« Ce sont eux qui m’ont sauvé la vie » : face à la précarité, certains font le choix des épiceries solidaires

Derrière son étal, Johnson Ndukwe, gérant de l’épicerie, tient un carnet avec les rendez-vous de la journée
Leur apparence ne paye pas de mine, aux détours des rues toulousaines, parfois tapis entre les immeubles, se trouvent des épiceries solidaires. Durant le confinement, et aujourd’hui encore, ces commerces où tout est moins cher viennent en aide aux personnes en situation de grande précarité, voire même, de pauvreté.

Leur apparence ne paye pas de mine, aux détours des rues toulousaines, parfois tapis entre les immeubles, se trouvent des épiceries solidaires. Durant le confinement, et aujourd’hui encore, ces commerces où tout est moins cher viennent en aide aux personnes en situation de grande précarité, voire même, de pauvreté. Les habitués témoignent, les bénévoles expliquent. Reportage.

Dans une large rue, près de la gare Matabiau, une petite foule s’est formée à l’entrée d’une porte entrouverte. Sur la devanture il est écrit : « Épicerie solidaire : Une autre chance ». Armés de sacs en plastique, de barquettes ou de simples cartons, tous tiennent un ticket, avec un nom, prénom et une date. Pour ces personnes en situation précaire, voire même, à la rue, ce lieu est est une chance inouïe : « J’élève cinq enfants, je ne travaille pas, mon mari cherche un emploi, de quoi on vit nous ? On a rien », atteste Loubna, en faisant la queue. « Depuis que je suis en France, je me suis toujours rendu dans ce genre d’épiceries. Sinon je ne peux pas manger c’est pas compliqué. » enchaîne Bohdan, juste derrière. « Moi je vais vous dire, ce sont eux qui m’ont sauvé la vie, s’ils étaient pas là… » conclue Nour, tout en hochant les épaules. Sur le trottoir, les gens défilent et entrent à tour de rôle dans l’épicerie. Ici, tous semblent se connaître. 

Les épiceries solidaires, souvent gérées par des associations, sont d’une aide précieuse pour les personnes en situation de grande précarité. Le concept est simple : à l’instar d’un commerce classique, on peut faire des achats et les produits sont divers et variés. Seule différence, le prix est drastiquement moins cher. De la sorte, les personnes ayant pris rendez-vous, sont appelées à tour de rôle pour rentrer, faire leurs achats, repartir, et ainsi de suite. À Toulouse, on compte actuellement, près de onze épiceries solidaires, toutes dispersées dans la ville. Le chiffre peut varier, certaines sont éphémères. 

« On est là pour aider ceux qui n’ont plus d’argent »


Derrière son étal, Johnson Ndukwe, gérant de l’épicerie, tient un carnet avec les rendez-vous de la journée : « Le vendredi, les gens prennent rendez-vous, après, on leur donne un jour et un horaire pour venir dans la semaine » affirme-t-il, en rayant un prénom sur sa liste. Le bon fonctionnement de l’épicerie lui tient particulièrement à cœur, presque autant que la bonne santé des demandeurs : « On est là pour aider ceux qui n’ont plus d’argent, mais on regarde qui peut prétendre à l’aide que l’on fournit. On accueille ceux, qui, après avoir payé leur loyer, leurs factures ou autre, ne peuvent plus acheter ce dont ils ont besoin », enchaîne-t-il. Ici, aucune différence n’est faite, toutes les personnes dans le besoin peuvent prétendre à l’aide de l’épicerie, sur ce point, il est catégorique : « Pendant le confinement, on a eu plus de jeunes par exemple, aujourd’hui, ce sont surtout des mères de famille ou des personnes seules, souvent sans emploi qui nous sollicitent. Moi, je me fiche de qui rentre dans l’épicerie, tant qu’il ou elle est dans le besoin », abrège-t-il. 

Aujourd’hui, le taux de pauvreté atteint des chiffres assez impressionnants, rien qu’en 2019, l’INSEE recensait près de 9,2 millions de personnes en situation de pauvreté. Les épiceries comme celle de Johnson Ndukwe, sont ouvertes à l’année et compte bien subvenir aux besoins d’un maximum de personnes possible. Mais que trouve-t-on à l’intérieur de ces commerces ? 

Offrir une grande diversité de produits

Sur les étals, de l’alimentaire bien sûr, mais aussi des produits pour le corps, du gel douche, dentifrice, ou encore de l’essuie-tout ou de la lessive. L’idée est de proposer une majorité de produits jugés « nécessaires » pour subvenir aux besoins des personnes en précarité. Également, la diversité alimentaire est une priorité, c’est pourquoi l’on retrouve beaucoup de légumes ou fruits et nettement moins de produits largement transformés. Cette volonté, celle de proposer une alimentation variée et saine, fait écho à certains chiffres alarmants concernant les personnes sous ou mal alimentées.

Sur les étals, les produits sont variés
Sur les étals, les produits sont variés ©Thomas Duran

À Toulouse et partout en France, les épiceries solidaires se multiplient. Les associations prennent le problème de la malnutrition des personnes en situation de grande précarité très au sérieux. De son côté, Johnson Ndukwe se prépare déjà à accueillir de nouveaux demandeurs.

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