Les épiceries solidaires de Toulouse : la dure précarité derrière l’aide alimentaire

Depuis le début de la pandémie en novembre 2019, un grand nombre de personnes se sont retrouvées sans emploi du jour au lendemain. © Maëva Curutchet

Depuis le début de la pandémie en novembre 2019, un grand nombre de personnes se sont retrouvées sans emploi du jour au lendemain. Parmi eux, les étudiants. Sans revenus, ils se tournent vers de nouvelles sources d’approvisionnement alimentaires : les épiceries solidaires.

« Cela fait dix ans maintenant que nous sommes présents pour apporter une aide alimentaire aux plus précaires », explique Sepideh Ramezani, dirigeante de l’association La Main À La Pâte. Fondée le 21 septembre 2011, l’objectif était en premier lieu de s’implanter dans les quartiers les plus défavorisés de la Ville rose. Après une étude poussée avec les collectivités, un constat clair est apparu : dans de nombreux cas, les populations de banlieue étaient soit des familles monoparentales, soit des personnes âgées à faibles retraites cherchant du lien social. « Sur 270 usagers dans l’année 2020, 55 % sont des femmes, mères de famille seules, étudiantes ou personnes âgées, contre 45 % d’hommes. », confie la directrice.

Le but de cette épicerie, en plus de fournir une aide alimentaire, est de promouvoir une alimentation équilibrée, de concourir à la liberté de choix et de proposer des produits de qualité, à moindre coût. « Les produits alimentaires que nous soumettons à nos usagers sont en moyenne entre 10 et 30 % moins chers que le prix d’un même produit en grande surface », poursuit-elle. Mais depuis le début de la crise sanitaire, une augmentation sans précédent a pu être observée dans la région toulousaine. En effet, près de 65 % d’usagers se sont rapprochés des épiceries dans toute la ville, en majorité des étudiants. 

Une majorité d’étudiants étrangers

Dans cette épicerie solidaire, située à deux pas de l’université Paul Sabatier, un grand nombre de nouveaux usagers sont des étudiants. « Une grande majorité de ces jeunes sont d’origine étrangère », raconte Sepideh Ramezani. Arrivant à Toulouse par le biais des échanges Erasmus, ces étudiants subviennent à leurs besoins par des emplois en dehors de leurs études.

Principalement axés dans la vente ou la restauration, ces derniers ont subi de plein fouet la pandémie et la fermeture de nombreuses infrastructures. « Je travaillais dans un bar à Saint-Cyprien depuis mars 2019, et le salaire que je recevais m’aidais à payer mon loyer et mes courses. » partage Mélissa, étudiante en biologie originaire d’Espagne. En perdant son emploi, les revenus sont devenus quasi inexistants, et les frais alimentaires étaient trop onéreux. « Je ne voulais pas demander de l’aide à mes parents, alors l’organisation étudiante de ma fac m’a orientée vers les épiceries solidaires, ça a sauvé mon budget », admet-elle. Aujourd’hui, la fréquentation s’est stabilisée, même si de nouvelles demandes étudiantes arrivent chaque jour, en fonction de la situation sanitaire.

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