Nicolas Novel, 25 ans, a pris, début 2021, un virage professionnel brutal. Étudiant en gestion de patrimoine et collectionneur de cartes Pokémon et Magic à ses heures perdues, il s’associe avec deux amis pour monter Relic, une boutique de cartes à jouer sur Toulouse.
« La finance aurait, peut-être, pu me rapporter plus, mais ici, je m’éclate tous les jours. Je me challenge et j’apprends tellement de choses en gérant ma boîte. Je vis de ma passion”, c’est le constat que dresse Nicolas, 7 mois après l’ouverture de la boutique Relic. Dans cet antre de collectionneurs, on trouve des vitrines pleines de cartes Pokémon à l’unité, des étals remplis de decks, boosters et autres objets scellés aux couleurs de franchises comme, évidemment Pokémon, mais aussi Magic ou Yu-Gi-OH. Il y a aussi des étagères débordant de jeux de société en tout genre. Tout cela dissimulant une arrière-boutique où sont organisés des tournois de cartes à jouer.
Le dealer de carte Pokémon
« J’ai d’abord commencé par collectionner les cartes Magic à la fac” se souvient Nicolas. “Je m’étais constitué une grosse collection, mais le marché Magic s’est un peu retrouvé à l’arrêt, alors pour me diversifier, je suis passé sur Pokémon en 2018″. Le Toulousain est tout de suite surpris par l’engouement et les opportunités : “C’était ultra rentable, j’achetais un Pikachu 5 €, je le revendais 20, c’était trop facile. Alors je me suis lancé à 100 % sur du Pokémon”. Petit à petit Nicolas, monte son business en sous-main. Se créant un réseau, enchaînant les transactions et les bonnes affaires. “On m’appelait le dealer de carte, j’étais étudiant, j’achetais puis je revendais des cartes sans aucune taxe, c’était incroyable”. Cette activité de loisir lui a permis de mettre de l’argent de côté, qu’il a pu ensuite injecter dans le projet Relic.
L’aventure Relic
Anthony et Léo, deux amis de Nicolas rencontrés sur des tournois de cartes, ont l’idée en février 2021, de racheter les locaux d’une ancienne boutique de cartes (Fantasy Sphere). Ils proposent à Nicolas de s’occuper de la partie Pokémon, alors en pleine boum : “Avant, Relic était seulement une boutique en ligne pour cartes Magic. Il y avait certains axes à développer comme la vente de cartes à l’unité”. En effet, la demande générale étant en croissance et l’héritage de la clientèle de Fantasy Sphere a permis à la boutique Relic de bien démarrer. “Les débuts se sont très bien passés, bien sûr il y a quelques difficultés liées à la reprise de boîte, mais globalement, on s’en sort très bien” souligne le collectionneur. “Il faut juste qu’on trouve un équilibre sur le rythme de travail. On est ouvert 7/7j et je fais parfois des journées de 16 heures”.
Se lancer dans la vente de cartes à jouer pourrait paraître risqué, au vu des effets de modes qui rythment l’intérêt pour ces jeux, mais pour Nicolas, il n’y a pas de risque quand on sent le marché : “Financièrement, c’est un milieu qui rapporte. Il y a toujours un jeu qui sera populaire. Il n’y a jamais de creux sur l’ensemble du marché. Et de toute manière, on ne fait jamais all-in sur un jeu”. Nicolas et ses associés essayent toujours de diversifier leurs activités. Ils proposent une expertise en produits Magic et Pokémon. Ils font un peu de Yu-Gi-OH, mais pas que : “En ce moment, il y a un jeu de cartes qui cartonne aux Etats-Unis : Flesh and Blood. On a déjà commencé à investir dessus. S’il s’implante bien en Europe, on sera déjà sur le coup, et ça peut nous rapporter gros”.
De dealer à marchand d’art
En tant qu’expert en carte Pokémon, Nicolas s’est tissé un réseau solide en quelques années. Il lui arrive de jouer les intermédiaires avec des clients au budget conséquent, voire des stars. “Il m’est arrivé de traiter avec BigFlo et Oli, Valouzz ou Thibaut Garcia. Avec mon plus gros client, on parlait de transaction à plusieurs centaines de milliers d’euros”. Cela concerne des cartes d’exceptions, gradées, très rares et recherchées.
Pour ce genre de transaction, l’acheteur envoie un intermédiaire de confiance pour demander une information ou une carte à un revendeur. Celui-ci, s’il dispose de la carte recherchée, la transmets à l’intermédiaire, qui touche 5 à 10 % de marge sur l’opération, avant de la faire parvenir à l’acheteur : “Quand c’est un deal à 50 000 € ça fait de belles marges” précise Nicolas en rigolant. C’est le même fonctionnement qu’un marché d’art. Nicolas joue le revendeur, mais aussi l’intermédiaire, grâce à son réseau basé sur un protocole de confiance, afin d’éviter les arnaques. De tels prix peuvent paraître fous pour de simples cartes, mais ils s’expliquent par la hype qu’il y a eue autour de Pokémon depuis le premier confinement : “L’année 2021 a été une grande année pour Pokémon, les sommes ont atteint des pics astronomiques. Là, ça commence à se calmer et à se stabiliser.”
Nicolas s’est donc lancé dans l’aventure de la vente de cartes, avec succès : “Je bosse avec mes potes, je manie des cartes, je suis tout le temps dans l’esprit fun”. La finance est loin derrière lui, et il compte bien continuer à s’investir à 100 % dans sa passion.