L’amour rend aveugle, pas tellement. Ces passionnés savent ce qu’ils font et ce qu’ils veulent voir : du foot. Mais pas que. En suivant les Violets chaque semaine, quitte à traverser l’Hexagone, ces suiveurs acharnés du TFC découvrent des nouvelles villes, des nouvelles traditions, des bars, mais surtout des nouveaux stades. Une manière de changer d’air tout en gardant ce lien fort avec le club de la Ville rose. Et ça, ça plait. Jérémy a 26 ans et fait partie de ces nombreux fans du TFC qui se déplacent pour aller défendre les couleurs de Toulouse : “J’adore découvrir des coins sympas à droite et à gauche quand on visite la France pour aller voir des matchs. On se rend compte que ce n’est pas toujours la même ambiance que chez nous, ça change”, dit-il.
Profil de fanatique
Tout le monde ne peut pas se permettre de faire les voyages pour aller supporter le Toulouse Football Club à l’extérieur. Même si c’est des petits trajets. Car oui, faire les déplacements demande d’avoir du temps libre, et surtout de la motivation. Pour ces raisons, le profil des supporters est souvent similaire. Ils sont jeunes, étudient encore et ne possèdent pas encore de grandes responsabilités familiales, enfin, pour la majorité d’entre-eux. Alex, étudiant à l’UT1 Capitole, remplit tous les critères. “J’ai la chance d’avoir beaucoup de temps libre le week-end pour me permettre de ne pas rater un seul déplacement”, raconte-il. “Toute la semaine, je n’attends que ça, prendre le bus avec les autres Indians (groupe d’ultra toulousains) et partir au match. On est entre potes, on se raconte nos semaines, on rigole beaucoup et ça nous occupe”.
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Souvent, ces jeunes qui font les déplacements se sentent animés par le TFC. C’est leur mode de vie. Logique quand on sait depuis quand ils supportent leur club de cœur. Léo-Paul, 24 ans, suit les Violets depuis la saison 2005/2006. Une éternité. Pourtant, il se souviendra toute sa vie de sa première expérience au Stadium qu’il décrit comme “incroyable”. Comme lui, nombreux sont les gens qui ont goûté aux arènes de football en étant gamin, et qui depuis, ne peuvent plus les quitter. “J’y allais avec mes cousins, qui assuraient ma sécurité quand j’étais petit mais dès que j’ai pu y aller tout seul en grandissant, j’ai commencé à devenir un ultra. Ça dépasse de l’ordre du sport, c’est le club de ma ville donc je donne tout ce que j’ai pour les encourager, que ce soit à la maison (domicile) ou à l’extérieur”, décrit Alex.
Une organisation minutieuse
Se déplacer, c’est bien. Savoir comment se déplacer, c’est mieux. Et c’est le cas pour ces amoureux du TFC. “L’organisation n’est pas un problème, tout est carré, y en a plusieurs qui sont chargés de planifier les trajets, d’autres connaissent déjà les bonnes adresses dans les villes en question, il n’y a rien à dire”, confie Léo-Paul. En général, les déplacements se font en bus, histoire d’absorber la quantité de personnes à transporter jusqu’au match final. Mais certains font les voyages en indépendants de temps en temps, parfois plus simple à organiser. “Ça m’arrive de faire les trajets tout seul, quand les matchs sont pas trop loins et que j’ai un impératif le lendemain pour ne pas rentrer trop tard”, raconte Jérémy.
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Néanmoins, réaliser les déplacements en convivialité, avec des dizaines d’autres supporters du TFC en bus, reste un moment unique pour tout le monde. Alexandre Roux, capo des Indians (groupe ultra toulousain) ne raterait pour rien au monde ces instants si particuliers. “C’est toujours un régal, on se connaît tous, et forcément, quand tu pars tous les 15 jours avec les mêmes personnes pour traverser toute la France, les liens se créent”. La preuve avec Alex, qui lui, découvre ce mode de vie. “C’est la première année où je fais les déplacements pour aller supporter le TFC. On est parti à Clermont notamment en début de saison et plus récemment à Marseille, fin décembre, pour découvrir enfin le stade du Vélodrome. C’était génial même si les joueurs nous ont déçu (OM 6-1 TFC)”.
J16 OM – TFC pic.twitter.com/v06hH2YIlV
— NVDRS (@NVDRS1993) December 31, 2022
Du budget, il en faut un minimum pour se vanter de supporter son équipe même lors des rencontres à l’extérieur. Si en France, la loi fixe les prix des billets à 10€ pour les fans visiteurs, il faut compter “entre 60 et 80€” le coût total du déplacement selon Léo-Paul. Le prix à payer pour participer à la fête. Alors, si cela reste très abordable pour certains, d’autres alertent sur le fait d’avoir un travail à côté pour se permettre d’être invité. Alexandre, leader des Indians le sait. “Tout est à nos frais donc c’est un budget à prévoir, ça reste un investissement”. Un argent dépensé souvent rentabilisé en cas de victoire, moins en cas de défaite.
La passion malgré tout
Multiplier les déplacements, les longs trajets, accumuler les kilomètres, sacrifier ses week-ends, son temps libre, sa famille ou encore ses amis, tout cela en y ajoutant parfois des conditions climatiques compliquées, bref, de nombreux facteurs jouent au quotidien sur le moral de ces voyageurs passionnés. La fatigue accumulée laisse des traces, surtout quand on doit repartir au boulot le lendemain. “Les week-ends sont très rythmés, tout tourne autour du match et de son organisation”, déclare Alex, étudiant à l’UT1 Capitole. “En général, on est tellement excité qu’on oublie un peu la fatigue, puis on s’habitue avec le temps, surtout pendant la rencontre”.
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Léo-Paul le vit différemment. “Quand tu pars en bus de nuit et que tu rentres le lendemain au matin, sachant que tu ne peux pas trop dormir dans le bus, c’est dur. Mais bon, c’est ça l’amour du club”. Un amour si fort et si intense qui résiste à la météo parfois capricieuse. “On est là malgré la pluie, la neige, le froid, on sera toujours là”, conclut-il. Un avis partagé par Jérémy, étudiant en informatique. “Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, je défendrai toujours mes couleurs”. Au final, la passion prend le dessus, peu importe l’adversaire.