À un an des élections présidentielles de 2022, flash-back sur l’histoire d’amour et de haine entre le FN et les Occitans. Alors que l’ombre de l’extrême droite plane sur la France et fait gronder un vent de rébellion, qu’en est-il pour l’irréductible Occitanie ? Après deux décennies de vote, état des lieux du paysage politique de la Région avec les data des élections présidentielles dans les départements d’Occitanie de 2002 à 2017.
2002, le grand boom de l’extrême droite
L’élection présidentielle de 2002 est restée l’une des plus spectaculaires de l’histoire de la politique française. Elle marque l’arrivée du quinquennat, qui se substitue au septennat, mais aussi la fulgurante montée du Front National et de l’extrême droite.
En Occitanie, trois blocs se dessinent : la gauche, avec Lionel Jospin, la droite avec Jacques Chirac, et enfin l’extrême droite avec Jean-Marie Le Pen. La montée du Front National inquiète les Occitans, une région où les extrêmes sont d’ordinaire plutôt minoritaires. L’Occitanie est alors tiraillée entre le rouge et le bleu, avant de s’unir lors du second tour.
À l’issue du premier tour, ce sont Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac qui se retrouvent au second tour. La montée de l’extrême droite au niveau national surprend la France entière, qui choisit de bloquer le Front National en élisant, par la large majorité, Jacques Chirac.
Pour l’Occitanie, pas question de faire passer Jean-Marie Le Pen à la présidence. La région conserve, depuis les années 1980, une tradition politique marquée à gauche associée à une montée du vote d’extrême droite autour du bassin méditerranéen. Mais quand il faut choisir entre la droite et l’extrême droite, les départements de l’Occitanie sont unanimes… et le Front National a un coup de blues.
2007, l’Occitanie tiraillée entre la droite et la gauche
L’élection présidentielle de 2007 est la neuvième élection présidentielle de la Ve République. Jacques Chirac, le Présidant sortant, n’est pas candidat. Le scrutin est marqué par un taux de participation exceptionnellement élevé. En Occitanie, ce sont 80,65% des inscrits qui ont voté au premier tour et 87,31% au second. La raison s’explique par la personnalité des candidats et leur relative nouveauté aux yeux du public. Et les Occitans sont friands de chair fraîche.
La région est déjà bien marquée par les blocs politiques de l’élection précédente : la droite au nord-est et la gauche au sud-ouest. Cette fois-ci, le premier tour est bicolore avec Ségolène Royal pour le PS et Nicolas Sarkozy pour l’UMP. L’extrême droite s’est essoufflée, mais n’est jamais trop loin dans les scrutins.
L’issue du second tour est la même pour l’Occitanie, mais c’est Nicolas Sarkozy qui remporte l’élection.
2012, la gauche prend le dessus
Lors de la dixième élection présidentielle de la Cinquième République, c’est la gauche qui recouvre de son voile rouge la région Occitane, ainsi que la majorité de la France. Cette remontada peut-être expliquée par les primaires 2011 du PS ont été ouvertes aux sympathisants, et non pas seulement aux militants, pour désigner son candidat. C’est ainsi que François Hollande a été élu, par plus d’un million et demi de votants, pour représenter le PS aux présidentielles.
Mais l’année 2012 est marquée par un évènement bien précis pour l’extrême droite : Marine Le Pen succède à son père pour la présidence du Front National. Son profil jeune et nouveau séduit les électeurs et elle arrive en tête du Gard (30), l’un des départements les plus pauvres de France métropolitaine. Sur les autres départements de l’Occitanie, c’est François Hollande et le PS qui domine, tandis que l’extrême droite gagne des places dans les scrutins.
Pour le second tour, pas de surprise. Les départements ayant voté François Hollande pour le premier tour maintiennent leurs votes, et le Gard se rallie à la droite de Sarkozy.
Il s’agit de la deuxième élection la plus serrée de la Cinquième République, derrière celle de 1974, opposant Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand.
2017, l’extrême droite fait son grand retour
À l’instar des élections de 2002, l’extrême droite envahie de bleu marine les couleurs des départements français, et l’Occitanie n’y fait pas exception. Le cadre des élections est inédit : elles se tiennent alors que la France est sous état d’urgence, décrété après les attentats du 13 novembre 2015. Le Front National, avec a sa tête Marine Le Pen, utilise le sentiment d’insécurité des Français pour mener à bien sa campagne.
En Occitanie, les départements séduits par le programme de Marine Le Pen sont ceux bordant le littoral méditerranéen et remontant jusque dans les terres, scindant la région en deux. De l’autre côté, c’est Emmanuel Macron et son jeune parti En Marche ! qui gagne le coeur des Occitans avec sa politique de centre.
Cette Occitanie multicolore est ponctuée du rouge de l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon, en Ariège, et du bleu de la droite de François Fillon, en Lozère. La Région, qui ne tendait que vers des courants politiques modérés, observe la montée fulgurante des mouvements d’extrême, de gauche et de droite.
La carte du second tour des présidentielles de 2017 est identique à celle de 2002, si ce n’est pour les couleurs. Pour la première fois, aucun des candidats des deux partis politiques traditionnels, pourvoyeurs jusque-là de tous les présidents de la Ve République, n’est présent au second tour.
L’Occitanie se baigne dans une mer de jaune, qu’aucun bleu ne peut pénétrer. Encore une fois, la Région fait front à l’extrême droite et élit à la présidence, Emmanuel Macron.
Cependant, la victoire d’Emmanuel Macron est bien moins écrasante que celle de Jacques Chirac, sur le niveau national.
Lors des vingt dernières années, les courants d’extrême ont gagné la région Occitanie. Si l’élection présidentielle de 2017 a été des plus encourageantes pour le Front National (maintenant le Rassemblement National), qu’annoncent les prochaines élections pour le parti de Marine Le Pen ? Les premiers sondages prédisent une course à l’Elysée des plus serrée pour les deux candidats.