Des planches de son salon à celles des scènes ouvertes, il n’y a qu’un pas. De plus en plus de jeunes Toulousains ont décidé de le franchir. Que ce soit à travers la musique, l’humour ou encore la magie, beaucoup de jeunes talents viennent relever le défi de faire découvrir leur art et leur univers. Une manière pour eux de faire leurs débuts dans les métiers artistiques qui les passionnent.
Le passage des karaokés dans la chambre à l’interprétation des chansons devant un public n’est pas aussi inaccessible que ce que l’on pourrait penser. « Il existe beaucoup de groupes sur Facebook ou Instagram notamment qui permettent de savoir où se déroulent les open mic (contraction de « open microphone », les scènes ouvertes) et puis il faut s’y montrer et se lancer. Tout le monde peut venir, il n’y a aucune restriction », explique Milhan jeune Toulousain connu sous le nom d’Aska. Passionné de rap depuis toujours, il s’est lancé vers ses 17 ans et a commencé à écumer les opens mics.
Un tremplin pas évident
Le concept est simple : une « prod » est lancée au hasard et l’artiste doit rapper dessus. Pour Aska « c’est vraiment un style de rap particulier parce qu’il faut sortir le plus de punchlines possible sur une instru que l’on ne connait pas, un peu comme dans le film « 8 miles » mais sans Eminem », s’amuse le rappeur avant d’ajouter que « Ce n’est pas vraiment l’endroit pour sortir un texte introspectif, ça limite le champ des possibles créativement ». D’autant que d’après lui peu d’artistes se font réellement repérer à travers ces scènes ouvertes par des producteurs ou maisons de disques sur Toulouse. « La plupart des gens font ça en amateur, dès que l’on veut se spécialiser on passe beaucoup plus de temps en studio et finalement on délaisse les opens mics », mais le rappeur modère ses propos, pour lui, c’est l’idéal pour faire des rencontres artistiques et se créer un réseau.
Un lieu de rencontre
C’est finalement un peu ce qui revient sur les scènes ouvertes : le réseau. Peu importe le genre d’art, sur ce point-là ils fonctionnent globalement de la même manière. « Il faut se montrer tout d’abord en tant que public, puis commencer à discuter avec les organisateurs et les artistes. Et c’est très souvent qu’en fin de soirée que j’ai des personnes qui viennent me voir pour me dire qu’ils veulent se lancer. Ça commence de cette façon généralement », explique Marine Richard humoriste et organisatrice de soirée stand up.
La jeune Toulousaine à force de persévérance dans les bars de la ville rose fait aujourd’hui certaines premières parties d’humoristes au Casino Barrière de Toulouse. Pour elle, « il faut essayer de faire le plus de scènes possible, jouer son texte devant un public c’est le seul moyen de se rendre compte de ce que l’on vaut. Et puis ça permet de rencontrer un tas de personnes que ce soit des artistes, des gérants de bars, du public, on ne sait jamais qui peut être présent et nous donner une opportunité ».
De plus en plus de scènes ouvertes
Aujourd’hui, les scènes ouvertes de stand up se sont multipliées. Lors des débuts de Marine en septembre 2020 et aujourd’hui, le nombre de jeunes toulousaines humoristes s’est multiplié par trois. Les scènes ouvertes sur Toulouse se sont réellement développées au point que certains artistes d’autres villes viennent jouer dans la ville rose. Un essor qui permet d’avoir quasiment une soirée stand up par soir. De quoi contenter tout le monde même si l’argent ne coule pas à flot.
Pour l’amour de leur art
Vivre de son art est très compliqué, ce n’est pas nouveau. Les jeunes Toulousains qui écument les scènes ouvertes ne gagnent pas leurs vies à travers ces représentations. Ils passent des accords avec les dirigeants des lieux dans lesquels ils se produisent. Généralement, la recette des consommations du soir revient aux bars qui les accueillent et non aux artistes.
Eux, sont payés avec une ancienne méthode toujours en vogue. « On se fait payer au chapeau », explique Théo Lemaire, jeune magicien Toulousain.
Une paye aléatoire
Une astuce pas compliquée : à la fin de la soirée, l’organisateur fait passer un chapeau dans le public et chacun dépose ce qu’il veut. Le montant reste aléatoire. « Pour donner des chiffres, un chapeau Toulousain peut varier entre 2 et 50 € par artiste, par soir, c’est très compliqué d’en vivre », reconnait Théo. Bien que cela soit un peu différent pour les magiciens qui peuvent décrocher des contrats pour les mariages ou noël d’entreprise par exemple. Mais dans le cadre des scènes ouvertes, le but est « de tester des petits bouts de représentation en direct avec du public. Cela permet d’écrire son gros spectacle sur le côté et dès que tout est bien rodé, on peut alors produire son spectacle », raconte Théo qui lui, est passé par une école de magie.
Bien qu’ils pratiquent leur art, les artistes qui passent par les scènes ouvertes sont, au début, obligés d’avoir une activité à côté avant de pouvoir briller sous le feu des projecteurs.