Une morgue à la Daurade ? La Gestapo à Toulouse ? Des obélisques égyptiennes dans le centre-ville ? Toulouse n’a pas révélé tous ses secrets. Découverte de huit monuments insolites de la Ville rose
Si la capitale occitane est surtout connue pour son Capitole, ses bords de Garonne et ses briquettes qui lui ont valu son célèbre surnom, Toulouse reste pleine de mystères. Entre lieux empreints d’un sombre passé et anecdotes architecturales, visite guidée de huit lieux chargés d’histoire.
Le cadran de 24 heures
À quelques pas du Capitole, dans la commerçante rue d’Alsace-Lorraine, se cache une curiosité insolite peu connue des toulousains eux même. Le plus souvent pressés, peu de passants lèvent les yeux pour admirer l’architecture typique du 19ème siècle de la rue. Au milieu de l’artère, perchée tout en haut d’un bâtiment de style haussmanien, une horloge indique l’heure. Rien d’anormal jusque-ici à un détail près : son cadran. Ce dernier n’affiche pas 12 heures comme d’ordinaire, mais 24 heures. En une journée donc, l’aiguille ne repasse pas deux fois par le même nombre.
Adresse : 59 rue d’Alsace-Lorraine
L’ancienne morgue de la Daurade
En bordure de Garonne, le quai de la Daurade est un lieu habituellement prisé des toulousains. Même si en pleine crise sanitaire le passage a fortement diminué, les quais et les berges de la Daurade restent un lieu de promenade, de rendez-vous, de repos, de musiques… pour les touristes et les toulousains.
Inauguré en 1777, le quai de la Daurade n’a pas toujours été un lieu de loisir. Il a même connu une funeste utilisation. Une morgue se trouvait aujourd’hui à la place de la buvette en contre-bas. Les noyés de la Garonne y étaient déposés, avant que la famille ne vienne identifier leurs corps.
Adresse : quai de la Daurade
Un château d’eau devenu galerie d’art
De l’autre côté de la Garonne, une fois passé le Pont Neuf, une tour circulaire d’une trentaine de mètres se dresse devant les passants. Le château d’eau a autrefois permis d’alimenter toute la ville en eau potable grâce à un ingénieux système de canalisations reliées aux fontaines publiques de la rive droite.
Abandonné au début du 20ème siècle, c’est aujourd’hui devenu un lieu de passage incontournable pour tout amoureux de patrimoine ou de photographie. Depuis les années 70, plus de 400 artistes se sont succédés dans sa tour, reconvertie en galerie d’art.
Adresse : 1 place Laganne
Le castelet de la prison Saint-Michel
Retour de l’autre côté de la Garonne avec un passage par la prison Saint-Michel. Avec ses allures extérieures de château fort, l’édifice a été conçu en 1855 par l’architecte Jacques-Jean Esquié sous le règne de Napoléon III. D’abord utilisée comme hôpital, la « maison d’arrêt, de justice et de correction pour hommes » accueille ses premiers détenus en 1872.
En mars 1923, deux soldats sont décapités devant la porte de la prison. Il s’agit de la dernière exécution publique toulousaine. Parmi les célèbres occupants de la prison, l’écrivain André Malraux y séjourna en attendant la libération de la ville pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il parvient à s’échapper de la veille de son transfert en Allemagne. Aujourd’hui, le bâtiment n’accueille plus de prisonniers et devrait être rénové dans les années futures.
Adresse : Grande Rue Saint-Michel
Le petit château de l’horreur
La visite dans le Toulouse insolite se poursuit au cœur du quartier du Busca. À quelques pas du Jardin des plantes et du Grand Rond, une superbe demeure aujourd’hui propriété privée tente de faire oublier son passé sanglant. À l’angle de la rue des Martyrs, ironie du sort, et des allées Frédéric Mistral se dresse l’ancien siège de la Gestapo. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, de nombreuses personnes y furent torturées et tuées.
Chaque jour, des centaines d’automobilistes passent devant l’habitation sans y porter attention. Rares sont ceux qui savent que derrière ces murs, la police secrète de l’Etat nazi a siégé entre mars 1943 et août 1944. Seule une petite plaque commémorative fixée à la clôture rappelle mentionnent les noms de cinq résistants dont les corps sans vies ont été retrouvés dans le jardin lors de la Libération. Après la fin de la guerre, la maison perd son atroce fonction et tente de se racheter une conscience en accueillant des jeunes juifs sans domicile et des orphelins.
Adresse : 1 Rue des Martyrs de la Libération
L’entrée égyptienne du cimetière Terre-Cabade
Après un tour par la prison et la rue des Martyrs de la Libération, gagnez de la hauteur sur la ville en montant sur la seule colline surplombant Toulouse. Sur le flanc du coteau de Jolimont s’étendent les 33 hectares du cimetière Terre-Cabade. Plus que dans tout autre cimetière de la Ville rose, Terre-Cabade compte environ 28 000 tombes et 20 000 caveaux.
La monumentale entrée principale du cimetière détonne avec le reste des édifices. Deux gigantesques obélisques, placées de part et d’autre de l’entrée, accueillent les passants. Les bâtiments adjacents néo-égyptiens s’inspirent de l’époque antique. Inaugurée en 1840, l’entrée du cimetière est inscrite au titre des monuments historiques.
Adresse : 1 Avenue du cimetière
La rue aux 1 000 tags
Si on qualifie souvent Toulouse de Ville rose, la rue Gramat est elle de toutes les couleurs. Au cœur du quartier Arnaud-Bernard, il n’y a presque plus de place sur les murs de cette petite rue pour laisser s’exprimer son âme d’artiste. Ici la brique n’est presque plus visible, recouverte de tags et graffitis en tout genre sur tout son long.
Nombre d’artistes toulousains ont débuté dans cette rue, devenue au fil du temps un lieu emblématique de graff. Certains se sont exportés aux Etats-Unis, d’autres ont continué à recouvrir les murs des habitations. Un passage coloré incontournable pour tout amateur de street-art.
Toulouse et ses noms de rues
Comme partout ailleurs, Toulouse à le droit à ses noms de rues insolites. Touche humoristique voulue ou non, le passage par ces lieux en fera sourire plus d’un. Si vous vous baladez dans le quartier des Trois Cocus, vous passerez sans doute par le chemin de Lanusse. Au détour d’une rue de ce même quartier, la place de la Baïse s’offrira à vous. Envie d’en voir plus ? il n’y a qu’à continuer jusqu’au chemin de la Levrette, puis terminer par les rues de la Verge d’Or et de la Boule…