famille bien connu dans le milieu des courses. Par exemple, le lauréat de l’Étrier d’Or 2022, se nomme Mathieu Mottier, fils et petit fils d’entraîneur de chevaux de courses.
Mais cette réalité n’est pas difficile à expliquer. Lorsque l’on grandit dans un milieu en particulier, il est beaucoup plus probable de se passionner pour celui-ci et de se professionnaliser. Souvent, les structures familiales comme les Duvaldestin ou Abrivard sont une rampe de lancement idéale. Une aide dont les jeunes non-issus du milieu ne peuvent bénéficier dans un premier temps. Des solutions sont mises en place notamment avec les écoles AFASEC installées à travers la France pour apprendre aux jeunes les métiers liés à l’hippisme.