La réforme des lycées ferme des portes vers le supérieur. Un constat qu’ont fait, malgré eux, plusieurs lycéens au moment d’inscrire leurs vœux sur Parcoursup dès ce mercredi 17 janvier. Une première étape qui s’étend jusqu’au 9 mars avant la réponse des écoles du supérieur, qui valideront ou non la candidature des postulants.
Mais pour beaucoup de lycéens, le choix se limite. Depuis la réforme des lycées mise en place en 2019 et appliquée dès la session d’examen 2021, les élèves de terminal rencontre des difficultés pour rentrer dans certaines écoles. L’abandon de certaines matières en est la raison.
La réforme du lycée général a mis fin aux filières S, ES et L, les remplaçant par des spécialités comme les mathématiques.
« On nous a laissé la possibilité de choisir des matières, je n’ai jamais aimé les maths donc j’ai voulu les laisser tomber. Heureusement mes parents ont insisté pour que je prenne les maths en option, sinon je n’aurai eu aucune chance de rentrer dans l’école que je vise », explique Laura, élève de terminale. La jeune fille qui a priorisé l’histoire et les SES dans son cursus veut se diriger vers une école de commerce, une option qui n’aurait pas été envisageable si elle avait abandonné complètement les mathématiques.
Des élèves très peu renseignés
Durant l’année scolaire 2021-2022, près d’un élève sur deux (45%), ont abandonné les maths, que ce soit la spécialité (6 heures par semaine) ou l‘option math (3 heures par semaine), selon les derniers chiffres du ministère de l’éducation. Alors que les maths ont, historiquement dans l’enseignement français, toujours étaient mises en avant et sont encore privilégiées dans beaucoup de formations (commerce, ingénierie, etc.). Un paradoxe qui trouve explication.
« Les élèves sont très mal informés au lycée, les professeurs leur disent de choisir des matières qui leur plaisent et dans lesquels ils réussissent. Ils ne les font pas réfléchir sur le postbac alors que dans certaines formations il est impossible de postuler si on n’a pas choisi les bons enseignements », constate Laure Perche, conseillère, coach et formatrice en orientation scolaire et professionnelle. Pour elle, « la combinaison gagnante est de répondre à trois critères : est-ce que cela va bien servir mon projet ? ; est-ce que cela me plait ? ; et troisièmement, est ce que j’ai la capacité de réussir là-dedans ? ». Mais pour ça faudrait-il déjà avoir une idée de ce que l’on veut faire plus tard. C’est un des grands problèmes des jeunes.
Se renseigner de plus en plus tôt
Laure Perche a ouvert son cabinet en même temps que la création de Parcoursup soit deux ans avant la réforme du bac. Il y a eu une évolution depuis la réforme du bac sur la manière dont les élèves gèrent leur orientation. « J’ai vu une différence flagrante entre les deux. Depuis la réforme du bac se sont surtout des secondes voire des troisièmes qui viennent me voir, plus que ceux qui sont en terminale, parce que les élèves doivent s’interroger sur les études postbac de plus en plus tôt », analyse-t-elle.
C’est aussi ce qu’ont remarqué les écoles du supérieur. Certaines d’entre elles ont pu recenser jusqu’à 35% d’élèves de première et 10% d’élèves de seconde sur l’ensemble de personnes venues se renseigner lors du salon d’Infosup qui a eu lieu le week-end du 13 janvier 2023. « Nous avons même eu un jeune en CM2 qui est venu nous voir », confie un représentant d’une école de communication.
Un stress permanent pour les parents et les futurs étudiants au moment de choisir la voie des plus jeunes. D’autant plus que les enseignants, de leur côté, proteste contre le manque de moyen qui leur sont alloués. Une difficulté en plus pour accompagner au mieux les lycéens vers le postbac.