Pour la troisième fois depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, les intermittents du spectacle de Toulouse se sont réunis au Théâtre de la cité dans le cadre d’une assemblée générale. À l’ordre du jour : un point sur le mouvement de contestation et une réflexion sur les prochaines actions.
Les quelques professionnels qui ont répondu présent à l’appel ne cachaient pas vraiment leur déception, sur le parvis du Théâtre de la cité. « On a quand même l’impression que le mouvement s’essouffle » soupire Guillaume, chanteur au « Hors Sols Cie » à Saint-Cyprien. Dans le hall du théâtre, deux intermittents s’atèlent à disposer les chaises de l’assemblée en cercle. Juste avant le début de la réunion, un retraité dénonce le manque de mobilisation du secteur de la culture dans la mobilisation :
Quand les citoyens ne sont pas personnellement touchés par les actions et réformes du gouvernement, ils ne bougent pas. C’est une réaction presque corporatiste. Il y a deux ans, le mouvement était beaucoup plus suivit, et on sait tous pour quoi.
En 2018, la réforme de l’assurance-chômage a mis sur le pied de guerre une grande partie des professionnels du spectacle. Au centre du duel entre interprofessionnelle et gouvernement : le régime spécial de cotisation des intermittents du spectacle. Ces derniers bénéficient d’un système particulier : « Intermittent c’est un terme juridique un peu flou définit en rapport aux assedic. Les allocations chômage vont être foutues en l’air si la réforme contre les retraites passe ». Retraites, allocations-chômages… Même si ces deux motifs de grève n’ont pas rassemblé à la même échelle dans la rue, les derniers fiefs de bataille des intermittents sont connectés. Car si la réforme des retraites passe, les professionnels du spectacle seront pour la grande majorité d’entre eux « amputés à vie pour leurs retraites » s’apeure Guillaume. Le prochain calcul des pensions prend en effet en compte l’ensemble du parcours professionnel. « Des itinéraires souvent hâchés, on a presque tous des petits contrats temporaires » renchérit le trentenaire.
Visibles dans le cortège des manifestations contre la réforme des retraites depuis décembre 2019, les intermittents se sont ralliés à la cause des grévistes contre la réforme des retraites. Sur le fond, mais pas forcément sur la forme. « Normalement ça fonctionnait plus ou moins ce type de grèves. J’ai l’impression que maintenant on se tourne davantage vers des petites actions de type grévilla ou des petits groupes déconnectés des syndicats classiques se mobilisent pour faire passer des messages, en annulant des spectacles notamment… » retrace Guillaume.
Tables rondes et prochaines journées d’action
Certains intermittents participent fréquemment aux Assemblées Générales Interprofessionnelles Communes, un terme dithyrambique qui représente les rendez-vous ponctuels entre corps de métiers grévistes. D’ordinaire organisées au Mirail, on y débat des modes d’actions prévus et des taux de mobilisation au cours des dernières manif’s. « Pour visibiliser la lutte, on distribue des tracts sur la place publique, pendant les heures de marché » affirme l’un des speakers de l’AG.
Prochain grand rendez-vous le 12 mars, où le Conseil National des Professionnels du Spectacle prévoit une semaine d’action.