Très vite, l’intelligence artificielle est devenue extrêmement populaire auprès des élèves de lycée ou encore des étudiants. Qu’il s’agisse d’un poème, d’un discours ou encore d’un ouvrage, l’IA peut réaliser n’importe quel type de texte ou de calcul sur demande. Son succès s’explique notamment par le fait que Chat GPT est une vraie alternative au travail. Avec, plus besoin de se creuser la tête ou de faire preuve de créativité. Elle permet de ne plus fournir aucun effort intellectuel.
Les élèves utilisent-ils Chat GPT pour tricher ?
Plusieurs élèves issus de différents cursus d’études supérieures témoignent : « J’avoue l’avoir utilisé pour un QCM de finances et franchement c’est pas top, j’ai eu 7,45/20 et pourtant j’ai vraiment fait un copié/collé des questions » s’étonne Justine.
Rémy, lui même étudiant en informatique à Ynov (école toulousaine privée), a eu une toute autre expérience : « Je l’ai utilisé pour un paragraphe dans un de mes devoirs et ça a marché hormis quelques points que le professeur aurait voulu que l’on développe davantage ». Matheo, lui, est en première année de master en marketing digital et lorsqu’il a entendu parlé de ce logiciel, il n’a pas réfléchi et a testé. Il s’en est servi pour une partie de son mémoire mais commence a regretter : « J’ai rendu mon mémoire avant qu’il y ait toutes ces politiques autour de l’IA. Je commence à entendre que certains professeurs ont des détecteurs à intelligence artificielle ou que les textes produits par le chat GPT sont reconnaissables, je serais dégouté de ne pas valider mon diplôme à cause de ça… »
Le logiciel fait-il peur aux professeurs ?
Dans le corps enseignant, la nouvelle est allée aussi vite. D’après les expériences de quelques professeurs, avoir recours à ce système, c’est bien plus que de la tricherie : « c’est le côté instantané de la réponse apportée, et donc la perte du sens de l’effort, qui est aussi un vrai plaisir, ce qui m’inquiète personnellement. Chercher, essayer, se heurter à la difficulté mais persévérer… Cet outil est dangereux humainement parlant aussi. » s’inquiète Enna, professeure de Physique-Chimie au lycée Stéphane Hessel.
De son côté aussi, Pierre-Emmanuel, instituteur dans le même lycée, s’insurge : « Il est dommage que le débat se concentre sur les possibilités de triche, alors que les conséquences sont bien plus larges. On a une intelligence artificielle capable de produire, à la demande, des textes sous contrainte. Et même si les résultats actuels ne sont pas toujours terribles, ils peuvent être potentiellement améliorés. ». Une autre professeure du lycée se montre moins inquiète : « J’ai testé en dissertation, ça donne une base, mais sans méthode. Ce sont des devoirs auxquels je ne mettrais pas la moyenne. » témoigne Madame Pujol*.
Dans quels domaines est-il judicieux de l’utiliser ?
Et Madame Pujol n’est pas la seule à être aussi dubitative : « S’il y a bien un domaine où je ne l’utiliserai plus jamais, c’est la philosophie, quand il s’agit de questions profondes ça ne marche plus… » poursuit Justine, 22 ans. D’après les témoignages obtenus et les tests effectués par la rédaction, l’IA n’est pas très performante en ce qui concerne l’originalité et la créativité. Les textes rédigés par Chat GPT restent aussi reconnaissables qu’un copié/collé sur Wikipédia. Ainsi, il semblerait que la plupart des professeurs qui connaissent leurs élèves puissent discerner un devoir rédigé par le chatbot d’un écrit réalisé par l’élève lui-même.
Même dans les quelques entreprises toulousaines où l’utilisation du chatbot a été démocratisée, tous les utilisateurs ne sont pas convaincus : « Même si on fait qu’avec ça ici, j’ai du mal à l’utiliser et a délaisser ma « patte ». On a beau pouvoir lui demander absolument tout ce qu’on veut, ça ne vaudra jamais notre écriture propre » confie Lou Anne, stagiaire en tant que SEO Marketing. En mathématiques non plus les professeurs ne sont pas convaincus : « Je la teste et je joue avec elle depuis 10 jours et à mon humble avis elle a encore besoin de s’améliorer en maths, car si elle raisonne juste, elle calcule souvent faux. Pour l’instant je reste bien meilleure qu’elle. Heureusement , car je vis de cours particuliers… » plaisante Anne-Sophie.
En somme, utiliser ce logiciel performant de manière à ce que personne le sache pourrait se traduire par un échec. Cette technique est d’ailleurs tout aussi répréhensible que celle des anti sèches lors d’un devoir sur table par exemple.
*Dans cet article, le nom de l’intervenante a été modifié