À Toulouse, les nuisances sonores en viennent à exaspérer les habitants. La ville rose compte des milliers d’avions chaque année qui survolent la ville, six lignes ferroviaires, deux gares, deux lignes de tramway, 35 kilomètres de périphérique, de nombreux bars et boites de nuit proches du centre ville, bref, de quoi faire pas mal de bruit. Après Paris, Marseille et Lyon, Toulouse est en quatrième position des villes les plus bruyantes de France. Mais cette pollution sonore en vient à poser certains problèmes au niveau des habitants.
Les « sources privées » de bruit sont liées au comportement des personnes. Selon la mairie de Toulouse, plusieurs plaintes de riverains ont été déposées suite à des nuisances sonores provenant de bars musicaux, nombreux dans le centre ville de Toulouse. En 2017, les bruits liés aux discussions des terrasses de café, à l’alcoolémie élevée de certaines personnes ou autres incivilités ont entrainé la création de collectifs de riverains. Le collectif « droit au sommeil » est très actif sur sa page Facebook, partageant plusieurs fois par semaine des articles sur les facteurs de nuisances sonores et autres sujets de débat. En réagissant à une publication concernant le festival Culture Bar-Bars qui s’est déroulé en 2018, un des administrateur de la page commente « La mairie et l’État subventionnent indirectement les bars les plus bruyant de Toulouse, déjà moult fois épinglés pour leur non respect assumé de la réglementation en vigueur ! ». Sur Facebook également, le collectif « Association Bien Vivre Toulouse Centre » réagit également souvent aux pollutions sonores.
Les nuisances sonores en provenance du voisinage sont également sources de conflits. Par ailleurs, une réglementation a dû être mis en place afin de limiter ces problèmes. Un arrêté datant de 1996 instaure que le préfet fixe les règles en la matière, pour le département de Haute-Garonne. Par exemple, l’utilisation d’outils ou d’appareils causant une gêne, en raison de leur intensité sonore, possèdent des horaires particuliers d’emploi en semaine et durant le week-end. Idem pour les chiens et les voisins trop bruyants, où des sanctions sont mises en place.
En ce qui concerne les bars, la cohabitation avec certains habitants est parfois bien compliquée. Le Nimp et le Trader’s Pub avaient par ailleurs fait l’objet de plaintes en 2017, et les habitants n’hésitent plus à faire la démarche. Allo Toulouse est un service de la mairie de la ville disponible 24h/24 et 7 jours sur 7 pour résoudre des problèmes d’incivilités ou autres, notamment liés aux nuisances sonores. Les soirées dans les bars se font à l’intérieur et les structures sont, la plupart du temps, très insonorisées. Mais les clients consomment, parfois trop, ce qui entraine une certaine euphorie et un oubli du respect du sommeil des autres. Sans parler d’alcool, fumer une cigarette s’accompagne souvent d’une discussion, qui sous les fenêtres peut être gênante. Par ailleurs, les sorties de soirées peuvent être sujettes à des conflits, encore une fois, sources de pollution sonore.
Voitures, avions, trains, où est passé le calme ?
Autres sources de nuisances : de provenance commerciales ou industrielles. La troisième ligne de métro appelée Toulouse Aerospace Express, qui doit relier Colomiers et Labège via 21 stations, entraine de lourds travaux à effectuer dans toute la ville. Ceux-ci occasionnent une forte pollution sonore, rythmée par les marteaux piqueurs et autres engins, peu agréables pour les riverains.
Toulouse est la ville de l’aviation et de l’aérospatial. L’aéroport comptait plus de 88 000 mouvements commerciaux et 13 000 mouvements non-commerciaux durant l’année 2018. Cette même année, environ 28 avions survolaient Toulouse chaque nuit.
Situé à proximité de Toulouse, les avions – qui décollent et atterrissent – volent à une hauteur de 500 mètres au dessus du quartier de Purpan et entre 700 et 800 mètres au dessus du quartier de la Cépière. En comparaison, les avions volent en moyenne entre 9 000 et 12 000 mètres au dessus du sol.
Le Collectif Francazal est une association intercommunale opposée au maintien d’un aéroport dans une zone fortement urbanisée, dont celui de Blagnac. Il recense les plaintes déposées pour nuisances sonores liées aux survols à répétition ou à basse altitude des aéronefs. Autre association, mêmes convictions : le Collectif contre les Nuisances Aériennes de l’Agglomération Toulousaine. Celui-ci s’oppose à l’augmentation du trafic aérien de l’aéroport Toulouse Blagnac. Il affirme que « plus de 100 000 personnes subissent aujourd’hui les nuisances sonores et atmosphériques des avions dans l’agglomération toulousaine ».
Après l’annonce fin février de l’ouverture d’une base sur l’aéroport de Toulouse-Blagnac pour la compagnie Ryanair, les riverains craignent une augmentation de ces nuisances. Leur seul espoir ; les nouvelles préconisations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) concernant le bruit aérien. Il mentionne que le bruit excessif est l’une des cause de certaines maladies et de troubles, mais également que les effets du bruit sont néfastes au-delà de « 45 décibels le jour et 40 décibels la nuit ».
L’aéroport Toulouse Blagnac a par ailleurs mis en place depuis 2003 « Le Plan de Gêne Sonore » (PGS). Celui-ci cartographie la gêne autour des aéroports afin de définir l’espace géographique dans lequel les locaux peuvent bénéficier d’une aide à l’insonorisation. Il prend en compte le trafic, les trajectoires, le niveau de bruit et l’heure de passage des avions.
« J’habitais dans un village, j’ai déménagé à Toulouse pour mes études. Je ne voulais pas un appartement dans le centre pour éviter les nuisances sonores. Mon quartier est très calme, mais celui-ci se trouve juste à coté de la voie ferrée. Les trains passent tôt et font beaucoup de bruit, en plus de tous les avions qui survolent la ville » nous confie Léa, 19 ans. Le réseau ferroviaire de Toulouse est composé de huit branches disposées en étoile dans toute la ville, et le trafic débute à 6 heures du matin.
Le flux de véhicules est également en constante augmentation. Qui n’a jamais eu le droit au bonheur procuré par les bouchons toulousains ? Les principaux axes de circulation et les voies rapides tel que le périphérique concentrent une grande partie des nuisances sonores. Il était prévu de construire un mur végétal anti-bruit afin de protéger les toulousains des nuisances sonores liées au périphérique, mais le projet est tombé à l’eau.
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