La ville de Toulouse n’a plus à prouver son amour pour le rugby. Fort d’une équipe féminine double lauréate du championnat de France et d’une formation masculine quintuple championne d’Europe, le Stade Toulousain possède également sa section handisport. Cette dernière est la plus grande de l’Hexagone.
Ils sont quarante à s’entraîner plusieurs fois par semaine dans le gymnase Arnauné de Toulouse. Avec autant de licenciés, le Stade Toulousain Rugby Handisport est, aujourd’hui, le club adapté aux personnes en situation de handicap qui compte le plus de pratiquants en France. Pourtant, son histoire est plutôt récente, puisque tout commence au début du siècle.
En 2001, un certain Pablo Neuman est victime d’un accident de ski et devient paralysé des quatre membres. Il a, alors, été admis au centre de rééducation de Verdaich, en Haute-Garonne. Jusqu’ici très sportif, cet incident le contraint à totalement arrêter la pratique physique. À l’époque, seul le basket était accessible aux personnes invalides. Malheureusement pour lui, cette discipline ne correspond pas à ses capacités. « Le ballon étant trop lourd et la manipulation du fauteuil, trop compliqué, le basket n’était vraiment pas fait pour son type de handicap », explique deux décennies plus tard Clément Trézeux, actuel directeur et entraîneur du Stade Toulousain Rugby Handisport. Combatif et déterminé à ne pas se laisser aller, Pablo Neuman se renseigne sur ce qui existe à l’étranger. Il découvre ainsi le « murderball », plus communément appelé « quad rugby ».
Six ans après son accident, en 2007, il décide de créer le premier club français à Toulouse, terre de l’ovalie. Sans moyens et reconnaissance, il est difficile pour l’association de se développer. Mais la passion de ses premiers membres l’amènera progressivement à ce statut de plus gros club handisport de France, toute discipline confondue. « Au début, ils n’étaient que quelques pratiquants à s’entraîner sur des parkings. L’évolution a été immense. Aujourd’hui, nous avons un gymnase à notre disposition, deux équipes de quad rugby, une de rugby fauteuil à XIII, quatre joueurs en équipe de France, dont le capitaine, Jonathan Hivernat. Le club a bien grandi », se réjouit Clément Trézeux à l’issue de son cours du jour.
Le sport comme thérapie contre le handicap
Pour un homme ou une femme, il n’est jamais simple d’apprendre que le restant de sa vie sera chamboulé par un handicap. Pour certains, cette nouvelle sonne même comme une fin de rêve. Puis vient le jour où il n’y a plus vraiment d’autres possibilités que d’accepter la situation et d’aller de l’avant. Intégrer un club de sport peut justement contribuer à ce nouveau départ. « J’aimais déjà le rugby avant d’apprendre que j’étais atteint d’une sclérose en plaques. Quand mon handicap est apparu, je ne savais pas si je pourrais refaire du sport un jour. Je suis heureux aujourd’hui, ça me soulage, me défoule, me permet de passer de bons moments. Ça me fait vraiment du bien », décrit Julien Eymer, ou Mémer pour ses coéquipiers, sur le banc de touche, lors d’un match d’entraînement, ce mardi.
Si le club joue un rôle important sur le moral de ses athlètes, les licenciés ne sont pas les seuls à bénéficier de l’accompagnement psychologique de l’association. « On intervient également auprès d’un public de personnes en situation de handicap qui n’ont pas vocation à devenir des rugbymans. Pour nous, l’objectif est de montrer à ces gens que le sport peut être un levier dans leur vie de tous les jours », conclut avec conviction Clément Trézeux.