Des armes françaises, dont des avions et des satellites fabriqués à Toulouse, sont vendus à l’Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis pour la guerre au Yémen. C’est ce que révèle une enquête publiée par Mediacités, ce mardi.
L’aéronautique occupe naturellement une place importante à Toulouse et dans sa région, l’aviation civile et spatiale étant étroitement liées à l’histoire de la Ville rose. Mais le militaire y tient également une place importante. Dans une enquête publié le 25 janvier, Mediacité s’est intéressé au rôle de la capitale occitane dans le conflit au Yémen.
Des avions et des satellites à usage militaire sont construits, en partie pour certains, à Toulouse, avant d’être livrés à l’Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis. Ces derniers pouvant ainsi les utiliser dans la guerre au Yémen. Pour rappel, même si l’information reste méconnue, la France est le 3ème pays exportateur d’armes au monde, derrière les États-Unis et la Russie, selon le Stockholm International Peace Research Institute. Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, l’industrie d’armement nationale produit des armes à destination de l’armée française, mais également pour l’export.
Pour @Mediacites, je me suis penchée sur la production locale de matériel de guerre, un matériel qui peut se retrouver… jusqu’au #Yémen. Premier volet à #Toulouse de mon enquête « C’est fabriqué près de chez vous… » https://t.co/qkEmIsO0bZ
— Eva Thiébaud (@ThiebaudEva) January 26, 2021
Si vis pacem, para bellum
Ou « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». En novembre 2018, l’Allemagne décidait de placer un embargo sur les ventes et les livraisons d’armes à destination de Ryad, après l’assassinat cruel du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Depuis, les relations entre Angela Merkel et le Prince saoudien Faisal bin Farhan Al Saoud sont gelées. Mais d’autres pays continuent de vendre des armes aux pays en conflit, y compris la France.
Des satellites, assemblés à Toulouse, sont notamment vendus au début des années 2010 aux pays de la péninsule arabique. Des partenariats entre les firmes françaises Airbus et Thales et les Émirats arabes unis permettent d’équiper l’armée de systèmes d’information et de télécommunications, ainsi que leur maintien en activité. Plus récemment, deux nouveaux satellites « espions », fabriqués à Toulouse par Thales Alenia Space et d’Airbus Defense & Space, ont été livrés, rapporte Mediacité. Le premier « Œil de faucon » a été détruit lors de son lancement suite à une défaillance de la fusée, mais le second a bien été mis en orbite fin 2020. Dotés d’une résolution impressionnante, ils peuvent collecter des images et des coordonnées ultra-précises sur une potentielle cible.
Plusieurs avions ravitailleurs Airbus A330 Multi Role Tanker Transport (MRTT), construits à Toulouse et convertis au militaire en Espagne, ont également été livrés. Au nombre de neuf entre 2013 et 2015 pour les Émirats arabes unis et à l’Arabie Saoudite.
La guerre au #Yémen doit prendre fin.
— Médecins du Monde (@MdM_France) January 25, 2021
Le blocus doit prendre fin.
Les ventes d’armes 🇫🇷 doivent prendre fin.
Pour que les civils puissent sortir de la crise #humanitaire et se reconstruire.#WorldSaysNo to War on #Yemen#DayofAction4Yemen #YemenCantWait pic.twitter.com/dGzR0ffJER
Airbus et Thalès complices de crimes de guerre ?
Toujours dans son enquête, Mediacités révèle que ces appareils auraient servi au ravitaillement en vol des chasseurs. De quoi permettre aux avions de combat de bombarder le Yémen. Des attaques qui pour certaines sont considérées comme des crimes de guerre par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont déposé en décembre 2019 une communication auprès de la Cour pénale internationale, lui demandant d’enquêter sur la responsabilité de plusieurs société européennes, dont Dassault, Thales et Airbus.