2019 : rassurez-vous, le sexisme va bien !

Le 24 janvier 2019 est la 2e journée nationale contre le sexisme. Pour ceux qui en doutent : le sexisme se porte plutôt bien en France, en 2019. Et c’est Christian Estrosi qui nous en a donné la preuve, pas plus tard qu’hier. Mais au juste, le sexisme, qu’est-ce que c’est exactement ? Décryptage.

Aujourd’hui, pour ceux qui l’ignorent, c’est la 2e journée nationale contre le sexisme. Rendons à César ce qui est à César : on doit cette initiative au comité « Ensemble contre le sexisme » réunissant à ce jour 34 associations, réseaux et organisations qui se mobilisent notamment contre les agissements, les discriminations et les violences sexistes. Alors, pour faire de cette journée une étape marquante dans l’interminable combat contre l’inégalité des sexes, le collectif organisateur a choisi « Le sexisme tue » comme slogan pour sa campagne nationale de sensibilisation. Trois mots, diffusés massivement sur la toile afin de résonner dans tout l’Hexagone.

2019 : l’année du respect des femmes ?

Alors que les mouvements #MeToo et #Balancetonporc ont marqué 2018, l’année 2019 sonne-t-elle le début de l’ère du respect envers les femmes ? Surement pas, ou du moins voilà un chantier qui commence bien mal. Les excès du réveillon semblent à peine être consommés, que déjà certaines résolutions féministes prennent le large et s’échouent sur les rives de l’oubli.

Le dernier exemple en date s’est déroulé hier. Pour rappel, Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé il y a quelques jours qu’elle participerait à l’émission de Cyril Hanouna « Balance ton poste », en tant que co-animatrice, dans le cadre du Grand débat national. Une décision loin de faire l’unanimité et qui lui a valu une nuée de commentaires négatifs de la part de ses détracteurs.

Mais dans le lot, c’est celle de Christian Estrosi, qui remporte la palme de la pire réaction, et surtout de la plus sexiste. Hier matin, le maire de Nice a lâché au micro de Sud radio : « Si le Journal du hard existait encore, peut-être que Schiappa irait ! » 

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux a rapidement réagi, dénonçant « un sexisme avéré et manifeste ». Pendant ce temps, pour détendre l’atmosphère le journal du hard s’est amusé à inviter les deux protagonistes en tweetant «  (…) c’est que de l’amour et du plaisir. Vous venez quand vous voulez Christian Estrosi et Marlène Schiappa ». Finalement, après son dérapage, Christian Estrosi s’est excusé sur les réseaux sociaux et est revenu sur ses propos.

Ce bad-buzz politique n’est pas un cas isolé. Il existe des tonnes d’autres exemples, parmi les plus récents on peut citer Martin Solveig pendant la remise du Ballon d’Or féminin (décembre 2018), Laurent Ruquier et sa réflexion sur la nouvelle Miss France (janvier 2019), les gilets jaunes qui ont menacé de viol une journaliste toulousaine, ou encore le tweet insultant du député Joaquim Son-Forget (décembre 2018), désormais connu pour sa communication aussi loufoque que provocante…

La politique, la télévision : deux mondes connexes et tristement bercés par le machisme et la misogynie de certains. Deux mondes dans lesquels les principaux acteurs sont écoutés, même imités parfois. Cette situation met à mal l’image des femmes et entrave leur action, et c’est – en partie – ce que Ségolène Royal dénonce dans son livre « Ce que je peux enfin vous dire » paru en octobre dernier.

« Sexisme », « machisme », « misogynie » : y a-t-il vraiment une différence ?

Pourquoi ce jour du 24 janvier 2019 est-il le jour de la lutte contre le « sexisme » et non pas contre « la misogynie » ou n’importe quel autre terme ? Pour ceux qui souhaitent perfectionner leur vocabulaire en la matière, voici un cours de rattrapage …

La langue française est une source quasi-inépuisable de richesses et de subtilités, à tel point qu’une large palette d’expressions permettent d’illustrer, d’une manière ou d’une autre, l’inégalité des sexes. On entend parfois parler de « masculinisme » et de « patriarcat », mais le plus souvent ce sont les mots « sexisme », « machisme » et « misogynie » qui reviennent ; à plus forte raison depuis que l’affaire Weinstein a mis un coup de pied dans la fourmilière des violences contre les femmes. Ces trois termes n’ont pas la même signification, mais quelle est réellement la différence ? Piqûre de rappel…

  • D’abord, le « machisme ». Selon la définition du Larousse : « Le machisme est une idéologie fondée sur l’idée que l’homme domine socialement la femme et que, à ce titre, il a droit à des privilèges. ». Le « macho » est donc celui qui se pense supérieur, aussi bien à sa compagne ou à sa mère qu’à n’importe quelle inconnue croisée au hasard d’une rue. De ce fait, il se croit permis de faire et dire ce que bon lui semble, sans attendre l’approbation ou l’autorisation de la gente féminine concernée (ce qui donne lieu à des scènes de violence conjugale, d’agression sexuelle, de harcèlement de rue etc.).
  • La « misogynie » quant à elle signifie littéralement « la haine des femmes ». Le misogyne méprise voire déteste une ou plusieurs femmes simplement parce que : ce sont des femmes ! Au-delà même de cet assentiment, l’intéressé éprouve mais surtout témoigne de son mépris.
  • Enfin, attaquons-nous au terme mis à l’honneur aujourd’hui : le « sexisme ». La construction et l’étymologie de ce mot ne sont pas sans rappeler le « racisme », et ce n’est pas un hasard. Le sexisme est aujourd’hui aux femmes ce que le racisme est aux groupes humains. En d’autres termes, selon le Larousse, le sexisme est « une attitude de discrimination fondée sur le sexe » qui se traduit par des comportements qui rabaissent, humilient, discriminent ou excluent les femmes.

Le sexisme : une notion très large donc, qui malheureusement s’illustre encore quotidiennement, partout dans le monde. Et si, avec cette journée nationale contre le sexisme en gage de bonne foi, certains pensaient déjà pouvoir lever bien haut l’étendard de l’égalité et de l’amour des femmes en France, c’est raté ! La preuve en est que l’année 2019 ne fait que commencer, pourtant, comme nous venons de le voir, elle nous a déjà offert son lot de sexisme.

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