Selon l’INSEE, il y aurait près de 5,7 millions d’immigrés en France. 8,9% de la population française serait donc des immigrés. Si la plupart obtiennent le droit d’asile ce n’est pas le cas de tout le monde. Ces dernières années, les camps de réfugiés se multiplient dans les métropoles françaises. Sans domicile fixe, nombreux sont les réfugiés qui improvisent des camps constitués d’abris de fortune où ils pourront loger le temps de régulariser leur situation. À Toulouse, l’île du Ramier est occupé par des réfugiés majoritairement albanais depuis plusieurs mois.
C’est aux abords de la Garonne, dans le quartier de l’île du Ramier qu’une centaine d’Albanais résident. Un campement précaire qui s’étend à perte de vue. Un lieu ou la misère règne en maître à quelques minutes à peine du centre-ville toulousain. L’insalubrité saute aux yeux comme une évidence. De simples bouts de bois forment des « maisons » qui ont pour isolation d’irréductibles bâches. À l’intérieur, un minuscule feu de camp fait office de chauffage. Pour les plus chanceux de vieux matelas jonchent le sol. Des sortes de barricades forment les sanitaires à l’odeur intenable. Les points d’eau eux sont quasi-inexistants. Les cuisines sont improvisées à l’extérieur malgré le froid. Des tas d’objets en tout genre s’entassent, les ordures mélangées au décor. Pourtant, les sourires sont inscrits sur les visages de chaque réfugié. « Ici, on est solidaire, comme une grande famille, plutôt heureuse. » affirme Vacine, jeune albanais de 20 ans. Une entraide nécessaire pour lutter contre la pauvreté. Sur le camp, les rires des enfants font écho. Ils courent, rigolent, crient et jouent comme des enfants dans la cour de récréation d’une école. Pourtant l’école, ils en sont bien loin : « Nos enfants ne peuvent pas aller à l’école » avoue incommodé Yuzen, albanais de 40 ans. En situation irrégulière sur le territoire, la peur est toujours présente pour chacun d’entre eux : « La police vient souvent parce qu’ici, il ne faut pas rester » déclare Yuzen.
Izat, 25 ans parle de sa situation
Jeune albanais, Izat a quitté le pays il y a bien des années maintenant. Cela fait 6 mois qu’il est installé sur le campement de l’île du Ramier. « Je n’ai pas de maison, mais ici c’est comme ma maison » affirme t-il. Arrivé seul, sur le campement il a trouvé une vraie famille. Sans emploi, en situation irrégulière sur le territoire français, Izat attend impatiemment la réponse de sa demande d’asile: « J’attends tous les jours, c’est de plus en plus long. ». Ces journées se résument à pas-grand-chose : « Je fume beaucoup ici, on s’ennuie parfois. Je fais à manger, de la soupe. Dans la journée, je vais souvent voir un ami vers le métro Patte d’Oie. ». Lassé de la situation Izat confie qu’il aimerait partir: « Après je pense que je vais partir à Paris, dans le Nord, c’est plus grand et mieux ». Celui-ci nous parle de la capitale comme un véritable eldorado. Izat a quitté l’Albanie très jeune pour venir en France. Dans son pays il raconte qu’il ne pouvait pas rester: « En Albanie, on n’a pas d’argent, c’est pauvre, même pas de quoi manger. ». Des raisons économiques l’ont poussé à quitter le pays certes mais ce sont surtout les violences qui l’ont fait fuir: « Là-bas il y a beaucoup de problèmes, beaucoup de violence, on tape les gens jusqu’à ce qu’ils meurent. ». Eduard adolescent albanais qui se charge de la traduction acquiesce d’un air inquiet, comme si le souvenir était présent. « Si j’étais resté là-bas, j’étais mort » avoue Izat.
Retour en image sur le campement de réfugiés albanais dans le quartier de l’île du Ramier:
Manon Moreau