Ces 19 et 20 octobre 2018 à Toulouse a eu lieu la première édition du festival Tomorrow’s Stories, festival des nouveaux formats narratifs organisé par Les Storygraphes. Dans leur programme, des films aux formats atypiques et parmi eux, La Barricade, fiction documentée.
La Barricade est une série fictionnelle réalisée par Bruno Masi à partir d’images d’archives de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel). Crée à l’occasion des 50 ans de Mai 68, la série est constituée de 20 épisodes de 3 minutes chacun qui retracent heure par heure les 24 et 25 mai 68, moments les plus violents de l’évènement. Cette fiction documentée est formée à partir d’images d’archives sur lesquelles est superposé un récit audio croisé de deux voix, celle de Katia, étudiante allemande et Tarik, immigré algérien. Ces deux personnages fictionnels sont inspirés de réelles personnes. Le fil conducteur de la série est la mort d’un ouvrier de 26 ans nommé Philippe Mathérion lors de ces manifestations qui sera cachée par la police pendant 30 ans. Ce qui fait l’originalité de cette série documentaire, hormis l’association d’images d’archives et de personnages de fiction réside dans son mode de diffusion inhabituel.
« Une autre façon de raconter les choses » Laurent Duret, co-producteur
La série a été diffusée pour la première fois sur Twitter en mai 2018. Amandine Collinet et Laurent Duret, les deux co-producteurs de la docu-fiction nous expliquent le choix de ce format de diffusion peu conventionnel. Ils ont choisi Twitter d’une part pour la praticité du réseau, très bien adapté au projet de diffusion de la série qui était prévue heure par heure, et d’autre part afin de pouvoir multiplier les canaux de diffusion via leurs partenaires et ainsi cumuler le nombre de vues. L’INA, Libération, Nova, le Forum des images, THe Sunny Side of the Doc, CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée), Toute l’Histoire et d’autres encore ont donc permis une diffusion à plus grande échelle de la série documentaire. De plus, l’idée d’introduire cette série très cinématographique basée sur des images d’archives dans un milieu de diffusion où la priorité est à la vitesse de montage, de réalisation et de publication était en quelque sorte pour eux un pied de nez à cette frénésie pour la vitesse et aux formes de narration classiques des réseaux sociaux.
« On est partis à contre-pied de ce à quoi les gens sont habitués » Amandine Collinet
Pour Laurent Duret, créer de la fiction sur de l’archive est une première; ce qui fait de La Barricade une série novatrice tant sur le fond avec ses images d’archives que sur la forme que l’on peut qualifier de « rétro-live tweet ».
Un festival à l’allure futuriste
Ce tout nouveau festival toulousain est l’initiative de l’association Les Storygraphes, collectif principalement constitué de professionnels de l’audiovisuel engagés dans les nouveaux médias. A travers leurs nombreuses actions ils promeuvent les nouvelles formes de narration que sont la réalité virtuelle, le cinéma interactif, la réalité augmentée, Snapchat, l’intelligence artificielle, etc… Organisé sur deux jours, l’évènement propose des projections de films sous des formats inédits au cinéma Gaumont Wilson, des conférences sur les nouveaux médias narratifs et des pitches de jeunes auteurs de projets à la librairie Ombres Blanches. Ce festival est l’occasion pour tous de découvrir les nouveaux outils virtuels et des procédés de narration qui seront peut-être le futur de nos modes de narrations actuels.
Coline Dupuy J1