Si Toulouse s’est doté depuis maintenant quelques années du sol-violette, sa monnaie locale, en Ariège, on s’échange les pyrènes. Une idée de l’association Monnaie 09, qui, en 2014 a créé cette monnaie locale. Un moyen de paiement qui peine à trouver sa place.
Pour faciliter les échanges, le pyrène se présente sous forme de billets de 1, 2, 5, 10 et 20, avec un taux de conversion de 1 Py pour 1 euro. Le premier adjoint à la mairie de Tourtrol, Alain Guerrey, a bien précisé que « cette monnaie n’est pas destinée à remplacer l’Euro, mais à en atténuer certains inconvénients. » En effet, ce village ariégeois a, en décembre dernier, adhéré à l’association Monnaie 09, afin de « créer un flux régulier d’injection dans l’économie locale. »
Mais ils ne sont pas les seuls à soutenir le projet. Les pyrènes ont aussi conquis entre autres le PNR (Parc Naturel Régional de l’Ariège) ou encore la NEF, une coopérative financière. Une coopérative qui, justement, récupère les euros échangés et les re-injecte dans des projets qui se rapprochent des valeurs que l’association partage. Mais les premiers utilisateurs de cette monnaie sont les commerçants. Tout comme, Alesio, qui tient une boutique Bio à Mirepoix. « J’ai repris ce magasin, qui utilisait déjà les pyrènes et j’ai gardé le concept. » Pour lui, c’est « tout à fait dans la démarche d’un magasin de proximité et bio. » En plus de ça, son magasin est aussi un comptoir de change. « C’est moi la banque ! » Lance-t-il avec une joie de vivre lisible sur son visage.
Cette monnaie locale est surtout une « monnaie de proximité ». C’est-à-dire qu’elle permet de créer des liens entre les utilisateurs. Mais la mise en place de ce type de monnaie est surtout bénéfique pour la région dans laquelle celle-ci existe. « Quand vous utilisez un euro, il va circuler dans le territoire, puis repartir. Une pièce que vous ne reverrez probablement jamais. » Explique l’association Monnaie 09. A contrario, « tous les investissements, les transactions que vous faites avec le pyrène, vont rester dans le territoire. Donc elle ne sortira pas de cette boucle vertueuse locale. »
Une monnaie encore méconnue
Même si le programme semble positif, la « monnaie des montagnes » a encore du mal à se démocratiser dans le département. Pour se procurer cette monnaie, il faut d’abord adhérer à l’association, en payant un montant libre – mais conscient – puis, se rendre dans un guichet d’échange pour obtenir ses billets. L’argent en main, il ne reste plus qu’à trouver un commerçant adhérant, qui aura un autocollant sur sa vitrine, « Ici, on accepte les pyrènes ». Et c’est là, ou le bât blesse. Le vendeur bio l’avoue lui-même. « J’utilise au maximum cette monnaie, mais le problème c’est que pour le moment je n’ai que deux commerçants qui l’acceptent. » Malgré tout, il reste positif sur l’évolution de cette monnaie.
Ni une, ni deux, billets en main, c’est le moment de les utiliser. Après avoir fait le tour des commerçants du quartier, et bien malheureusement, les billets sont toujours dans le portefeuille. Très peu acceptent ce moyen de paiement. Dans une boutique de bijoux, une femme, dans la quarantaine a déjà été adhérente au programme. « Je ne le fais plus. Pour le moment c’est trop compliqué de les utiliser. J’accumulais les billets sans pouvoir les utiliser. »
Journaliste pour le média indépendant AzinatTV, Eric, confesse. « Ce n’est pas un échec, mais ce n’est pas non plus une réussite. C’est un projet qui pédale. » Quoique le pyrène pique la curiosité des habitants, l’escalade de la « monnaie des montagnes » ne semble pas avoir atteint le sommet.