Tiny House : fini la folie des grandeurs

Le phénomène des micro-maison, importées des Etats-Unis, suscite un intérêt croissant. En France, les adeptes tout comme les fabricants se multiplient. Avec la crise sanitaire et une prise de conscience écologique, certains cherchent à se faire plus petit pour eux, et pour la planète.

Le phénomène des micro-maisons, importées des Etats-Unis, suscite un intérêt croissant. En France, les adeptes tout comme les fabricants se multiplient. Avec la crise sanitaire et une prise de conscience écologique, certains cherchent à se faire plus petit pour eux, et pour la planète. 

Nadège vit dans un 18m2 avec son fils après avoir vendu sa maison. Mais elle n’habite pas en centre-ville de Paris et son logement n’a pas été imposé par une situation financière difficile. Au contraire, c’est un choix mûrement réfléchi et qui la satisfait pleinement.

“J’aime bien l’appeler “La Roulotte” ”, explique la diététicienne d’un rire. C’est ainsi qu’elle décrit sa “micro-maison”, une petite bâtisse en bois installée sur un terrain du Lot. Elle pourrait passer presque inaperçue et c’est sans doute le but. Hasard du calendrier, elle s’installe là avec son jeune fils, Eliott, à l’aube du premier confinement. Depuis le début de la crise sanitaire, la question du “monde d’après” s’est régulièrement invitée dans le débat public. Il mène certains à s’interroger sur leur impact sur l’environnement et les rouages de la société. Réduire la place qu’on prend sur Terre afin de réduire son impact sur celle-ci, un raisonnement qui séduit.

Nadège, Eliott et la “Roulotte”

A travers sa volonté de vivre dans une “tiny house”, Nadège a surtout pensé à son fils, Eliott, encore en maternelle. La vie à la campagne est forcément un avantage selon elle, notamment en période de confinement, “On a pu profiter de dehors et faire des pique-niques”. Malgré la faible superficie, la petite maisonnette offre à chacun leur propre mezzanine. Tout a été optimisé pour tenir dans un petit restraint, « Ça nous permet de faire plus attention à l’un et l’autre”, explique la mère.

“Tu veux répondre aux questions du monsieur ? ”,  propose-t-elle à son fils. Les réponses sont courtes, mais ont l’avantage d’être honnêtes. “Oui”, il aimait l’ancienne maison mais “non”, ça ne le dérange pas d’être dans un plus petit espace. Il y invite même ses copains sans problème. À cette âge, qu’importe le m2 tant qu’on peut s’amuser. “Eliott !” s’exclame alors Nadège derrière son téléphone, “Pardonnez-moi, mon fils joue avec une bougie”, s’excuse-t-elle. Malheureusement pour Eliott, pas évident de faire des bêtises dans la nouvelle maison.

Nadège et son fils Eliott, dans leur tiny house – Crédit « Tiny House l’Angèle » 2020

Mais Nadège ne le nie pas, elle ne pourra pas toujours surveiller son enfant. « Je ne sais pas comment ça sera quand il sera adolescent”, admet-elle. Pas de quoi la décourager pour autant. Elle n’écarte pas la possibilité de retrouver une maison plus grande ou alors de construire une autre tiny house pour Eliott, à côté de la sienne.

“Pour cette raison, c’est vrai que les tiny houses ne sont peut-être pas faites pour des grandes familles.”, observe-t-elle. Elle ajoute néanmoins que tant qu’il y a de l’envie, tout le monde peut trouver une solution adaptée à sa situation.

Micro-maison, grosse différence ?

Elle l’assure, s’adapter à son nouveau logement a été plutôt simple, “Finalement, ça ne change pas grand chose”. Nadège estime avoir fait le bon choix, autant pour elle que pour son fils. Pour le garçon, la plus grosse nouveauté a été d’aller dans une autre école et de retrouver de nouveaux camarades. Mais au jour le jour, les habitudes n’ont pas vraiment changé au sein du foyer. D’un rire, la maman ajoute : “Parfois faire sécher le linge c’est pas forcément évident”. Mais le choix de déménager et de réduire considérablement la taille de son habitation n’est pas toujours évident. Pourtant, ils sont nombreux en France à prendre le chemin du logement minimaliste. Une demande qui a entraîné la création de plusieurs dizaines d’entreprises spécialisées dans ce type d’habitation. C’est le cas de  » Lou Tiny House « , basée en Dordogne. Jérôme Trucat, le gérant, a observé une évolution dans le profil des personnes intéressées, « À l’origine de la tiny house, il y avait cette dimension marginale mais qui n’est plus du tout d’actualité aujourd’hui, c’est vraiment Monsieur, Madame Tout-le-monde.” Ses clients peuvent être des jeunes de 25 ans, comme des couples de retraités, de toutes situations économiques ou professionnelles. “Vous savez, la semaine prochaine, j’ai un rendez-vous avec un médecin qui est intéressé par les tiny houses”, ajoute-t-il. Une observation qui colle avec le profil de Nadège. “En fait, à part la maison, on est plutôt dans le moule”, estime-t-elle amusée. Pour Jérôme, l’intérêt croissant pour les tiny houses dans la population résulte d’une prise de conscience écologique de la société, ainsi qu’une volonté de vivre plus librement. “La tiny house, c’est la matérialisation de la liberté” résume le gérant.

Un mouvement porté par les réseaux sociaux et internet

Interrogée sur l’existence d’une popularité croissante pour la micro-maison, Nadège répond sans hésiter, “Ah oui c’est certain !” Elle a entendu parler de cette manière de vivre pour la première fois à travers les réseaux sociaux ainsi que des documentaires, notamment “Tiny House Nation” proposé sur la plateforme de VOD Netflix. Une découverte qui l’a poussée à se demander, “Pourquoi pas moi ?” Aujourd’hui, en plus d’avoir accompli son projet, elle souhaite partager son expérience à travers sa page Instagram afin, pourquoi pas, d’inspirer à son tour. Son compte, “Tiny House l’Angèle« , sur lequel elle publie régulièrement des photos de son logement et de sa nouvelle vie, cumule 1200 abonnés.

La page Instagram de Nadège

“En ce moment on parle beaucoup des tiny houses, aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les reportages”, constate Jérôme, qui ne souhaite pas qualifier cette popularité « d’effet de mode”. “C’est plus que ça, c’est un véritable mouvement sociétal (…), ça va s’inscrire et durer dans le temps”, prédit le fabricant.

Un pronostic partagé par Nadège, “Carrément que c’est l’avenir !”. Et avec ce changement, c’est peut-être la fin d’un statut social, matérialisé par la grosse voiture et la grosse maison. Les futures familles modernes et épanouies pourraient bien vivre dans leur propre “Roulotte”, comme Nadège et bien d’autres.

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