Marche pour la vie : « féministe et contre l’avortement »

Ce week-end, les Gilets jaunes ont partagé les rues avec les opposants à l’avortement. Quelque milliers de personnes étaient réunies dimanche dans les rues de la capitale pour « La Marche pour la vie », prônant la fin de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et l’euthanasie. Parmi eux, Pierre Arlet, professeur de français à la retraite « attaché à la défense de la vie ».

Dans les rues de Paris ce dimanche, on pouvait apercevoir les pancartes « Vivre est un droit », « IVG : dire la vérité, c’est dissuader ». Les opposants à l’avortement s’étaient donnés rendez-vous pour la 13e Marche pour la vie. Pierre Arlet était lui aussi dans le cortège. « Cette marche est avant tout pour la défense de la vie et non contre l’avortement » explique-t-il. Pour autant, son avis sur la question reste bien tranché. « L’avortement doit être le dernier recours, il reste un drame qui doit être une solution extrême. »

 » Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issues. Mais comment le tolérer sans qu’il ne perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme — je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour le contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. « 

Simone Veil lors de son discours devant les députés en 1974

« Revenir aux fondements de la Loi Veil »

La Loi Veil autorise et légalise l’avortement depuis 1975 : elle permet donc d’interrompre une grossesse de moins de 12 semaines, mais, pour Pierre, comme beaucoup des participants de La Marche pour la vie : « aujourd’hui, on est arrivé à des avortements totalement libérés. Un avortement n’est pas un acte banal, pas une opération de l’appendicite ou l’extraction d’une dent de sagesse c’est une vie qui s’en va, c’est un traumatisme. Je suis contre sa banalisation. »

Selon l’Ined (Institut National d’études démographiques), chaque année environ 220 000 avortements sont pratiqués en France. Pierre se dit interrogé par des chiffres qui ne diminuent pas et ce, « contrairement à tous les autres pays d’Europe ».

« Si j’étais législateur, je proposerai qu’on en revienne aux fondements de la Loi Veil et qu’on supprime tous les dérapages et les excès qu’on ne supprime pas la clause de conscience chez les médecins et le délai de réflexion. » 
La clause de conscience, bon nombre des manifestants de « La Marche pour la vie » souhaitent son maintien. Celle-ci permet à un médecin de refuser un acte médical car il estime que celui-ci est contre à ses convictions. Effective depuis 1975, la clause de conscience est aujourd’hui remise en cause, notamment par Laurence Rossignol, sénatrice et ancienne ministre, qui en souhaite la suppression.

« Je suis féministe, je suis marié j’ai une épouse et des enfants et je suis attaché aux droits des femmes » 

Pierre le sait, il n’est « personne » pour se permettre de juger une femme qui a recours à l’avortement. Marié et père de cinq enfants, il dit « comprendre la détresse » de celles qui sont « plus victimes que coupables ». « Je suis féministe. L’opposition à l’avortement n’est pas indissociable de mon soutien aux droits des femmes« . Enfin, l’ancien professeur de français réclame un meilleur accompagnement de la grossesse des femmes enceintes : « comment peut on se dire favorable au droit des femmes lorsqu’on laisse les femmes seule face à cette décision ? »

La Marche pour la vie, organisée ce dimanche n’était pas « confessionnelle », néanmoins, un message d’encouragement a été envoyé du Pape François.

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