Cet immeuble, comme c’est le cas de plusieurs à Empalot, est en déconstruction. Crédit : C. Garot
« Mirail, Reynerie, Bellefontaine, Empalot ». Qui n’a jamais entendu l’un de ces noms lorsqu’on vous cite les quartiers « mal famés » de Toulouse? Pourtant, tout n’est pas aussi simple, et chacun se diffèrent. C’est par exemple le cas d’Empalot. Situé entre le boulevard des Récollets au nord et la rocade au sud , le quartier d’Empalot est le quartier en renouvellement urbain le plus proche du centre ville. Touché par l’explosion de l’usine AZF en 2001, il affiche plusieurs visages. Dans la vidéo ci-dessous, on aperçoit par exemple des bâtiments neufs, à côté desquels un immeuble en pleine déconstruction pour cause de désamiantage.
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A l’une des entrées du quartier, la Place commerciale d’Empalot. Entourée de barres et de tours, elle est au cœur de la vie du quartier du même nom. Quelques commerces donnent sur une petite esplanade : des arbres, des bancs, une sculpture. Des habitants viennent y passer un moment. Les plus âgés s’y rendent dès le matin. Seul, en couple, ou pour retrouver des amis, cette place est le théâtre de nombreuses conversations. Parmi les sujets des échanges, la vie de quartier, la santé des uns, etc… mais aussi, parfois, l’évocation d’un souvenir, d’un mauvais souvenir pour les plus anciens : l’explosion de l’usine AZF.
La vie après AZF
Si ce qui avait été détruit à été reconstruit, le souvenir est bien présent dans les mémoires. « J’étais chez moi, quand on a ressenti une énorme secousse. Les vitres de chez moi ont explosé », raconte Mohammed, encore ému. « 2001 a été une année particulièrement triste. Une dizaine d’habitants ont décidé de partir, alors que ça faisait presque vingt ans qu’on était tous voisins » confie un autre habitant. D’autres ont choisi de partir pour revenir quelques années plus tard. C’est le cas de Yamina, 68 ans. « J’ai attendu huit ans avant de revenir. Mon appartement avait été saccagé par la catastrophe, et je n’étais pas prête à continuer de vivre ici. Mais je suis très heureuse d’être revenue, il y a plein de changements positifs ».
Le foyer 3° âge accueille des personnes âgées. Crédit : C.Garot
Des changements positifs soulignés par tout le monde. C’est par exemple le cas de Jasmine, résidente du foyer 3°âge. « Il y a beaucoup de solidarité entre les habitants, ça il y en a toujours eu, mais aujourd’hui on a une telle force qu’on parvient depuis quelques années à monter des projets avec la mairie pour améliorer la vie de quartier. Les jeunes se bougent aussi beaucoup », confie-t-elle, fière. Des jeunes, il y en a des centaines, comme Aziz. A proximité du métro, il aperçoit deux personnes âgées qui font la manche. Il s’approche, les salue et leur donne quelques pièces. « Sans la solidarité on est rien », prône-t-il.
La famille d’Aziz vit ici depuis que ses grands-parents sont arrivés en France. Crédit : C. Garot
Aziz, qui refuse de montrer sa tête sur les photos, parce que « les médias c’est pas très bien vu par tout le monde ici », habite à Empalot depuis sa naissance. « Oui des violences, il y en a, des trucs pas très net avec de la drogue aussi, mais faut arrêter de croire que c’est que ça. On n’est pas à Marseille ici ».
Des visages pour redonner de l’humanité aux tours de béton
Des visages surplombent le quartier. Crédit : C.Garot
« Parfois quand on se sent un peu oublié avec ma femme, on regarde ces visages, et on se sent un peu plus humain et vivant au milieu de ces grands bâtiments », confie la larme à l’œil, Kamel, papa de trois enfants et actuellement au chômage. « C’est comme si on prenait de la hauteur », ajoute sa femme, également sans emploi. Ces visages, c’est un peu la marque de fabrique du quartier, mais ce n’est pas la seule. Car si, en plus d’être isolé, ce quartier proche du Mirail comprend plus de 80 % de logement sociaux, il se démarque aussi et surtout pour sa vie associative très active. Derrière cette mauvaise réputation se cache en effet des habitants intéressés et impliqués dans la vie du quartier. « Ils sont très demandeurs, notamment sur des questions qui concernent l’urbanisme », confie une employé de mairie. Alors qu’il y a peine dix ans, le quartier était décrit comme « invivable », il comprend aujourd’hui de nombreuses associations, une médiathèque, et une maison de quartier. Des initiatives ont aussi été mises en place par la mairie, à la demande des habitants. Ainsi on retrouve des composteurs ou encore des « boîtes à lire ».
Plusieurs composteurs peuvent être utilisés par les habitants. Crédit : C. Garot
Les « boîtes à lire » permettent aux habitants qui le souhaite de s’échanger des livres. Crédit : C. Garot
La pauvreté présente est certes bien visible dans le quartier d’Empalot. Mais grâce aux habitants et à la mairie, il tend à afficher un nouveau visage. Au cœur d’un projet de renouvellement urbain initié par les deux parties , il devrait se développer et se moderniser dans les années à venir.