Vous les voyez partout. Ils sont derrière les panneaux de signalisation, sur les lampadaires, les arrêts de bus, les vitrines des magasins… Le stickers prend possession de nos rues depuis des années. Il y a même un festival dédié à cet art : le FIST (Festival International du Stickers de Toulouse) qui entamera sa deuxième édition le 16 mars prochain. Mais le stickers reste un art méconnu aux yeux du grand public ! Pour mieux le comprendre nous avons rencontré NO HASH, un jeune toulousain qui le pratique depuis un an maintenant.
NO HASH, un nom qui ne doit pas vous être familier. Un de ses dessins, en revanche, a plus marqué les esprits : un épis de maïs souriant avec un nez à la Pinocchio. Il est partout dans Toulouse depuis quelques mois. « Ça a commencé avec des potes l’année dernière, on imprimait 700 stickers et, en une soirée, on en collait 700. Du coup, du jour au lendemain, les gens voyaient ce motif apparaitre et ils se demandaient « mais c’est qui ce mec ? » Et là, je ne me suis plus arrêté », explique NO HASH. Sur les toits, le périphérique, les ponts, tous les supports vont bien pour lui. Et il ne s’arrête pas aux maïs, mais élargit à la nourriture en général : popcorn, mandarine, banane, carotte … NO HASH créé des personnages à la manière d’un cartoon. « Je suis influencé par les jeux vidéos que j’adore, les mangas, mais quand j’étais petit, ce sont les logos des sports américains qui m’ont marqués. Du coup j’utilise mes compétences de graphiste pour créer un maximum de dessins différents. »
Qu’est-ce que l’art du stickers ?
Le stickers est une pratique qui tend à se démocratiser depuis une dizaine d’années mais qui reste illégale, au même titre que le graffiti. Mais l’infraction est différente : on appelle la pratique du stickers de « l’affichage sauvage » et le poseur peut recevoir une amende de 7 euros par autocollant posé. « C’est moins dangereux juridiquement que le graffiti », confie No Hash. « Mais on ressent la même adrénaline lorsque l’on monte sur un toit poser des dessins. »
La pratique du stickers se fait de beaucoup de façons. À la main directement, en sérigraphie (on prend un pochoir et on passe de l’encre dessus ce qui « imprime » un motif à la main) ou par ordinateur. No Hash travaille avec l’ordinateur, à l’aide de logiciels de graphisme comme Illustrator. Les étapes de conception d’un stickers sont simples : il créé un motif en croquis qu’il prend en photo, il met cette photo sur son logiciel puis trace par dessus le dessin en faisant ses réglages de colorimétrie, puis il imprime le logo et réalise les découpes à l’aide de différentes machines. Mais imprimer un stickers coûte très cher car on paie l’imprimeur, le technicien et la maintenance.
Là où No Hash a un avantage pour la pratique qu’il affectionne tant, c’est qu’il possède une formation de technicien et également d’imprimeur. « J’ai fait un CAP SED (Enseigne Signalétique et Décors) où j’ai appris à faire du graphisme pour des logos pour des véhicules par exemple. Ensuite j’ai travaillé dans une imprimerie où j’ai tout appris sur le boulot de technicien avant de commencer à faire de l’art. De là, j’ai acheté mes propres machines et je suis devenu totalement autonome dans la conception des motifs puis dans l’impression, je ne dépends de personne. » Cette indépendance est très rare car connaître l’aspect technique de l’impression n’est pas donné à tous.
Ses connaissances lui permettent donc de pouvoir sortir de la pratique du stickers et de créer de nouveaux formats : « Je détourne les compétences industrielles que j’ai et je les mets en application pour mes réalisations artistiques. C’est là que ça devient intéressant. Par exemple, les techniques que l’on a pour poser des motifs sur des véhicules, la signalisation, je les détourne et je les utilise pour mes dessins. Je me considère plus comme un technicien que comme un artiste. » Affiches, cartons, planches de skate… No Hash va au-delà de la pratique du stickers et applique ses dessins sur différents supports.
Graphiste et technicien mais aussi organisateur
No Hash exposera son travail au FIST aux côtés d’une quinzaine d’autres artistes, mais pas seulement. Cette année, il organise le festival créé par El Moot Moot et Boris Sécretin en 2016 qui vise à promouvoir l’art du stickers à travers le monde. Gérer des artistes, les contributions, la communication… « C’est un boulot monstre qui me prend énormément de temps, j’avoue que je préfère me contenter d’exposer », explique-t-il en riant. Des artistes de tous les continents enverront leurs contributions et exposeront à La Mèche (Borderouge) durant un peu moins de deux semaines.