Les premiers cours de piano de Bertrand Chamayou ont débuté alors qu’il n’avait que cinq ans. Il a intégré très tôt le Conservatoire de la Ville rose où il y a été formé. De la scène toulousaine à la scène internationale, la rédaction a voulu en apprendre plus sur sa carrière prestigieuse. Interview.
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Avant de parler de votre carrière, nous aimerions en connaître un peu plus sur vous, comment est arrivé le piano dans votre vie, est-ce une passion depuis toujours ?
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» Je pense que oui mais quand j’étais petit ça ne s’est pas vraiment matérialisé comme ça car je ne savais pas vraiment ce qu’était une passion. Et surtout je ne venais pas vraiment d’un milieu artistique mais ça n’était pas non plus un milieu qui m’était étranger. J’ai commencé le piano un peu sur un malentendu car je n’avais jamais exprimé de volonté de faire du piano. J’ai encore le souvenir de ma mère me proposant de commencer le piano et j’avais dis non « .
» J’avais par contre, pas mal de copains qui faisaient des cours de piano à cette époque et c’est la raison pour laquelle j’ai finis par y aller. C’était vraiment pour faire comme les copains et donc de sociabiliser un peu. Et puis avec le temps ça s’est avéré comme une vraie passion pour moi. Je me suis trouvé très vite des aptitudes pour ça sans trop comprendre car je n’étais pas un gros travailleur au départ « .
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Quand est-ce devenu vraiment sérieux pour vous ?
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» Justement c’est arrivé une fois que j’ai pris du plaisir à faire du piano. J’ai dépassé le niveau de tous mes copains en très peu de temps et sans faire aucun effort. Je me suis pris au jeu et à m’intéresser aux compositeurs ou encore à leur histoire. J’ai donc commencé à composer, à improviser et à lire des partitions qui étaient beaucoup trop difficiles pour moi « .
» Au bout d’un an, à mes 8 ans, ma professeur a décidé de me faire passer le concours d’entrée au Conservatoire de Toulouse. J’ai été pris dans des niveaux plus élevés puisque je suis entré directement en quatrième année de solfège. Par la suite, je sautais chaque année une classe, tout est allé assez vite « .
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Quelles ont été vos premières influences ? En quoi ont-elles eu un impact sur votre vie et votre future carrière ?
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» Je dirais mes professeurs. D’ailleurs, j’ai passé à 13 ans mon concours de fin de cursus et dans le jury il y avait un homme que je connaissais qui est Jean-François Heisser. Je le connaissais bien car c’était un pianiste connu, je l’avais d’ailleurs entendu en concert « .
» Il se trouve que ce monsieur avait une classe au Conservatoire National Supérieur de Paris qui est l’institution la plus prestigieuse. Par la suite, il m’a convoqué avec mes parents car il avait été impressionné, il trouvait que j’étais très doué et voulait que j’intègre justement le CNS. À ce moment, je n’avais que 13 ans, ça faisait tôt, mes parents étaient assez déboussolés et moi aussi d’ailleurs car on ne réalisait pas trop. Ça supposait donc un déménagement à Paris et l’idée de s’engager dans une vraie voie professionnelle « .
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À la suite de cette rencontre, avez-vous envisagé de vous lancer dans une carrière professionnelle ?
» Quand ça s’est présenté à moi, je n’avais absolument pas pensé à me lancer dans une carrière professionnelle. D’ailleurs, quand je me suis présenté à Paris j’étais un peu perdu et je ne pensais pas forcement réussir. Finalement, j’ai pas eu le temps de me préparer à cette idée. Mes parents ont été convaincus par ce professeur et lui ont fait confiance. Donc pour répondre à votre question, non mais je pense que ça m’a été bénéfique de ne pas y penser « .
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Avez-vous sauté le pas pour une vivre une nouvelle vie à Paris ? Si oui, comment avez-vous géré vos études à coté ?
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« J’ai commencé par faire des aller-retours pendant deux-trois ans entre Toulouse et Paris. Je suis rentré à l’âge de 16 ans au Conservatoire de Paris et c’est à ce moment-là que j’ai déménagé seul vers la capitale. Concernant ma scolarité, j’étais en première et je me suis inscrit dans un lycée où il était possible de suivre des cours aménagés mais à cette époque le conservatoire supérieur n’était vraiment pas compatible avec l’école. J’ai finis par avoir un taux d’absentéisme tellement important au lycée que je n’ai pas continué. J’ai donc passé mon bac en candidat libre l’année suivante. J’étais réellement absorbé par mes cours au conservatoire qui me prenaient énormément de temps « .
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Comment avez-vous commencé votre carrière professionnelle ?
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» Elle a débuté pendant que j’étais étudiant puisque j’ai commencé à me produire sur scène. Ça s’est fait progressivement, je n’étais encore pas dans une optique de gagner des sous. C’était plus une volonté de gagner en expérience professionnelle. Donc, j’accompagnais des chanteurs, je jouais avec un tas de musiciens en duo, en trio et même en quatuor. Ça m’a permis de me faire pas mal de contacts qui me rappelaient souvent. À force de faire de nombreux projets, de se faire connaitre, de se faire apprécier et d’arriver à avoir une personnalité qu’on identifie, j’ai réussi à faire ma place et même à l’international « .
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Concernant votre nomination aux Victoires de la musique classique, est-ce la première ?
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» Non, j’ai d’ailleurs remporté quatre prix aux Victoires de la musique classique entre 2006 et 2016. Ça m’a beaucoup aidé puisque ça a eu un impact auprès de beaucoup de personnes qui m’ont découvert grâce à ces prix « .
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Vous êtes originaire de la Ville rose, ressentez-vous un réel support de la part des Toulouse ?
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» Oui c’est quelque chose que j’ai toujours ressenti. Mon tout premier concert était à Toulouse et les organisateurs ont toujours été derrière moi. C’est vrai qu’il y a un public qui me considère un peu comme « l’enfant du pays » et je le ressens clairement. Même si je ne reviens pas souvent puisque j’habite toujours à Paris, je suis très attaché à cette ville et forcement, ça fait toujours plaisir de se sentir supporter par les Toulousains « .
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