Est-il possible de vivre Place de la Bourse à Toulouse ?

Le 30 janvier 2020, le collectif « Riverains de la bourse » a annoncé son intention d’attaquer devant le tribunal administratif, l’arrêté d’attribution des terrasses à Toulouse.

Ce n’est pas nouveau. La pollution sonore est un des fléaux qui sévit à Toulouse depuis maintenant de nombreuses années. C’est pour cela, que le collectif « Riverains de la bourse » souhaite contester devant le tribunal administratif, cet arrêté, estimant qu’il ne respecte pas l’accord trouvé lors d’une première concertation en 2018.

Un conflit de longue date

Début 2018, le maire Jean-Luc Moudenc définissait la surface de terrasses autorisées sur la place lors d’une démarche de concertation avec les professionnels et l’association BVTC (Bien Vivre Toulouse Centre), elle sera de 83 m2.

Communiqué à l’attention des riverains pour les rassurer / Crédits Mairie de Toulouse

Néanmoins, le 6 septembre 2019, Jean-Luc Moudenc revient sur ses promesses et décide qu’il ne respectera plus l’accord. Il offre 45% de terrasses supplémentaires afin que la mairie s’assure que ces commerces soient « viables commercialement ». « C’est une explication qui dérange beaucoup de monde », s’indigne Samuel, membre du collectif « Riverains de la bourse ». « Ça nous parait étonnant que des restaurants souffrent énormément d’un peu de mètres carrés en moins sur leur terrasse étant donné que beaucoup fonctionnent très bien sans terrasse avec quasiment 100 places pour chaque restaurant ».

Jean-Luc Moudenc revient sur ses positions / Crédits : Mairie de Toulouse

Dans leur communiqué de presse, les Riverains de la Bourse indiquent que, 4 mois plus tard, l’adjoint au maire responsable de l’aménagement commercial entre autres, Jean-Jacques Bolzan, décide de les recevoir pour discuter du problème. Il explique que “tout va très bien place de la Bourse et que la mairie reste sur sa décision unilatérale et maintien 45% de terrasses supplémentaires accordées de façon abusive. Tout changement serait préjudiciable au business plan des restaurateurs”. Cette décision aurait entraîné une explosion des nuisances sonores sur la Place de la Bourse, néanmoins les avis des riverains divergent.

“Honnêtement le bruit ne me gène pas plus que ça”, confie Antoine, résident au 3e étage d’un immeuble juste en face de l’Alimentation. “Je vis ici depuis 5 ans et le volume sonore ne m’a jamais empêché de dormir. Mon cas ne représente peut-être pas la majorité parce que je rentre assez tard du travail donc je suis fatigué. Mais je ne suis pas le seul à penser ça”. Cet avis, certains le partagent, mais ce n’est pas le cas d’Ophélie, 22 ans qui en a marre de tout “ce vacarme”. “Je suis peut-être jeune, j’aime faire la fête ou me coucher tard, mais je suis avant tout étudiante. En période de partiels je fais tout pour me coucher tôt pour être en forme mais parfois, c’est impossible”. Un problème sérieux, donc, qui concerne absolument toutes les personnes qui vivent ou travaillent sur cette place.

La faute des restaurants ?

Pour tous, les nuisances sonores proviennent d’une seule et unique source : les restaurants présents sur la Place de la Bourse. “Non seulement l’Alimentation générait déjà pas mal de bruit, mais Prima Lova, le nouveau restaurant, qui s’est installé en juin 2019, a empiré les choses”, explique Samuel. Il faut dire que la place de la Bourse s’est métamorphosée ces dernières années, l’Alimentation et Prima Lova jouant un grand rôle dans cette transformation. La place s’est privatisée, lui donnant des airs de “place Saint-Georges”. Pourtant les principaux concernés ne reçoivent que peu de plaintes sur le bruit qu’ils génèrent. “Une fois, nous avons eu une plainte d’un riverain qui habite un étage au dessus de l’Alimentation”, explique Bastien Loupias, gérant du restaurant. “Nous avons, donc, mis en place un limiteur de son pour régler le problème. Il nous a dit que le bruit ne le dérangeait plus. A partir du moment où une personne située un étage au dessus n’entend plus rien, tous les autres n’entendent pas non plus”.

Le restaurant « l’Alimentation », Place de la bourse / Crédits : RL

 Ce point semble se vérifier à travers les riverains qui se plaignent des nuisances sonores provoquées par l’affluence. Chose que les restaurants ne peuvent pas contrôler. Bastien Loupias se dédouane de toute responsabilité en ajoutant que “le restaurant ne prend pas l’intégralité de la place en terme de terrasse”. Cet argument, Jean-Jacques Bolzan le rejoint. Il défend, au contraire, un juste milieu. “Nous sommes en deçà de ce que pourrait autoriser la réglementation dans le cadre du Plan terrasse. Celle-ci permet d’aller jusqu’à 150 m2, contre 119 m2 aujourd’hui ».

Plan du projet « Place de la bourse » / Crédits : Mairie de Toulouse

Pour aller dans le sens des associations, il aurait déclaré mettre en place un sonomètre pour évaluer la sonorité réelle de la place. “Nous avons déjà fait les tests”, indique Samuel. “Le niveau atteint 90 décibels”.

Cette affaire n’est pas prête de trouver une solution qui satisfasse tout le monde. Pour autant, les associations ne comptent pas abandonner. Les “Riverains de la Bourse” ainsi que Bien Vivre Toulouse Centre ont rendez-vous le 10 février prochain avec le maire, Jean-Luc Moudenc pour une ultime discussion. Si rien de concret n’en ressort, ils se tourneront vers les candidats aux prochaines municipales de Toulouse.

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