Poursuite de la défense ce matin. Hier avaient été présentées l’accusation et les premières plaidoiries. Pour rappel, les 17 prévenus sont accusés de mendicité forcée et de traite d’êtres humains envers 33 victimes. Ils encourent jusqu’à 10 ans de prison.
Les véhicules et officiers de police gardent l’entrée de la salle Jean Mermoz. A l’intérieur, 17 prévenus comparaissent depuis le 1er février. Une fois encore, ils prennent place dans les box de part et d’autre de la pièce, distanciés d’au moins un mètre les uns des autres.
Au retentissement de la sonnette, l’audience est ouverte. Trois avocates plaident tour à tour pour les prévenus n’ayant pas encore été défendus. En général elles admettent des ambivalences dans le dossier, « les rôles dans cette affaire ne sont pas si déterminés » déclare l’une d’elles.
Après elle, Me Emmanuelle Franck ajoute qu’il ne faut pas faire de caricature de la misère : « tout est ambivalent ». « Ça va être très simple pour cette famille », elle ajoute, « On ne retrouve rien chez eux. Aucun élément objectif dans ce dossier indiquait que la famille retenait les cartes d’identité et les passeports énoncés par l’enquêteur. » Selon elle, les infractions se discutent.
Elle ajoute pour conclusion : « Je ne comprends pas les peines élevées qui sont demandées. Je vous demanderais de prendre en compte la situation des prévenus. Donnez leur ce qu’ils n’ont jusqu’alors jamais connu, de la justice ».
Être relâchés pour ne plus revenir
Après deux heures de plaidoirie, la parole est maintenant donnée aux prévenus. Ils peuvent intervenir, exprimer une question ou un propos concernant l’affaire. Ils sont nombreux à lever la main pour prendre la parole.
Un prévenu se lève, sa traductrice se rapproche de lui et traduit ses propos : « quelle est la base sur laquelle, Madame la procureur, vous avez demandé ma peine ? Mon nom ne figure sur aucune plainte, mon nom n’a été cité nulle part. La justice, elle est injuste en France« .
Un autre estime qu’il n’est pas « cette personne que vous croyez. Ces mendiants qui ont été questionnés, une violence à été exercée sur eux. Je vous jure que je n’ai jamais vu cette violence. Je vous demande de prendre une décision juste que qu’on puisse rentrer en Bulgarie avec mes enfants, et na pas revenir« .
En général, les prévenus demandent à être épargnés de la prison pour partir avec leur famille.
À l’origine, 18 personnes devaient comparaître dans ce procès. L’un d’entre elles est actuellement hospitalisée. Le rapport d’expertise déclare une absence de réponse aux ordre simples et un déficit neurologique moteur. L’IRM cérébral montre aussi une hémorragie interne. Sa comparution est donc repoussée au vendredi 5 mars 2021 à 08h30.
Fin de matinée, les juges vont délibérer. L’audience reprendra vers 15 heures.