Annoncée l’année dernière comme une réforme pour soulager les étudiants en médecine, la Licence Santé est loin de faire l’unanimité. À Toulouse, les étudiants de première année font tous le même constat : elle est inadaptée et ils ne s’en sortent pas.
“On nous avait fait des promesses, mais au final, on a vu que la réforme n’était vraiment pas au point”, déclare Marie, excédée. Étudiante en PASS à Toulouse, la jeune femme raconte qu’elle a failli tout arrêter. “C’était après le concours blanc, on a eu un mail de la fac, comme quoi on n’aurait pas les résultats, car ils étaient trop peu représentatifs parce qu’assez catastrophiques. Après ça, on a du mal à trouver la motivation.” Marie est loin d’être la seule dans le même cas, “on est un peu tous dans la même merde”, dit-elle en souriant, “mais au moins, on se soutient”.
Une année concentrée sur un semestre
Le problème qu’ils soulèvent est la charge de travail. Si les matières ont été allégées, elles sont maintenant données sur un seul semestre, au lieu d’une année complète. “C’est un rythme très intensif, explique Marjorie, étudiante en deuxième année, ils sont débordés, ils ont beaucoup de retard et pas une minute à eux”. Comme Abdel, certains ont réussi à garder le rythme 8h – 22h. Mais pour beaucoup d’autres, comme Onitiana, les 10h de travail par jour se sont transformées en 8h, puis en 5h, parce que « psychologiquement », elle ne pouvait pas plus.
Marjorie est elle tutrice et a donc beaucoup de contact avec les premières années. “Ils ont sans cesse de nouvelles matières, ils n’ont pas le temps de s’acclimater.” Selon la jeune fille, la réforme a “condensé” tous les cours, et s’ils sont moins approfondis, il y a ”beaucoup trop de choses à apprendre en même temps”. Les examens ont eux aussi été avancés. Contrairement aux précédentes années, ils ont eu lieu avant les vacances de Noël, ne laissant qu’une semaine de révisions aux élèves. Un délai jugé trop court, surtout pour la “génération qui n’a pas passé le bac” et n’a donc pas l’habitude des examens.
Un flou angoissant
Au-delà du stress généré par les cours, les étudiants ne savent pas vraiment à quoi s’attendre. “On a eu nos examens début décembre et on n’a toujours pas les résultats, explique Marie, on ne sait pas si on travaille assez, si on doit travailler plus, si on pourra prétendre au concours ou même si on pourra redoubler”. Selon elle, c’est « complètement flou et personne ne sait vraiment comment ça va se passer”. Même inquiétude du côté des redoublants de PACES, toujours pas de résultats des examens. Et pour Onitiana, c’est dur de rester à 100 %. “Au début de l’année, je suis arrivée j’étais très motivée, mais plus l’année avançait, plus c’était compliqué. Surtout quand les TD ont été arrêtés.” Si elle a eu la force de rester, elle raconte qu’une de ses amies n’a pas tenu le coup. “Elle mentait à tout son entourage en disant que tout allait bien et à un moment elle a craqué, elle a tout avoué et elle a arrêté.”
Le plus frustrant pour ces futurs professionnels de la santé, c’est de ne pas savoir. Pas encore de résultats d’examens, pas encore d’annonce du nombre de places par spécialités et un concours blanc peu représentatif car issu d’anales des années passées. Ce qu’ils veulent, c’est se faire entendre. Pour Marjorie, “il faudrait écouter les étudiants, plutôt que de se fier aux avis des gens qui ont fait médecine il y a 30, voire 50 ans. On se focalise sur les moyens économiques, au détriment de la santé mentale des étudiants”. C’est un véritable appel à l’aide de ces jeunes toulousains, qui comme Onitiana et Marie, “ont peur parce que leur avenir est en jeu”.