Mercredi 5 février, suite à un incendie accidentel, près de 500 personnes ont dû évacuer le squat de l’avenue de Muret à Toulouse. Trois jours plus tard, deux nouveaux lieus ont été investis, dont un à Blagnac. Reportage.
Derrière le parc Odyssud à Blagnac, le quartier des Amandiers connaît depuis quelques jours un regain d’activité plutôt rare. Lundi 10 février, aux alentours de 10 heures, les badauds échangent, en observant les va-et-vient autour du hall d’entrée de l’ancienne maison de retraite du quartier. Depuis samedi 8 février, une soixantaine de personnes en situation irrégulière, évacuées mercredi du squat de l’avenue de Muret, ont transformé cet ancien EHPAD en squat.
À l’intérieur, des squatteurs de nationalités diverses sont accoudés autour de l’ancien guichet d’accueil, transformé en banquet de fortune. Un bénévole fait office de barman en distribuant des croissants et des cafés réchauffés aux nouveaux occupants. Tout autour, des familles circulent au milieu des fils électriques qui pendent au-dessus des salles vétustes. L’ancienne maison de repos donne en premier lieu l’impression d’un édifice abandonné sur le point de s’effondrer.
Dans un communiqué publié dans la matinée, Joseph Carles, maire de Blagnac (centre-gauche) annonçait qu’une réunion se tiendrait le lundi 10 février à la Préfecture pour trouver un nouvel hébergement aux squatteurs. Selon l’édile, le bâtiment (propriété du groupe Enedis) « ne peut en aucun cas accueillir des familles pour des raisons de sécurité ». La destruction de cet ancien EHPAD devait débuter le mardi 11 février. Le coordinateur du squat, un bénévole d’origine guinéenne, déplore une situation déjà complexe à gérer sur place :
Les riverains blagnacais sont partagés sur la question de l’avenir de ces migrants dans leur commune. Sur le groupe Facebook « Blagnac ma ville, j’en parle », un appel aux dons matériels a été lancé samedi soir pour venir en aide aux nouveaux arrivants. L’initiative n’a pas été partagée par tous les habitants, mais certains se sont tout de suite pris au jeu de la charité.
Pour l’heure, la partie sanitaire du squat autogéré n’est toujours pas pourvue de points d’eaux, de toilettes sèches ou de douches. Les ressortissants étrangers, souvent des familles, s’alimentent principalement grâce aux dons bienvenus des voisins et des associations (le DAL 31 et la Croix-Rouge française notamment). Une situation de crise, similaire à celle du squat de la rue Roquelaine, qui se décantera uniquement quand la préfecture et les pouvoirs publics trouveront une solution viable pour ces squatteurs, qui sont pour la plupart d’entre eux des demandeurs d’asile politique.