On entend peu leurs voix lors des mouvements sociaux. Une trentaine d’animateurs de plusieurs CLAE à Toulouse ont répondu à l’appel à la grève générale des syndicats nationaux. Excédés par des conditions de travail toujours plus difficiles, la plupart d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. En se réunissant dans le quartier Saint-Michel ce matin, l’heure était à la concertation pour tenter d’améliorer leur quotidien. Ils ont ensuite manifesté avec les Gilets jaunes à 14 heures.
Rouage essentiel des centres de loisirs associés à l’école (CLAE), des colonies de vacances ou des centres sociaux, les animateurs tirent la sonnette d’alarme.
Ils demandent aujourd’hui 30 heures minimum de travail dès qu’un animateur professionnel signe un CDI, des statuts CDD pour les petits contrats, et des revalorisations salariales pour tous. Autre pierre d’achoppement, les coupures entre les plages horaires de travail, qu’ils souhaitent plus longues.
Contrats précaires et manque de reconnaissance professionnelle
En CLAE, nombreux travaillent avec des contrats compris entre 15 et 20 heures par semaine.
« Un contrat de 19 heures par semaine, par exemple, c’est 510 euros nets par mois. Sans compter l’impossibilité de cumuler avec un autre job, nos journées étant découpées en plages horaires, midi et soir essentiellement. On ne peut pas trouver autre chose, à part un boulot tôt le matin, ou tard le soir. »
Dimitri, animateur syndiqué
Une situation qui conduit la plupart des animateurs à vivre en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 1026 euros par mois en 2018. Nombre d’entre eux sont aujourd’hui rémunérés en forfait journée depuis l’instauration du CEE (contrat d’engagement éducatif), entre 10 et 40 euros par jour.
Les professionnels de l’animation pointent également du doigt le manque de revalorisation salariale dès qu’un animateur possède un diplôme professionnalisant. Pire encore, beaucoup d’animateurs ne sont pas financés pour accéder à ces formations professionnelles.
Fédérer pour mieux régner
Avec la trentaine d’animateurs ayant répondu à l’appel à la grève ce matin, plusieurs CLAE toulousains étaient représentés : CLAE Canlandreta, Dupont, Jean-Jaurès, la Pujade, Ricardie II et Monge. Un moyen d’échanger, de se rassembler pour évoquer les conditions de travail dans chaque structure.
« Il y a une pertinence pour nous de profiter des mouvements sociaux du moment, on sent qu’il y a un bouillonnement. On veut juste mieux vivre, être payé au SMIC horaire quand on fait des colos, des centres de loisirs. On est en train de fédérer quelque chose en se rassemblant entre CLAE, en partageant les infos de part et d’autre. On va voir où cela nous mène. »
Jérémy, animateur
A l’instar de la dynamique du grand débat national, qui se tient dans tout le pays, les animateurs toulousains ont lancé leur cahier de doléances. Il comprend plusieurs thématiques : temps de travail, salaires, formation, CEE (contrat d’engagement éducatif) … Chacun peut y noter ses envies, son vécu personnel et son contact pour former un flux d’information régulier entre chaque CLAE.
Le mouvement pourrait à terme soumettre ses idées à l’Éducation Nationale et aux fédérations d’éducation populaire. A 14 heures, plusieurs animateurs ont rejoint les rangs de la manifestation des Gilets jaunes toulousains, pour poursuivre leur lutte.