A Toulouse, ce jeudi 16 janvier marquait l’apogée de trois journées de mobilisation contre la réforme des retraites en une semaine. Toujours impulsés par plusieurs syndicats insatisfaits des propositions du gouvernement, les manifestants ont répondu en nombre à l’appel de la rue.
Ils étaient 80 000 selon la CGT, 7300 selon les comptages transmis par la préfecture de la Haute-Garonne. En comparaison aux mobilisations du 9 janvier et du 5 décembre, moments phares du mouvement, la tendance est à la baisse. Les opposants à la réforme des retraites, maintenue par le gouvernement d’Edouard Philippe malgré l’annonce du retrait de l’âge pivot, n’ont toujours pas déchanté. À l’instar des deux journées de mobilisation précédentes (mardi 14 et mercredi 15 janvier), rendez-vous était donné aux participants à 10 heures, aux abords du métro Saint-Cyprien.
Principaux initiateurs de cette nouvelle journée de manifestation, les syndicats étaient les premiers présents sur place. Dans une grisaille qui présageait un temps pluvieux, l’avenue s’est peu à peu remplie des différents corps de métiers mobilisés contre la réforme des retraites. Cheminots, avocats, traminots, salariés d’Airbus, de Météo France ou encore postiers…
A 10 h 30, l’ambiance battait son comble sur les allées Charles de Fitte. Les voitures ne trouvaient plus de places pour circuler au milieu des manifestants, déjà présents à hauteur de plusieurs milliers de personnes. Quelques minutes plus tard, la tête du cortège s’est formée, les syndicats CGT ont emboîté le pas, laissant quelques dizaines de mètres d’espace entre leurs ballons rouges et les étudiants, féministes, gilets jaunes et différents corps de métiers en présence à l’avant.
Une mobilisation davantage hétéroclite
Dans un cortège haut en couleur, seuls quelques pas séparaient les chasubles rouges, jaunes ou oranges des robes noires des avocats. La colère contre le régime de retraite « universel » n’amasse pas que les cheminots. Pour s’en rendre compte, il suffisait ce matin de compter les badges différents accrochés aux manteaux des manifestants. AirBus, Météo France, Traminots, Cheminots, Poste, UNSA… Toujours symbole de l’hétérogénéité de la marche, la diversité des drapeaux et fanons arborés par la foule rend compte d’un fait évident : la réforme des retraites a marqué un nouveau point de rupture entre une partie des français et le gouvernement.
En grève depuis 10 jours, une trentaine d’avocats du barreau de Toulouse ont pris part à la marche de ce matin. Reçus lundi 13 janvier par le ministère de la Justice, ils ne décolèrent toujours pas : « ils (le gouvernement) prévoient de doubler les cotisations retraites pour les petits cabinets. On nous tue à petit feu », dénonce Agnès, avocate au barreau de Toulouse. Plus haut dans le cortège, des artistes dénoncent un système de retraites « qui se veut universel mais qui en réalité est individualiste » scande Léa, étudiante aux Beaux-Arts à Toulouse.
En amont dans la marche, près de 300 cheminots ont pris part à la mobilisation. Un taux de grévistes en hausse par rapport aux jours précédents à la SNCF : 10,1% selon la direction, dont 30,5 % de conducteurs. On reste cependant loin des chiffres du 5 décembre, où la SNCF accusait un taux de grévistes de 55,1 %. « On nous a beaucoup bassiné sur le régime spécial, pour au final nous faire passer sur un régime où c’est du « chacun pour soit », sans prendre en compte les spécificités des corps de métiers qui composent notre pays », rapporte Philippe, cheminot à Toulouse. Derrière une camionnette aménagée par les syndiqués SNCF, il entonne de vive-voix des chants écrits spécifiquement pour la manifestation.
Manif’ écourtée et sans dérapages
Il est déjà midi quand le cortège investit la place Jeanne d’Arc, un point de repère qui marque généralement la mi-parcours. Contrairement à mardi, où les manifestants s’étaient retrouvés bloqués à Jean Jaurès, le départ légèrement retardé de la marche n’a pas empêché les participants de se rendre à François Verdier, point de chute classique pour les manifestations syndicales. Une fois sur place, certains gilets jaunes ont allègrement tentés de prolonger l’itinéraire vers le Square Boulingrin. Une initiative qui n’a pas été partagé par le cortège syndical. Finalement, la manifestation s’est conclue une nouvelle fois sans dérapages, pour plus tard céder la rue à un nouveau rassemblement des gilets jaunes.
L’intersyndicale CGT-FO-FSU-CFE-CGC-Solidaires et les organisations de jeunesse UNEF-UNL-FIDL-MNL ont d’ores et déjà annoncé de nouvelles mobilisations les 22, 23 et le 24 janvier, date de la présentation du projet de loi en Conseil des ministres et d’une 7e journée d’action nationale.