Le 10 avril 2022 verra le premier tour de l’élection présidentielle en France. D’ici là, les sondages nous présentent déjà estimations et projections quant aux résultats des candidats en lice pour le poste de chef de l’État. Mais sont-ils réellement fiables ? Rétrospective des sondages et leur véracité depuis 1988.
Récemment, le candidat d’Europe Écologie-Les Verts, Yannick Jadot, a affirmé : « les sondages se sont plantés à toutes les dernières élections« . Est-ce réellement le cas ? Déjà depuis 2002, les sondages ont toujours su placer le futur président dans les favoris à cent jours de l’élection présidentielle. En se basant sur ce constat, on pourrait donc affirmer que dans les favoris des sondages actuels, se trouve le ou la futur(e) chef(fe) de l’État. Pour 2022 donc, la place à l’Élysée se jouerait entre Emmanuel Macron, Valérie Pécresse ou Marine Le Pen.
Pourtant, les sondages n’ont pas toujours vu juste. En se basant sur ceux réalisés par l’IPSOS depuis 1988, on remarque que certaines prévisions étaient bien loin de la réalité. Certes, les explications peuvent être nombreuses et les sondages comportent tous une marge d’erreur, mais en 2002 par exemple, ce fut un véritable retournement de situation dans la course à l’élection. Jacques Chirac, alors favori des sondages avec 28% d’intentions de vote, devait a priori se retrouver au second tour face à Lionel Jospin et ses 23 %. Or ce fut Jean-Marie Le Pen, pourtant annoncé à 9%, qui obtiendra cette place avec 16,86% des voix.
De façon générale, plus la date des élections approche, plus les sondages voient juste et plus ils sont fiables. À quelques jours de l’élection de 2017, Emmanuel Macron était largement annoncé gagnant, et ce fut le cas. Pourtant en septembre 2016, Alain Juppé, François Fillon ou même Bruno Le Maire étaient pressentis pour remporter l’élection. De son côté, Manuel Valls, comme nous le montre le graphique ci-dessus, était annoncé à 9% en janvier. N’ayant pas remporté la primaire socialiste, ce dernier n’était donc pas présent au premier tour.
Comment expliquer les limites des sondages ?
Il faut tout de même rappeler qu’un sondage n’est pas toujours réalisé de la même façon, et de ce constat, des différences de résultat émergent. D’abord, les instituts de sondages sont nombreux, on retrouve l’IFOP, l’IPSOS, BVA, ELABE… Ces derniers ne sondent pas toujours les mêmes personnes et ne prennent pas le même nombre d’échantillons. Un sondage réalisé sur une majorité de jeunes aura un résultat différent que sur des personnes âgées, un autre, réalisé sur 100 personnes, n’aura pas le même que celui réalisé sur plusieurs milliers. Les limites ne s’arrêtent pas là. La géographie, à savoir la région, département ou ville dans lesquels le sondage a été réalisé, influe forcément sur son résultat. Il en va de même pour les catégories socio-professionnelles, dans l’idéal et dans un souci de représentation correcte de la population, tous les milieux et toutes les classes doivent être sondés. Regarder la provenance d’un sondage est donc primordial avant de l’utiliser, dans le cas contraire, cela peut se rapporter à de l’instrumentalisation. Prenons pour exemple le cas de Jean-Luc Mélenchon, on remarque qu’en fonction de l’institut de sondage, les résultats ont tendances à fluctuer.
Tous les sondages ne se valent pas. Il en existe aujourd’hui beaucoup, et tous ne pronostiquent pas les mêmes résultats. Mais dans le cas où certains se sont révélés faux, et ce, bien au-delà d’une simple marge d’erreur, on peut trouver différentes explications. Revenons en 2017. François Fillon est en bonne voie pour l’élection, les sondages l’affichent parfois à 26 % soit devant Emmanuel Macron ou Marine Le Pen. Une enquête suivie d’un article dirigé par le Canard Enchaîné, révélant un emploi fictifs lié à sa femme Pénélope, ont brusquement fait chuter le candidat, le ramenant à 20 %. Ainsi, bien que les sondages ne soient pas une science exacte, ils restent à la merci des faits d’actualités. François Fillon n’accèdera pas au second tour, certes, mais l’on peut difficilement dire que les sondages s’étaient trompés. L’actualité et les révélations les ont juste rendus obsolètes.
La véracité des sondages
Évidemment, il arrive que les sondages voient juste. En croisant ceux réalisés par certains instituts, il est possible d’établir une rétrospective des candidats annoncés vainqueurs et de la véracité du propos. Ainsi, en prenant comme point de départ les sondages du mois de janvier avant chaque élection présidentielle, on remarque qu’une majorité sont faux. Cela signifie-t-il que les instituts ont mal fait leur travail ? Non. Comme expliqué ci-dessus, un sondage est soumis à de nombreuses variables et peut largement fluctuer au fil du temps. On peut cependant déduire que les sondages réalisés en janvier sont à prendre avec beaucoup de recul et ne proposent qu’une éventualité parmi tant d’autres.