Décryptage : La mer de glace de l’Arctique ne se reconstitue pas, bien au contraire !

Christophe Cassou, auteur du GIEC répond à cette fake news. crédit photo : Baptiste Buisson
Depuis des années, les rapports scientifiques montrent que la fonte de la banquise arctique est l'une des conséquences déjà perceptibles du dérèglement climatique. Seulement, de nombreux articles diffusés sur les réseaux sociaux assurent que "la glace de la mer arctique" s'est "reconstituée très rapidement au cours des dernières années", ce qui annoncerait la fin du dérèglement climatique.

Attention fake news ! A contrario, la tendance est, depuis les années 1980, à la baisse concernant le niveau de la banquise en mer arctique. Explication avec Christophe Cassou, scientifique du GIEC.

« La banquise Arctique s’est reconstituée très rapidement, au point de défier toutes les prévisions des «catastrophistes» du réchauffement climatique. »
Cela parait absurde à lire, et pourtant c’est bien vrai. Un tweet partagé plus de 900 fois depuis le 15 janvier dernier. Absurde lorsque les connaissances en la matière sont formelles. Le dérèglement climatique est là, et continue de s’accentuer. 

Il est inclus le lien d’un article : « Le rétablissement spectaculaire des glaciers des mers mondiales déconcerte les catastrophistes du « réchauffement climatique » qui se sont trompés sur leurs prévisions », une page d’un blog partagé plus de 2 100 fois sur Facebook. Pour l’auteur de l’article, la science correspond au doute : « Le consensus n’est pas de la science mais de la politique.»

Cet article amateur s’appuie sur des graphiques utilisant des données mal interprétées, pour parvenir à une conclusion trompeuse, interpelle Christophe Cassou. 

« La loi de Brandolini ou le principe d’asymétrie du baratin est un défi pour nous scientifiques » ajoute le scientifique toulousain abasourdi par les propos incohérents émis. 

« Entre 1991 et 2016, les océans se sont réchauffés en moyenne, chaque année, de 60 % de plus que ne l’avait estimé le GIEC. » 

Selon les chiffres apportés par Christophe Cassou, plus de 90 % de la chaleur piégée par les gaz à effet de serre vient, in fine, réchauffer les océans, la calotte glaciaire va continuer à fondre et la glace, à reculer de plus en plus vite. La surface estivale de la banquise polaire est passée de dix millions de kilomètres carrés au début des années 1980 à moins de quatre millions aujourd’hui. 

En 30 ans, les preuves scientifiques que l’activité humaine altère le climat via les émissions de CO2, notamment, sont devenues irréfutables. Dans son sixième rapport, le GIEC rappelle l’urgence à agir face au réchauffement global et brosse un portrait sans concession de l’action humaine sur le climat. Malgré ce consensus scientifique, les populations de plusieurs pays doutent encore de la réalité du réchauffement climatique ou de son origine humaine, et ne mesurent pas l’ampleur du risque. Comme de nombreux sujets sur Internet, le climat est soumis à la désinformation. 

Lutter contre la désinformation climatique : le défi de chacun 

Climato scepticisme, minimisation des impacts, déni climatique : la désinformation inonde les réseaux sociaux, faisant d’internet un gouffre à idées reçues. En France, 43 % de la population est climato-sceptique, selon une récente étude de l’OCDE sur le niveau de connaissance du changement climatique. 

« Tout d’abord, il ne faut pas confondre climat et météo » commence à expliquer le scientifique toulousain. Dans son explication, Christophe Cassou affirme que la météo correspond au « temps » qu’il fait à un instant précis ou sur une courte période. Le climat, en revanche, s’étudie sur des périodes d’au moins 30 ans, et jusqu’à l’échelle du siècle, du millénaire voire beaucoup plus lorsqu’on étudie les climats du passé !

«Le défi aujourd’hui est celui d’hier, c’est celui de s’informer avec les sources sûr », prône le scientifique. « Il est nécessaire aujourd’hui d’abolir la remise en cause des résultats… » Le doute est au fondement de toute démarche scientifique, mais réfuter des recherches fondées révèle d’une méfiance globale. Ce scepticisme culturel, propre à la science, se retourne alors contre elle. 

De plus, la médiatisation des paroles des climatosceptiques est plus importante que celle des scientifiques. Pour Christophe Cassou, « Le rôle des rédactions journalistiques est primordial dans la cause climatique, et doit éviter la diffusion de fausses informations à tout prix ! »

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