Ce matin s’ouvrait le procès dit « de la mendicité forcée ». Dix-huit prévenus seront jugés jusqu’au 10 février prochain pour trafic d’êtres humains.
C’est un procès hors norme, à tout point de vue, qui s’est ouvert ce matin à Toulouse. Aux alentours de 8h30, 18 prévenus ont pénétré dans la salle Jean Mermoz près du Stadium. Ils leur sont reprochés d’avoir, entre 2015 et 2018, exploité des immigrés bulgares en les forçant à mendier.
Un procès qui normalement aurait dû se tenir le 18 janvier dernier. Mais à cette date, 5 des 18 prévenus avaient été testés positifs à la Covid-19, un autre avait fait un malaise. Aujourd’hui, une seule était absente dans son box, pour raison médicale. Son procès est disjoint et le tribunal évaluera son état le 9 février prochain pour un éventuel procès à cette date.
Un mode opératoire rôdé
A la lecture du dossier d’instruction, le président du tribunal décrit un modus operandi parfaitement rôdé. Les chefs de réseau partaient pour la Bulgarie recruter des mendiants. Ils leur promettaient de partager des revenus conséquents pour les convaincre de venir en France. Mais une fois arrivés à Toulouse, leurs papiers étaient confisqués et les sommes promises ne leur étaient jamais redistribuées.
Parqués dans le « camp de Gabardie », au nord de Toulouse, ils étaient alors envoyés chaque jours aux intersections ou aux feux rouges alentour. Contrôlés avec un téléphone portable par les chefs de réseaux, ils étaient violentés le soir s’ils ramenaient moins de trente euros de leur quête quotidienne. L’enquête a révélé qu’un « climat de terreur » régnait sur le camp où 32 migrants vivaient dans des conditions insalubres. Le président du tribunal montre, sur les écrans installés dans la salle, des photos prises lors du démantèlement du camp. Entre deux caravanes, dont toutes n’avaient pas l’électricité, certains étaient forcés de dormir à même le sol avec une bâche en guise de toit.
« Je ne comprends pas pourquoi je suis en prison »
Pendant cette première journée d’audience, le tribunal a procédé à l’enquête de personnalité de chacun des prévenus. À cette occasion, un des prévenus, un chef de réseau présumé, explique « ne pas comprendre pourquoi », il est actuellement incarcéré en détention provisoire. La majorité des prévenus ne reconnaissent pas les faits. Mais l’un des 18 affirme « avoir plein de choses à raconter », avant d’ajouter qu’il ne donnerait ses informations qu’au « fur et à mesure de l’audience ».
Demain, le procès reprend avec le témoignage Arnaud Durant, le directeur de l’enquête qui a permis de remonter jusqu’aux prévenus. Le verdict dans cette affaire est attendu le 10 février prochain.