Depuis plusieurs jours les Instituts d’études politiques (IEP) font face à une déferlante de témoignages traitants de harcèlements sexuels ou même de viols commis par des étudiants. Depuis mardi le hashtag #sciencesporcs se retrouve dans les tendances sur les réseaux sociaux.
Relayé dans un premier temps sur les réseaux sociaux, ce n’est pas la première fois que Sciences Po se retrouve au milieu d’accusations. Plusieurs étudiants dénoncent les agissements d’autres étudiants. À Science Po Toulouse, Juliette a 20 ans et elle a publié une lettre ouverte sur un groupe regroupant presque 20 000 étudiants de tous les IEP. Une lettre qui va donner suite à la création du hashtag #sciencesporcs. Sur les réseaux sociaux ce hashtag, a été massivement partagé et une multitude de témoignages sont parvenus jusqu’à Anna Toumazoff, créatrice du compte « Memespourcoolkidsfeministes ». Des étudiants de chaque IEP sont donc accusés, ainsi que les pratiques courantes d’événements qui ont lieu au sein de ces établissements et qui ont participé à construire un environnement banalisant le harcèlement. Le Critérium où encore l’intégration, des événements incontournables qui donnent lieu chaque année à des incidents, et qui vont même bien plus loin. Malgré la présence de nombreuses associations luttant pour les droits des femmes ou la discrimination, la création de pages sur les réseaux relayant les témoignages comme PayetonIEP, créé pour rendre visibles les différents propos sexistes ou bien racistes, etc… Certains élèves connus pour être anti-sexiste, sont aujourd’hui accusés de harcèlement, et même de viols sur des jeunes étudiantes. « Si tout le monde à Sciences Po connaît les problèmes qui existent depuis très longtemps, personne n’a réellement rien fait et encore moins l’administration », explique Manon*.
On reproche le silence de la part de l’administratif
Si ce hashtag a été lancé pour dénoncer les agressions sexuelles dans les écoles Sciences Po, il a été créé aussi pour dénoncer l’inaction des établissements. La culture du viol est assez présente aujourd’hui et les IEP n’y font pas exception. Rare sont ceux et celles qui osent dénoncer certains agissements en retour peu d’écoutes et peu de sanctions.
Depuis le lancement du hashtag beaucoup d’établissements ont fait le choix soit de se taire, soit d’effacer des commentaires sur les réseaux sociaux. Une action qui n’a pas manqué d’énerver les étudiants, « Si ça, c’est ne pas protéger les violeurs ? En plus de les diplômés, on les couvre et il faudrait quoi les féliciter bientôt ? Sciences Po pour beaucoup, c’est le rêve d’une vie, mais au final, ça se transforme en cauchemar », s’agace Léo*.
Depuis le début de cette affaire, le directeur de Sciences Po Toulouse a décidé de recevoir Juliette. Il l’a écouté et crue. Suite à cet échange, il a décidé d’annuler pour le moment, l’intégration, les bureaux et se dit prêt à annuler la participation de Toulouse au prochain Crit. Une première étape dans la rupture du silence. Hier, une enquête préliminaire a été ouverte et deux ministres ont convoqué les directeurs de Sciences Po. « On décide enfin d’ouvrir les yeux, mais c’est plus que ça. On a besoin d’être protégé par l’établissement, on doit se sentir en sécurité. Là où nous allons faire nos études, apprendre, n’est pas le lieu où nous devons finir brisées, car on a décidé de ne pas tâcher la réputation élitiste d’une école », explique une étudiante de 4e année de Sciences Po Toulouse.
L’ombre des “Gorets” plane sur Toulouse
Il y a un an, à Sciences Po Toulouse, l’association de rugby appelé « les Gorets » a été dissoute grâce au rapport du MAS (mouvement d’étudiants anti-sexiste). “Nous publions aujourd’hui un rapport sur les Gorets, association où le sexisme est roi, autant à l’encontre des Gorettes dans le fonctionnement de l’association, qu’à l’encontre de toutes les femmes, puisque leur socialisation de groupe délétère les pousse à l’acte. Nous dénonçons également l’omerta qui pose une chape de plomb sur la parole des victimes. Nous dénonçons l’inaction et la complicité de la direction de l’IEP, qui connaît certains dossiers et garde le silence. Nous dénonçons les comportements oppressifs des Gorets et l’impunité dont ils jouissent. Le temps est venu de lever l’impunité. Le MAS sait qui vous êtes. Le MAS a choisi son camp. ABOLITION DES GORETS. Le MAS. ». Déjà sur ce dossier des faits, on été rapporté et exposé à la face de tous, voyons les prochains jours comment l’affaire va avancer. Ce qui est sur c’est que les étudiants ne lâcheront rien.
*Par soucis d’anonymat les prénoms ont été changé