Une rue où l’on trouve de tout pour vivre et qui a son propre maire : c’est la configuration de la rue de la Colombette. Découverte d’un des lieux toulousains les plus insolites, à deux pas de la station de métro Jean Jaurès.
Faire un tour du monde, en 500 mètres et en plein centre-ville de Toulouse, c’est possible. Située à moins de 200 mètres de la station de métro Jean Jaurès, la rue de la Colombette génère une atmosphère très particulière. Cette rue à sens unique fait voyager dans une bonne dizaine de pays. « Ici, la cuisine du monde est bien représentée », déclare Chloé, propriétaire et gérante de la boutique de thé, Saveurs et Harmonie. En effet, des restaurants et des épiceries de tous horizons peuplent les trottoirs de cette drôle de rue : Inde, Népal, Tibet, Japon, Bulgarie, Italie… La liste est encore longue. Aux alentours de midi, ce sont les kebabs qui réchauffent la rue. Avec leurs comptoirs ouverts sur la rue, l’odeur et la chaleur des broches de viande imprègnent l’étroite allée parfois envahie par les livreurs d’Uber Eats et de Deliveroo. Au cœur de cet endroit étonnant, ces restaurants de junk food sont collés aux galeries d’art.
« A la Colombette, tous les corps de métiers sont représentés »
Chloé est installée au 24 rue de la Colombette. « L’activité fonctionne toute l’année ici », explique-t-elle. Cela fait 20 ans qu’elle occupe son local et ne semble pas prête d’y partir. « Il y a pleins d’endroits où les gens peuvent se poser. Certains restaurants proposent des brunchs le week-end. Il y a des bars, des épiceries. Ici, tous les corps de métiers sont représentés ». En effet, dans la rue on trouve de tout : boucherie, boulangerie, opticien, pharmacie, appart’hôtel et même un cabinet de psychologue. « Il n’y a pas de poissonnier fixe. Mais il vient le dimanche, à l’occasion du marché », précise la gérante. Une véritable petite commune dans la ville rose. « La différence avec les autres rues, c’est que la majorité des commerçants sont indépendants. Hormis la banque et les deux agences immobilières, nous sommes quasiment tous propriétaires de nos boutiques », indique Chloé.
Dans la rue, le commerce s’organise autour de l’amicale des commerçants. Chloé l’a dirigé, mais n’a pas souhaité briguer un nouveau mandat cette année. « Cela prend énormément de temps. Cela devenait compliqué de gérer ma boutique ». Aujourd’hui, c’est Nicolas, le caviste des Domaines Qui Montent, qui dirige l’amicale. « En tant que président, j’aide à l’organisation et la facilitation du commerce dans la rue », résume rapidement le jeune homme, inquiet par un problème de livraison. Il est fier de travailler ici depuis 5 ans. « Cette rue, elle est différente : authentique et artisanale. Elle n’est pas sur les grandes marques ».
Pour se rendre compte de la diversité des commerces, voici quelques images vidéos de la rue de la Colombette.
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Une rue festive
Au cœur de la rue, les cris des élèves des écoles du boulevard Michelet résonnent. A proximité, des écoliers donc mais aussi des étudiants. L’ISJT, une des trois écoles de journalisme haut-garonnaises est implantée à la Colombette. Un emplacement qui leur permet sûrement d’aller boire des verres au Café Populaire après leurs heures de cours. Plus communément appelé « Café Pop », le lieu est une véritable institution, depuis son ouverture en 1998. L’endroit est original. Peu éclairé, on pourrait penser qu’il s’agit d’un bar glauque. Or, une fois la porte franchie, la musique jazzy et les dessins sur les murs rendent l’ensemble très sympathique. « Le soir, on accueille essentiellement un public jeune. La journée, ce sont des habitués et des commerçants de la rue. C’est un point de rendez-vous pour eux », témoigne Sophie, la barmaid du café en journée.
L’endroit qui porte très bien son nom est réputé pour ses tarifs attractifs. « Le lundi soir, c’est le moment le plus chargé. A partir de 19 h 30, nous faisons une offre : 13 verres pour 13 euros », détaille-t-elle. Un concept qui fonctionne et oblige parfois à mettre de côté la modération. Les soirées arrosées ont, par le passé, irritées certains habitants à proximité. « Il y a déjà eu des plaintes. Mais globalement, les gens savent ce qu’il y a ici, avant de s’installer », explique la jeune femme.
La seule rue toulousaine ayant son propre maire
Mais, hormis sa diversité et son abondance de commerces, la Colombette se démarque des autres rues toulousaines grâce à un statut particulier. Après la Libération et depuis le 23 février 1947, la rue est considérée comme une commune libre.
En effet, à Toulouse, c’est la seule rue qui a son propre maire. Depuis 2008, c’est Serge Terrazzoni qui assure le rôle d’édile. « Il est souffrant et ne peut plus continuer. Il faut savoir qu’ici, lorsqu’un maire est élu, il le reste à vie », précise Chloé de la boutique Saveurs et Harmonie. Comme toute commune, il faut un représentant de l’ordre. C’est pour cela qu’un garde champêtre est nommé. « Depuis le décès du dernier à ce poste, le nouveau garde champêtre n’a pas encore été élu », explique Chloé. Des fonctions honorifiques sans véritable importance qui font la célébrité de l’endroit. A rue particulière, statut particulier.
Une carte pour retrouver la rue de la Colombette :
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