Michael Boris Mandirola est un immigré italien vivant à Toulouse. Grand voyageur, il est fier des échanges culturels qu’il a pu faire au cours des années. Des échanges facilités par l’espéranto, une langue sans frontières qui n’appartient à personne. Michael milite depuis des années pour qu’elle soit mieux reconnue dans le monde.
Au premier regard, on sent que Michael Boris Mandirola est quelqu’un à qui il est facile de parler. Peut-être est-ce dû au survêtement Adidas qui lui donne l’air détendu de l’employé en repos le week-end. Ou bien à son sourire presque contaminant, celui que certains inconnus vous montrent dans la rue quand vous leur posez une question, et qui vous donne l’impression que vous êtes déjà devenu leur ami. Oui, tout cela, plus sa position avachie sur le canapé de son appartement situé à Lardenne, vous indique qu’il est facile de lui parler.
Et on ne soupçonne pas à quel point, car si vous deviez avoir une conversation avec Michael, vous pourriez la tenir en pas moins de treize langues pour peu que vous puissiez suivre son rythme. Il pourrait vous dire bonjour en italien, sa langue maternelle. Vous demander comment vous allez en anglais, puis continuer la conversation en français, occitan, espagnol, catalan, portugais, allemand, polonais, croate, turc, roumain et bien sûr en espéranto, sa préférée.
Paroli simple kaje bone
« Parler bien et simplement »
L’espéranto est une langue encore méconnue. Certains parfois l’associent à un dialecte ou un patois transmis dans une région locale. L’espéranto va pourtant à l’inverse de tout cela, c’est une langue qui a pour vocation de réunir des individus de pays et langages différents à travers un vocabulaire simple.
Une simplicité qui a plu à Michael : « Quand j’ai vu une langue très logique avec une orthographe qui fait que chaque son correspond à une lettre et chaque lettre à un son, moi qui était à l’époque en école d’informatique j’ai trouvé ça génial ! ».
Michael a commencé à apprendre l’espéranto à l’âge de 16 ans. Comment ? Une heure de cours en ligne gratuit chaque semaine pendant trois ans, suivis de nombreuses rencontres à distance ou à l’étranger avec d’autres pratiquants. Sur ses étagères, on trouve plusieurs livres écrits en espéranto, certains sont des romans, d’autres des livres d’histoire. Le résultat est qu’aujourd’hui, à 32 ans, l’espéranto est la langue que Michael parle le mieux juste derrière sa langue maternelle.
Ideoj kaj vortoj
« Des idées et des mots »
Avoir des idées politiques peut paraître étrange pour un enfant de six ans. Pourtant, Michael assure que c’est bien à cet âge qu’il a commencé à se considérer comme un citoyen européen et à rêver d’une Europe fédérée, unie par quelque chose. On peut attribuer cela à ses origines multiples, une partie de sa famille étant roumaine, ainsi qu’à ses parents, la mère de Michael parlant pas moins de six langues.
Pour son père Giulio Mandirola, le parcours de son fils n’est pas étonnant : « Il s’est beaucoup intéressé de manière générale aux langues étrangères dès l’âge de seize ans. C’est ce qui, selon moi, lui a ouvert de grands horizons. Il a par ailleurs une grande confiance en autrui et adore découvrir de nouvelles cultures ».
Alors quand on apprend que Michael parcourt le monde en faisant découvrir l’espéranto à autrui, on n’est pas vraiment surpris. « C’est une langue de contact qui va au-delà des cultures, des religions ou des langues associées à un État. C’est génial de se dire que si on veut visiter un pays, il nous suffit de contacter un centre culturel d’espéranto là-bas. Ils nous mettent en relation avec des gens qui le parlent sur place, et on a automatiquement un pied dans le pays avec des gens qui veulent nous rencontrer parce qu’on vient d’ailleurs mais qu’on partage une langue ».
C’est en grande partie grâce à l’espéranto que Michael a pu évoluer professionnellement tout en partant à l’étranger. Il a travaillé dans différents pays après avoir rejoint des espérantistes locaux. Même chose quand il est arrivé à Toulouse, il y a deux ans. Dès son arrivée, il a contacté le centre culturel d’espérato local qui lui a fourni des contacts. Ainsi, il s’est trouvé des amis et des collègues à qui parler le temps d’apprendre le français.
Deux ans plus tard, il est finalement capable de tenir une conversation parfaitement claire dans la langue de Molière, avec toujours en fond un accent italien et quelques mots d’anglais ou d’espagnol à la rescousse.
Esperanto « Celui qui espère »
Un an seulement après avoir commencé à apprendre l’espéranto, Michael a décidé de s’engager dans la diffusion de la langue à travers le monde. Quatre fois par an, il se rend dans d’autres pays pour assister à des festivals ou des séminaires dont le but est de promouvoir l’espéranto.
L’objectif est pédagogique : faire découvrir la langue à ceux qui n’y sont pas familiers et permettre aux espérantistes venant de différents pays de se réunir. Alessandro Romolo est un ami et collègue de Michael. Il a découvert l’espéranto à travers lui et a pu le voir à l’oeuvre dans l’organisation de ces rassemblements « Apprendre une langue n’est pas un objectif mais un instrument. C’est d’autant plus vrai pour l’espéranto qui permet d’unir les gens dans la tolérance, et Michael est la personne la plus tolérante que je connaisse. L’espéranto lui a permis de voyager non pas comme un touriste, mais un voyageur curieux. Il accueille tout le monde auprès de lui, s’intéresse à tout et se bat pour ses idées ».
En tant qu’espérantiste, Michael se sent loin de faire partie d’une communauté marginale. Il se sent comme membre d’un groupe qui ne refuse personne et dont le fondement est de briser les barrières entre les gens.
Quelques informations sur l’espéranto…
• L’espéranto est une langue inventée à la fin du XIXe siècle par un médecin polonais du nom de Louis-Lazare Zamenhof. Celui-ci a publié en 1887 un premier projet de « Langue Internationale » sous le nom de Doktoro Esperanto « Le docteur qui espère ».
• Il est impossible de quantifier le nombre exact d’espérantistes dans le monde, la langue n’étant attribuée à aucune zone géographique et le niveau de maîtrise étant très différent d’une personne à l’autre. On compte environ 10 000 000 de personnes dans le monde ayant plus ou moins étudié l’espéranto. Cette langue est parlée dans plus de 120 pays du monde.
• L’espéranto est reconnu par l’ONU et l’UNESCO comme moyen de cohésion et de partage entre les nations.