Deux étudiants toulousains lancent « Sedna », une application de monnaie en ligne qui favorise les échanges et les consommations durables, responsables et locales. Cette monnaie, le « Seed », se gagnera et se dépensera par le biais de QR code. Une initiative toute jeune, qui se lancera au cours de l’année 2021.
Le « Seed » est une monnaie virtuelle que les utilisateurs peuvent cumuler et dépenser. En bref : lorsque les utilisateurs consomment des produits en circuit court ou éco-responsables, ils gagnent des « Seeds ». Cette monnaie peut ensuite être réutilisée comme moyen de paiement uniquement pour réaliser un nouvel achat respectueux de l’environnement. À l’origine de cette initiative ? Sérena, patineuse artistique, et Yann, ex-volleyeur professionnel, tout deux étudiants en Génie Physique à l’INSA de Toulouse, qui travaillent activement sur le projet depuis un an. « On aimerait toucher les étudiants et les jeunes actifs de la région toulousaine. Mais on est pas du tout fermés au fait que ce soit accessible à des personnes plus âgées » explique Séréna.
Le projet est financé par une campagne de crowdfunding lancée en décembre dernier. 253 contributeurs ont apporté plus de 10 500 euros au projet. Les étudiants ont, aussi, reçu des subventions de la part de l’INSA de Toulouse et de quelques investisseurs.
Comment ça marchera ?
Le Seed sera disponible uniquement sur une application dédiée : « Sedna » (nom de la déesse de la biodiversité marine dans la mythologie Inuite). Il suffira de créer son compte, puis la certification des actions se fera par un QR code. « On a essayé de faire en sorte que l’application soit facile à utiliser et assez intuitive. » précise Séréna. Les enseignes partenaires posséderont l’application « Sedna Pro », avec le même système de QR code.
La monnaie pourra être cumulée directement sur le compte sur application smartphone. Elle pourra être utilisée dans différents domaines : alimentation, restauration, cosmétique, transport… Ces enseignes responsables, qualifiées de « super chouettes » par les créateurs, ne sont pour l’instant pas connues. « On va bientôt publier une charte qui énoncera les différents critères sur lesquels on s’appuie pour inclure ou non les enseignes dans le réseau. On ne se restreint pas au niveau du domaine d’activité. On voudrait inclure le plus d’enseignes possibles » poursuit l’étudiante. Une carte sera disponible sur l’application pour se rendre dans les enseignes partenaires de la ville.
Sur l’application, les utilisateurs pourront rechercher leurs proches, comme sur un réseau social. Les Seeds pourront être transférés à travers les comptes. « Il y aura également une page d’accueil, sur laquelle il y aura des news, des petites astuces, des coups de pouces, des offres publiés chaque jour. » présente Séréna.
Une alternative « éthique, écologique et locale »
« On a voulu trouver un moyen de rassembler le plus de personnes possibles autour d’un objectif commun, qui est celui de consommer et d’agir quotidiennement de manière plus durable », explique Séréna, « Le ciment entre tout ça est l’argent. Malheureusement, il domine le monde. C’est pour ça qu’on a eu l’idée de fabriquer une monnaie qui ai plus de sens et qui puisse lier les gens de manière plus raisonnée. » Les Seeds ne relèvent pas de la cryptomonnaie, car pour les deux étudiants, c’est une technologie trop polluante.
Dans sa démarche, l’application inclut aussi les associations, « le fait de s’investir dans des associations pourra être récompensé par des Seeds » développe Séréna. « Notre objectif à moyen terme est de fédérer une communauté qui a envie d’agir pour la planète. On voudrait avoir de plus en plus d’utilisateurs pour que notre projet ait réellement un impact ». L’objectif est de favoriser l’économie et les initiatives locales. Sur le long terme, Sedna pourrait s’étendre dans différentes villes de France.
Une monnaie complémentaire, complémentaire au Sol Violette
La volonté des monnaies complémentaires est d’assurer un certain équilibre économique. Le Sol-Violette est une monnaie locale et citoyenne développée à Toulouse à partir de 2011. Comme le Sol Violette, les objectifs du Seed sont de privilégier les alternatives responsables au mode de consommation traditionnel et de faire marcher l’économie locale. « On a pas la prétention de dire qu’on est les premier à faire ça. On a juste voulu moderniser ce qui existait déjà en dématérialisant la monnaie » précise Séréna.
Le plus de ce projet ? L’application, disponible sur smartphone. Pour autant, les créateurs de l’applications ne se positionnent pas comme concurrents au Sol Violette. « On a travaillé avec eux pour rendre les monnaies vraiment complémentaires et faire en sorte qu’elles soient utilisées simultanément par des publics similaires, ou non. » éclaircit Séréna.