Sorti le 3 janvier dernier dans nos salles obscures, Les Heures sombres (Darkest Hour, en version originale), du Britannique Joe Wright, a déjà rassemblé plus de 510 000 cinéphiles. Un drame aussi sombre que le contexte dans lequel il s’inscrit. Et un voyage dans les troubles psychiques d’un Winston Churchill parfaitement campé.
1940. Le monde est plongé dans la noirceur du règne du tyrannique Adolphe Hitler. La France est au bord de la crise, prête à capituler. De son côté, la Grande-Bretagne lutte du mieux qu’elle peut pour sauver ses soldats. Mais se retrouve pourtant dans l’incapacité d’évacuer son armée de Dunkerque. À cela se rajoute une urgence politique. En mai 1940, le Premier ministre Neville Chamberlain donne sa démission. Le pays doit alors trouver son remplaçant. Homme politique brillant, Winston Churchill est un des piliers du Parlement du Royaume-Uni, mais à 65 ans, il est un candidat improbable au poste de Premier ministre. Il y est cependant nommé le 10 mai 1940.
À ce poste, Churchill ne devra pas simplement affronter l’armée nazie, il devra aussi se confronter au scepticisme du roi George VI et le complot que mène son propre parti contre lui. Les Heures sombres, est un biopic historique qui retrace l’ascension fulgurante du Premier ministre britannique, Winston Churchill. Un personnage sombre et énigmatique qui a su prouver à toute la Grande-Bretagne la force de ses convictions.
La Victoire pour fil rouge
Un film de guerre où les effusions de sang, les combats et les corps empilés sont tout simplement relégués aux oubliettes. Des missiles, des explosions et seulement une image informelle de la mort. Les Heures sombres n’est pas un banal reflet de ce qu’a pu être la Seconde Guerre mondiale. C’est un hommage vibrant au plus décalé des Premier ministre britannique.
Une histoire qui complète à merveille celle de Dunkerque (Dunkirk, en anglais), de Christopher Nolan, et du film de Tom Hooper, Le Discours d’un roi (The King’s Speech). Car l’intrigue politique de ces trois œuvres se déroule au même moment. Dans l’un le soutien d’une nation à son armée, dans l’autre les progrès royaux de George VI et au final une symbiose parfaite entre trois histoires qui s’imbriquent à merveille.
De son « V » injurieux, qu’il voulait pourtant comme signe de victoire, à sa réussite personnelle, Winston Churchill a su convaincre son peuple et bien au-delà. Si le Premier ministre connaît des débuts difficiles quant à sa nouvelle prise de poste, le film a, lui aussi, quelque peu du mal à se lancer. Mais l’action rattrape vite son retard et ne va plus que crescendo jusqu’à une fin en apothéose. Une victoire vibrante initiée par le revirement soudain du Roi, puis par le soutien des citoyens britanniques et enfin, par l’explosion de la Chambre. Les portes de l’histoire se referment sur cette image, un Winston Churchill triomphant qui mènera les Alliés à la victoire finale.
Un Gary Oldman méconnaissable
On connaît l’acteur britannique Gary Oldman sous de nombreux traits. En James Gordon, policier idéaliste de Gotham dans les Batman de Christopher Nolan ; ou en Sirius Black, parrain regretté du célèbre sorcier dans la saga Harry Potter. Mais ici, c’est un Gary Oldman méconnaissable que l’on retrouve dans un rôle pour le moins difficile. Pour autant, l’acteur n’a aucun mal à convaincre le spectateur. Il interprète avec la plus grande justesse un monument historique : Winston Churchill, un personnage complexe qui effraie aussi bien les membres de son parti que le Roi lui-même.
Mais Gary Oldman, lui, n’a pas eu peur de ce grand homme. Il lui apporte toute l’excentricité qui décrit ce Premier ministre enfantin sur qui repose les problèmes du monde entier. L’acteur adopte une démarche pesante, à l’image du poids qui pèse sur les épaules de son personnage. Un cigare au bord des lèvres, un verre de whisky à la main et cette incompréhensible façon de marmonner confèrent au personnage toute la véracité de son existence. « Vous aimeriez qu’on vous arrache une dent, une fois par semaine ? », plaisante-t-il à propos de sa rencontre hebdomadaire avec George VI. Gary Oldman signe une incroyable prestation et sûrement le meilleur rôle de toute sa carrière.
Mais pour parvenir à ce résultat, le Britannique a dû prendre pas moins de 30 kilos pour le rôle. Sa métamorphose a nécessité 4 heures de maquillage pour chaque jour de tournage, comprenant la pose de prothèses, le rasage de la tête et l’application de fond de teint. Le comédien aurait même fumé pour 25 000 euros de cigares sur le tournage ! Des concessions qui n’ont été que bénéfique pour le jeu d’acteur.
2 prix et 12 nominations
Récompensé par le Screen Actors Guild Awards de 2018 dans la catégorie meilleur acteur et élu meilleur acteur dans un drame au Golden Globes 2018, Gary Oldman signe incontestablement une grande performance. Mais avec ses 12 nominations dont 6 aux Oscars, c’est toute l’équipe du film qui est à l’honneur.
À l’instar de Dunkerque avec ses 13 nominations et Le Discours d’un roi avec ses 21 prix et 30 nominations, Les Heures sombres s’inscrira, indubitablement dans l’Histoire.