Les salles obscures ont fermé leurs portes depuis le 29 octobre, suite l’annonce du second confinement par le Président de la République, et depuis cette date, leur avenir est flou. Pour les salles de cinéma indépendantes, c’est un énième coup de massue après une première fermeture en mars. Le Cratère, cinéma d’art et d’essai toulousain, déplore la négligence du gouvernement pour les lieux culturels.
Depuis octobre, aucun film n’a pu être projeté sur la toile du Cratère. Les sièges sont vides et la salle de cinéma semble être plongée dans un sommeil profond. Pierre-Alexandre Nicaise est le directeur de ce cinéma indépendant situé au coeur du quartier Saint-Michel à Toulouse. En marchant dans l’allée de fauteuils rouge, il ne peut s’empêcher de pousser un soupir désespéré.
En 2019, le Cratère avait proposé plus de 4 000 séances, mais en 2020 seulement un quart des séances ont pu être maintenues. La perte de bénéfice est colossale, son chiffre d’affaires a chuté de 60%, soit 240 000 d’euros de perdu sur l’année 2020. « On est en perpétuel questionnement, chaque jour on se demande si on va être obligé de mettre la clé sous la porte ». Si une enveloppe de 115 millions d’euros avait été débloquée en octobre dernier pour le spectacle vivant et la culture (dont 30 millions d’euros pour aider secteur cinématographique) les inquiétudes pour 2021 persistent.
Et alors que la période d’octobre à mai est la plus prolifique pour les cinémas, l’annonce d’un second confinement a plongé l’ensemble des salles obscures françaises dans la pénombre.
« Le cinéma à besoin de vivre pour exister »
« Le mot « culture » a disparu du discours du Président lors de l’annonce du second confinement. Ça va faire presque 3 mois. Le dialogue qui existait entre les acteurs du secteur culturel et le gouvernement s’est rompu à ce moment là ». Pierre-Alexandre s’est tout de suite très vite inquiété pour l’avenir de sa salle. Il déplore le fait de ne pas pouvoir proposer de séances de cinéma pour les groupes scolaires, qui constituent une part importante du trafic de la salle. « Les écoles sont ouvertes, alors pourquoi ne pas autoriser les séances scolaires ? Les enfants ont besoin de maintenir ce lien avec la culture et le cinéma. Ils ont besoin de pouvoir assister à des films qu’ils n’auraient pas l’occasion de voir dans un autre contexte, surtout que nous en avons la possibilité en matière de règles sanitaires ».
Pour Pierre-Alexandre, le cinéma est un vecteur de culture qui ne fait pas de différence de classes sociales. C’est un lien direct et privilégié entre les acteurs culturel et le public dont le besoin est nécessaire. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’aime pas la mention « commerce essentiel », car cela amoindrie l’importance de la culture dans notre vie.
En attendant la réouverture des lieux culturels, les équipes du Cratère sont dans les starting-blocks et n’attendent qu’une seule chose : pouvoir faire vivre le cinéma à nouveau.
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